• Le 22 février 1919, Paul Jean Félix Bonneton et Jeanne Joséphine Breton se marient à Viarmes, la ville natale de Jeanne. Ensuite, ils iront s’installer à St Pierre de Bœuf, le village où Paul exerce le métier de menuisier. Ils auront quatre enfants, dont Georges, futur Pépé de Condrieu.

    Depuis que Guy dépoussière les archives familiales, il découvre des abandons d’enfants, des adultères, des morts violentes… et des mystères : le mariage à Viarmes de nos grand-parents en est un, puisque, en ce début de vingtième siècle, les mariés étaient le plus souvent originaires du même village, parfois d’un village proche, pour les plus aventureux.

    Viarmes-St Pierre de Bœuf, la moitié de la France… Comment Paul et Jeanne se sont-ils connus ? Malheureusement, nous n’avons pas eu la curiosité de nous renseigner à temps.

    Comme il est peu probable que Jeanne soit venue à St Pierre de Bœuf, deux hypothèses sont envisageables :

    1ère hypothèse : Paul a pu connaître Jeanne lorsqu’il était soldat.

    2ème hypothèse : Paul, menuisier, a réalisé les très beaux meubles de la maison familiale. La qualité de ce travail est l’œuvre d’un artisan chevronné, pourquoi pas d’un compagnon menuisier ? Il aurait pu rencontrer Jeanne au cours de son tour de France.

    Après des recherches infructueuses sur internet, je fais appel à Clément, compagnon charpentier. Vivement intéressé par cette demande, il contacte un de ses amis compagnon et historien. La réponse arrive rapidement : notre grand père Paul Jean Félix et son père Jean Antoine étaient compagnons menuisiers du devoir, c'est à dire enfants de maître Jacques.

    Petite parenthèse historique : le compagnonnage remonterait à la construction du temple de Jérusalem, au temps du roi Salomon (Xème siècle av JC). Les légendes compagnonniques font référence à trois fondateurs légendaires: Salomon, Maître Jacques et le père Soubise. Maître Jacques est le maître des tailleurs de pierre, des menuisiers et des maçons. Il aurait été victime d’un assassinat, commandité peut-être par le père Soubise, maitre des charpentiers, jaloux de son autorité. Les compagnons ont acquis de l'ordre des Templiers des connaissances géométriques qui se transmettaient de bouche à oreille, de maître à élève. C’est grâce à ce savoir, que les compagnons ont pu diriger la construction des merveilleuses cathédrales du moyen âge.

    A l’époque de nos grands-parents, les jeunes motivés qui visaient l’excellence dans leur métier pouvaient espérer être compagnons. Ils étaient d’abord apprentis, puis aspirants et enfin compagnons, après la réalisation d’un chef d’œuvre. Cette formation prenait plusieurs années. Elle se faisait lors d’un tour de France où des cours leur étaient donnés dans les villes étape par des compagnons, et où ils travaillaient sur différents chantiers, leur permettant d’apprendre de nombreuses techniques. Voici deux cartes où sont notées les villes étape du tour de France de nos deux compagnons. Inutile de vous préciser que le point de départ est Saint Pierre de Bœuf. 

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Quelques précisions, apportées par  le copain de Clément :

    Le pays Bonneton Jean Antoine est reçu compagnon menuisier à Toulouse à la Sainte Anne (patronne des menuisiers) en 1873 sous le nom de "Jean Le Forézien".

    Le pays Bonneton Paul Jean Félix est reçu compagnon menuisier à Bordeaux à la Toussaint en 1910, sous le nom de "Paul le Forézien".

    (Le « pays » pratique son métier sur le sol en atelier et le « Côterie » pratique son métier en hauteur, sur les échafaudages).

    A partir de ces dates, on peut imaginer que Jean Antoine a débuté son tour de France en 1871, à l’âge de 20 ans, et qu’il l’a terminé vers 1876.

    Paul peut avoir débuté son tour de France en 1909, à l’âge de 20 ans également. Il est à Paris en 1912, et il est possible qu’il rencontre Jeanne au cours d’un bal des compagnons. J’ai trouvé des Breton, nom de jeune fille de Jeanne, dans les compagnons, au XVIIème siècle (mais Breton était un nom assez répandu), alors un oncle ou un grand oncle aurait pu chaperonner la jeune Jeanne. Paul termine son tour de France, et est mobilisé. Il correspond avec Jeanne et, à la fin de la guerre ils se marient. Ce dernier point est sûr, le reste … à vous de voir.

    Le compagnonnage existe toujours. Au cours des siècles écoulés, beaucoup auraient aimé le voir disparaître : la royauté, la révolution, la religion, le patronat… C’est dangereux, un groupe de travailleurs qui ne se contente pas d’exécuter, mais qui pense, qui est organisé, solidaire. Les compagnons ont été les premiers à se mutualiser et à faire grève. Après avoir failli disparaître entre les deux guerres, le compagnonnage a retrouvé un deuxième souffle : des maisons des compagnons remplacent les auberges dans les villes d’accueil… et le compagnonnage s’ouvre aux filles !

    Nous n’avons pas de photos de nos  grand-père et arrière-grand-père paternels, mais le choix de vie qu’ils ont fait nous en apprend beaucoup sur leur personnalité.

    Les recherches vont continuer pour tenter d’en savoir plus sur nos foréziens.

    Les compagnons ont laissé beaucoup de traces derrière eux et de nombreuses archives existent, auxquelles il n’est malheureusement presque toujours pas facile d’accéder car les compagnons avaient et ont toujours le goût du secret, comme les francs-maçons.

    Première piste, pour démentir ce qui est dit juste au-dessus, un fond privé a été déposé aux archives départementales de Vendée par une organisation de compagnons de la Roche sur Yon. Il est donc accessible au public et quelques photographies, entre autres, sont visibles sur le site internet du Conseil général de Vendée. Nous vous proposons d’examiner attentivement les trois ci-dessous, prises à une époque où Paul faisait son tour de France. Reconnaîtrez-vous sur ces photos un compagnon ressemblant à Jojo ? Dans ce cas, c’est peut-être son père que vous regardez. Merci de laisser alors un commentaire sur le blog. Ces photos ont été prises en 1910 et 1911. Paul, né en 1889 avait donc, lorsqu’elles ont été prises, une vingtaine d’années.

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Jojo, le fils de Paul, a travaillé le métal pendant toute sa vie. Mais c’est sans doute par simple opportunité car, après la guerre, la demande de main d’œuvre était sans doute bien plus forte dans ce domaine que dans celui du bois. Mais c’est bien ce matériau qu’il trouvait, à juste titre, infiniment plus noble qui l’attirait. Il est vraisemblable que, si son père avait vécu, Jojo aurait repris le flambeau, ou plutôt le bâton de compagnon menuisier.

    Ne regrettons cependant rien, si les choses s’étaient passées ainsi, il n’aurait peut-être jamais rencontré Fernande et ces lignes n’auraient par conséquent jamais été écrites.


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  • Billet édité suite au commentaire de Céline. Les adjonctions apparaissent en bleu.

    Comme promis, voici le deuxième billet consacré à la maison familiale des Boucher à Gencenas. C’est l’acte par lequel notre grand père et sa future épouse ont acquis cette maison, qui est la principale source d’information. Mais avant de nous occuper de la maison elle-même, intéressons-nous quelques instants au village de Gencenas. Ce lieudit regroupant quelques maisons appartient à la commune de Bessey a mis beaucoup de temps à figer l’orthographe de son nom.

    Lorsque Cassini relève les premières cartes systématiques du royaume durant la deuxième moitié du XVIIIeme siècle le nom donné est Jeanssena (au centre, juste au-dessus de Bessey).

    Gencenas - carte Cassini

    Un peu plus tard, le géographe Granet, vers 1830, lui donne le nom de Jancenay ou Jeancenay car le nom est différent sur la carte d’assemblage et sur le détail de la section !

    La maison familiale de Gencenas (2) le viager

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Sur les registres paroissiaux, le nom varie aussi car les curés communiquaient avec leurs ouailles presque exclusivement par voie orale, les lettrés parmi la population étant particulièrement rares. C’est tout de même l’orthographe actuel qu’on retrouve le plus, y compris sur les premiers actes, vers 1650. La probabilité que se nom provienne d’un patronyme, Jean Cena par exemple, comme pourrait le laisser penser les noms mentionnés sur les premières cartes est donc faible. La vraie origine de ce nom est, au moins pour moi, un mystère. Ce mystère ne doit pas nous empêcher de passer à la suite, c'est-à-dire l’histoire de la maison familiale elle-même.

    L’acte de vente donne bien sûr le nom des vendeurs, le couple Jean Baptiste Boucher et Rosalie Boucher et celui des acheteurs, mes grands-parents maternels, Claudy Boucher et Amélie Catherine Chantelouve, telle qu’elle se nomme devant le notaire, le 16 février 1904, quelques jours avant leur mariage à Bessey le 5 mars. Sur ces quatre personnes, trois se nomment Boucher, mais vous devez commencer à avoir l’habitude de l’omniprésence de ce patronyme dans notre environnement familial si vous avez lu les billets précédents de ce blog. Les recherches ne sont pas très longues pour découvrir que les vendeurs sont apparentés à l’acheteur Claudy Boucher. En effet, Jean Baptiste, le vendeur, est son oncle. Un petit coup d’œil à l’extrait de l’arbre ci-dessous vous donnera sans doute une vision plus claire de la situation. Si vous cliquez sur l'image, elle passe en plein écran.

    La maison familiale de Gencenas (2) le viager

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Donc Jean Baptiste Boucher, le vendeur du bien est le frère de Marie Rose Boucher, la mère de Claudy, l’acheteur. Tous deux sont les enfants de Jeanne Boucher, vous savez, celle qui est née du couple formé par Benoit Boucher et Rose Françoise Crotte cinq ans avant leur mariage dont j’ai promis de vous conter l’histoire prochainement.

    Et comme Claudy Boucher et Catherine Emilie Chantelouve sont eux-mêmes cousins germains, c'est une partie du sujet du billet titré "double implexe au pied du Pilat", ils ont les mêmes oncles et tantes dans cette branche de leur ascendance. Catherine Emilie, ou Amélie, au choix, est donc aussi la nièce de Jean Baptiste Boucher (né en 1836) car celui-ci est le frère de Rosalie Boucher (née en 1849) elle-même mère de ladite Amélie. Chacun des acheteurs a donc avec Jean Baptiste Boucher, le mari dans le couple vendeur, le même lien de parenté.

    Ce couple de vendeur a eu deux filles : Marie Rose, née en 1865 et Marie Joséphine née en 1867. Marie Joséphine ne vivra que deux mois. Marie Rose épousera en 1888 Jean François Paul Boucher de Malleval. Vous ne rêvez pas, Marie Rose, dont les deux parents portent le nom de Boucher ne trouve rien de mieux à faire que d’épouser, elle aussi, un gaillard nommé Boucher ! Au moment de ce mariage, Rosalie, la mère de la mariée a 44 ans et n’a pas eu d’enfant depuis plus de vingt ans.  Jean François Paul épouse donc la seule héritière du couple qui a quelques biens. Ils auront un enfant, Jean Baptiste Hippolyte, un an après leur mariage. Cet enfant est né à Gencenas et, lors de la déclaration en mairie, Jean François Paul se désigne comme propriétaire cultivateur. De toute évidence, son projet avance comme il le souhaite. Y a-t-il eu un problème lors de l’accouchement ? Marie Rose, la maman décède tout juste un mois après la naissance. Le bébé ne lui survivra que quatre mois. Les deux déclarations de décès sont faites par Jean Baptiste Boucher, le père de la mariée défunte et grand père du bébé. Jean François Paul, privé de tout espoir d’héritage puisque son épouse est décédée avant ses beaux-parents est-il retourné à Malleval pour repartir dans la vie ?

    Si le travail restant à faire sur nos ascendants directs n’était pas une tâche quasi insurmontable, il serait intéressant de passer un peu de temps sur ce Jean François Paul Boucher. Était-il apparenté à ses beaux parents ? Qu’est-il devenu ?

    M’avez-vous suivi dans cette historiette consacrée aux vendeurs ou êtes-vous définitivement égarés dans ce labyrinthe de personnages presque tous appelés Boucher ? Cela n’a guère d’importance, retrouvons-nous en 1904, seize ans après la mort de leur fille aînée, les époux Boucher, sans héritiers, vendent donc leurs biens au neveu de jean Baptiste, mon grand-père maternel et à sa future épouse (souvenez-vous, elle est en photo avec ses chèvres dans le premier billet consacré à la maison).

    La vente concerne sans doute la totalité de leur patrimoine qui se compose de la maison avec sa bassecour et son jardin, de onze parcelles de terrains situés sur la commune de Bessey ainsi que d’une douzième parcelle située à Morzelas, à cheval sur les communes de Chavanay et de Malleval.

    Le notaire a précisé le nom des propriétaires des parcelles entourant celles de la vente. Pour la maison, au nord, il se nomme Mousset, à l’ouest (couchant), c’est le chemin vicinal de Malleval, Au sud (midi) et à l’est (levant) il s’agit de Boucher. Comme il ne précise pas les prénoms, cela ne nous sert pas à grand-chose. Nous savons néanmoins que la parcelle sud, sur laquelle est construite la remise appartient à un Boucher. Sans doute Beraud l’achètera plus tard et y construira la remise qui gâche la vue.

    L’acte précise ensuite que deux vaches sont aussi vendues avec du matériel agricole, charrue, herse. Il y a aussi six tonneaux, une cuve et un pressoir. Le foin présent en grange est aussi vendu, avec ce qui reste de la récolte précédente de blé et de pommes de terre. Viennent ensuite les meubles : deux lits garnis, une garde-robe, un poêle –dont je ne me souviens pas- une table ronde, une commode, un pétrin, une horloge, un placard, une batterie de cuisine, douze chaises et le linge de ménage.

    L’acte précise ensuite l’origine de la propriété.

    La maison familiale de Gencenas (2) le viager

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    La maison familiale de Gencenas (2) le viager

     

     

    Voici la transcription de ce texte :

    Les immeubles vendus appartenaient aux époux boucher savoir :

    1° le sol du bâtiment et le jardin pour

    avoir été recueillis dans la succession

    du père de M Boucher suivant acte reçu

    de Me Camier notaire à Chavanay en mil

    huit cent soixante onze et le bâtiment

    pour avoir été construit par eux pendant

    le mariage

    Suit la liste des autres immeubles, des parcelles de terrains situées aux alentours de Gencenas, d’un intérêt moindre pour ce billet, mais sans doute pas pour l’acheteur, puisqu’ils vont lui permettre de gagner sa vie en les exploitant.

    Donc, le vendeur a hérité de son père d’un terrain, en 1871, sur lequel il a construit une maison qu’il se propose de vendre. Je devrais d’ailleurs plutôt utiliser le conditionnel, vous comprendrez pourquoi à la fin de ce billet.

    A la suite de la liste des biens objet de la vente, on apprend que la vente est un viager, les vendeurs se réservant le droit d’occuper la chambre située à droite de la pièce par laquelle on entre dans la maison, appelée cuisine dans l'acte. Il est même prévu de transformer, aux frais des vendeurs, la fenêtre de cette chambre afin de disposer d’un accès indépendant, ce qui ne sera de toute évidence jamais fait, vous pouvez vérifier sur la photo du premier billet consacré à cette demeure, si vous avez un doute. Le reste des conditions de ce viager est ensuite détaillé. Il y a une rente annuelle, le droit d’entreposer leurs provisions de bois, charbon et autres, un espace suffisant à la cave pour y déposer leur vin et leurs pommes de terre.

    Les deux ménages vont donc cohabiter dans la maison jusqu’à la mort des vendeurs.

    Juste après la signature de cette vente, mes grands-parents vont se marier. Notons au passage que le maire, plus attentif, rédigera l’acte avec le vrai prénom de la mariée, Catherine Emilie, et non Amélie Catherine comme elle avait dit se nommer au notaire. Je pense que la valse des prénoms était la danse régionale la plus pratiquée et, s’ils se sont rendu compte de la chose au moment où elle se produisait, nos deux jeunes mariés ne sont pas retournés voir le notaire pour corriger les textes.

    Deux ans plus tard, un premier enfant viendra égayer la vie des deux couples habitant la maison. Pour ne pas rompre avec les bonnes habitudes et continuer à empoisonner la vie des futurs généalogistes, il portera comme premier prénom celui de son père, Claudy.

    La mort séparera le couple vendeur en 1909, et Rosalie restera seule à partager la demeure avec mes grands parents. Nous ne connaissons pas la date du décès de Rosalie Boucher, l’acte n’est pas dans ceux mis en ligne par les archives départementales. Il est donc postérieur à 1909, puisque le dernier acte accessible qui concerne justement le décès du mari de Rosalie précise qu’il était son époux et non veuf.

    Vous vous souvenez peut-être que, plus haut dans ce billet, j’ai promis une explication sur un conditionnel que j’aurais dû utiliser. Voici de quoi il s’agit : l’acte rédigé en 1871 chez Camier, notaire à Chavanay par lequel Jean Baptiste et Rosalie auraient hérité du terrain sur lequel ils auraient construit leur maison fait partie des papiers récupérés que je potasse pendant mes insomnies. Et cet acte raconte une histoire un peu différente. Il contient aussi quelques perles qui nous en apprennent beaucoup sur les mœurs de ce temps.

    N’imaginez pas une seconde que je vais rater une occasion aussi belle de vous infliger un troisième billet sur la demeure familiale de Gencenas.

    Enfin, s’il y a parmi les lecteurs de ce blog des amateurs de charabia notarial, l’acte de vente complet est accessible en suivant le lien.


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  • Je n’avais pas imaginé, en décidant de consacrer un billet à la maison familiale des Boucher à Gencenas, que, portée par le flot des souvenirs, la plume glisserait aussi facilement sur le papier pour finalement écrire un texte assez long. Ne vous laissez pas abuser par cette poétique formule, la réalité n’est qu’une laborieuse frappe au clavier. Il y aura donc finalement deux billets sur cette demeure. Le premier sera une évocation de ce que ce lieu a représenté pour nous, enfants nés juste après la guerre. Les plus jeunes qui n’ont pas ou mal connu Gencenas en apprendront un peu, je l’espère, sur une époque aujourd’hui révolue. Un deuxième billet traitera de la façon dont la maison a été acquise et de son histoire, en tant qu’immeuble.

    Ensemble, projetons-nous vers le milieu des années 50. Je vous propose de nous accompagner Fernande, Jojo, Mireille, Jean Paul et moi, un dimanche des premiers beaux jours pour la promenade dominicale quasi rituelle qui nous emmène de Saint pierre de Bœuf à Gencenas.

    Nous quittons la maison située le long de la nationale 86 dont nous occupons la moitié sud, l’autre étant le logement de Marcel, le frère aîné de Jojo qui y vit avec Germaine sa femme, Michel et Daniel leurs deux enfants, nos compagnons de jeux. C’est bien sûr à pieds que ce voyage se fait, car c’est le seul moyen de locomotion de la famille en ce temps-là. La route descend vers la place où se trouve le restaurant de la bascule que nous n’avons jamais appelé autrement que chez Chalail. On disait alors manger chez Chalail, ce que nous n’avons d’ailleurs jamais fait, presque comme on dirait aujourd’hui manger chez Bocuse. L’enseigne ayant aujourd’hui disparue, nous en exagérions sans doute le prestige. Une fois laissée sur la gauche la route de Malleval, on arrive à la hauteur de l’usine textile de Saint Pierre de Bœuf où, peut-être travaillait plus d’un siècle avant la malheureuse Françoise Bonneton dont vous avez déjà fait la connaissance. C’est à ce niveau qu’un petit chemin sur la gauche grimpe sur la colline. C’est le chemin de Volan, qui monte assez roidement. J’ignore quel âge nous avions les premières fois que nous avons emprunté ce chemin, mais nos parents se sont sans doute relayés pour nous porter. Une fois passé le château de Volan, une grosse ferme, le chemin traverse des prairies où, souvent, nous nous sommes attardés pour ramasser des mousserons. Gencenas n’est plus très loin. Avant même notre arrivée et les embrassades nous avons été accueillis par pataud, le chien jaune de la maison, avec lequel, une bonne partie de la journée, nous allons jouer à lancer bâton ou pierre qu’il nous ramènera obstinément. Notre grand-mère, sa fille et souvent quelques voisines échangent, en patois, les nouvelles.

    Notre petite enfance nous renvoie comme souvenirs exclusivement des événements qui ont stimulé nos sens et, avant d’avoir vérifié sur une carte, j’aurais été bien incapable de donner la distance qui sépare Saint Pierre de Bœuf de Gencenas. Je viens de la faire et ce qui me paraissait être une véritable aventure fait en tout et pour tout quatre kilomètres.

    La maison où vivait notre grand-mère et son fils Nesto est la première du village lorsqu’on arrive par la route de Malleval. Orientée plein sud, elle bénéficierait d’une belle vue sur la campagne environnante si le voisin propriétaire du terrain face à la maison n’y avait pas construit une haute remise dont le mur borgne obstrue complètement le regard.

    La photo ci-dessous, la seule de bonne qualité que nous possédions de la maison de Gencenas, a sans doute été prise au moment de sa vente, après la mort de Nesto. Les herbes folles qui envahissent la terrasse témoignent d’un abandon récent. A part le tube électrique qui court le long du mur, sans doute pour amener l’éclairage dans l’étable, la maison est exactement celle que ma mémoire a conservée. Si vous passez par là un jour, vous la reconnaitrez sans doute, malgré les nombreuses modifications faites par les nouveaux propriétaires.

    La maison familiale de Gencenas (1) : souvenirs, souvenirs

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    La cour devant la maison est en forte déclivité. Nous descendrons plus tard au bas de cette cour, pour le moment marchons sur l’étroite terrasse qui conduit à l’entrée du logement. La maison est de pierre comme presque toutes sur cette rive droite du Rhône, où le Pilat tout proche fournit en abondance les matériaux de construction. On passe d’abord devant la porte de l’étable où vivent les chèvres d’Amélie, notre grand-mère. Il y a ensuite une fenêtre, et la porte d’entrée. On entre dans une assez grande pièce au sol de terre battue. En face, une monumentale cheminée occupe la plus grande partie du mur du fond. Nous avons joué mille fois avec un objet que nous appelions le diable, un long tube de fer, muni à une extrémité d’une petite fourche à deux dents qu’on posait sur les braises pour réanimer le feu en soufflant à l’autre extrémité. Une crémaillère maintient un chaudron de fonte au-dessus du feu. Le mobilier se compose d’une table au centre de la pièce, avec deux bancs. A gauche un buffet est adossé au mur. A droite, tout près de la porte et sous la seule fenêtre de la pièce un évier avec un robinet. Au moment où Claudy Boucher fit installer cet évier, utilisant l’eau captée d’une source, la maison était la seule du village à disposer d’un tel confort. Un escalier conduit au grenier, qui occupe toute la surface du logement et où Nesto fait murir sur la paille les plus belles poires récoltées dans son jardin dont je n’oublierai jamais le goût. Percée dans le mur de gauche une porte mène à une minuscule pièce, toute en longueur où grand-mère prépare les fromages avec le lait de ses chèvres. L’odeur aigre de la présure s’échappant de cette pièce est, elle aussi, imprégnée de façon définitive au plus profond de mon souvenir. Nous mangions ces fromages à tous les stades de la maturation. Frais et juste démoulé de la faisselle, ferme où alors complètement séché, au côté des poires au grenier, avec cet inimitable gout de bougie.

    De part et d’autre de cette pièce deux chambres. A gauche, celle de la grand-mère dont la fenêtre donne sur la terrasse. Une table est placée le long du mur, sous cette fenêtre. A l’autre bout de la pièce un lit de fer est isolé par un rideau de cretonne sombre. L’autre chambre est située à l’est et, par sa fenêtre, Nesto pouvait voir son cher jardin potager. Nous allions moins souvent dans cette pièce que je ne saurais décrire avec précision aujourd’hui. C’est là que se trouvait la commode qu’à la mort de Nesto nous avons récupéré et qui se trouve dans notre chambre à Ris Orangis. La restauration de ce meuble fut longue et difficile car Nesto avait entreposé sur son plateau massif des pots de peinture qui y avaient laissé des ronds tenaces. Pour rien au monde je ne me séparerais de ce meuble.

    Nous avons terminé la visite de la maison elle-même et nous pouvons nous diriger maintenant vers les dépendances et le jardin qui vont aussi nous en apprendre un peu sur la vie de nos grands-parents. Avant de poursuivre cette visite, il n’est peut-être pas inutile de préciser qui occupait la maison à cette époque. La famille, qui fut nombreuses à vivre ici avec ses deux garçons et trois filles ne se compose plus aujourd’hui que de la grand-mère, Catherine Emilie que nous appelons Amélie et de son plus jeune fils, Joannes que nous appelons Nesto. A la mort du Mari d’Amélie, Claudy en 1925, c’est son fils, prénommé Claudy lui aussi, qui a assumé le rôle de chef de famille, malgré ses dix-neuf ans. Il est parti à Vintabrin, près de Chavanay après son mariage. Les trois filles se sont mariées et ont quitté le village. Nesto restera célibataire. J’ignore si c’est par choix ou si un incident que je ne sais malheureusement pas dater lui a donné un tel complexe qu’il n’a pu construire une relation durable. En effet, Nesto qui travaillait épisodiquement comme cantonnier pour le village de Bessey avait perdu un œil lors de travaux avec de la dynamite. Nesto avait un caractère assez provocateur et je me souviens de conversations animées dans la cave, que nous visiterons bientôt, pendant lesquelles il défendait des idées socialos communistes pas vraiment courantes dans le monde rural à cette époque. Sous sa carapace, je suis pourtant absolument certain que Nesto avait un cœur en or. Nous en avons un comme cela par génération. Je vous laisse deviner qui a pris la succession de Nesto parmi les enfants de Fernande. Ce jeu ne sera pas primé car la réponse est bien trop facile.

    La maison familiale de Gencenas (1) : souvenirs, souvenirs

    Les photos de cette époque sont rares et généralement d'assez mauvaise qualité. Néanmoins en voici quelques unes des deux personnes qui vivaient à Gencenas à ce moment.

    A droite, Amélie, accompagnée de ses chèvres, est vêtue  comme toujours d'une robe noire. 

    La maison familiale de Gencenas (1) : souvenirs, souvenirs

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Sur l'autre photo, elle est assise sur le fauteuil offert par ses enfants pour l'anniversaire de ses 80 ans. 

    Les deux suivantes sont de Nesto, à gauche jeune homme et à droite devant la maison.

    La maison familiale de Gencenas (1) : souvenirs, souvenirs

    La maison familiale de Gencenas (1) : souvenirs, souvenirs

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Poursuivons notre visite.Nous sommes ressortis de la maison et longeons le mur, sur la terrasse pour rejoindre la cour. Il n’est pas possible de passer devant l’étable sans évoquer le drame qui s’y déroulait chaque année.

    Notre grand-mère faisait couvrir ses chèvres en espérant ainsi augmenter son cheptel. Et les jeunes chevreaux sont adorables comme presque tous les petits animaux. Et pour nous, déjà éloignés du quotidien de la vie à la campagne, rien n’était plus émouvant que la vue de ses charmants cabris se mouvant maladroitement en cherchant les mamelles de leur mère. Mais, si les petites chèvres trouvaient naturellement leur place dans le petit monde de la ferme en rejoignant quelques mois plus tard le troupeau des productrices de lait, rien de tel n’attendait les malheureux chevreaux car, je pense qu’un seul bouc suffisait largement aux besoins du village. Et c’est comme ça que les adorables petits biquets, se retrouvaient, après un passage au four, sur la table dominicale, entourés de pommes de terre. Au grand dam de nos parents, il n’a jamais été possible de nous en faire avaler une bouchée. Et c’est le cœur serré que nous faisions le chemin du retour vers Saint Pierre de Bœuf, le soir venu.

    Nous avons réussi, douloureusement, à passer le long de la porte de l’étable, en face de nous, de l’autre côté du chemin qui mène à Malleval, se trouve le bassin où le malheureux Joannes s’est noyé à l’âge de deux ans. Ses parents donneront le même prénom au garçon né l’année qui a suivi cet accident. Tournons à gauche et descendons cette cour en forte pente. Sur notre gauche, la porte de la cave voûtée, domaine réservé de Nesto. Nous verrons plus tard que l’acte de vente de la maison mentionne la présence d’un pressoir, mais je ne me rappelle pas l’avoir vu. Seule me revient en mémoire la rangée de tonneaux entre lesquels, les hommes passaient la plus grande partie de l’après midi. Nesto prenait beaucoup de soin de ses vignes et de sa cave, mais malheureusement, les plans hybrides américains, plantés après les ravages du phylloxéra au début du siècle, donnaient un bien médiocre breuvage, on ne peut plus éloigné des Saint Joseph qu’on y produit aujourd’hui.

    Après la cave, une porte mène au jardin, autre passion de Nesto qui avait la main verte et produisait toujours, avant les autres jardiniers du village, des primeurs succulents, et de magnifiques glaïeuls.

    Nous avons terminé la visite du modeste domaine ou Fernande a passé toute son enfance, joyeuse, d’après ce qu’elle nous en disait, malgré vicissitudes de la vie, la mort prématurée de son père, la guerre qui débuta alors qu’elle avait seize ans, lui volant une partie de sa jeunesse, même si cette triste période fut plus facile à vivre dans un petit village comme Gencenas que dans une grande ville, ou même à Saint pierre de Bœuf car, à Gencenas, on vivait presque en autarcie en ces temps-là.

    Rendez-vous, bientôt, pour la deuxième partie de ce billet.

    Je ne conclurais pas ce billet sans remercier Mireille qui m'a relu et m'en a soufflé le titre.


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  • J'ai classé ce billet dans la rubrique génération VI de façon arbitraire car son sujet concerne plusieurs générations. On voit là les limites du système de classement que j'ai choisi pour organiser ce blog. Je ne suis toutefois pas trop inquiet car une bonne partie des lecteurs de ces billets ont en commun avec moi une large partie de patrimoine génétique et ils devraient donc, comme je l'ai fait moi-même, au travail comme en dehors du travail, être capables de se débrouiller avec des documents plus ou moins bien classés, voire pas classés du tout.

    Nous allons mettre en pratique les explications des deux billets précédents consacrés à la numérotation Sosa et aux implexes en les appliquant à l'ascendance de ma maman, Fernande Boucher, ou plutôt Louise suivant l'état civil. Mais d'abord rendons hommage à Nicolas qui, tout en soignant ses poulets, a repéré la chose que je vais vous expliquer en détails.

    Voici donc l'arbre d'ascendance de Louise Fernande Bonneton tel que le représente le logiciel généatique que j'utilise pour traiter toutes ces données. Comme c'est assez dense, n'hésitez pas à cliquer sur l'image pour la voir en plein écran. Les logiciels sont faits par les informaticiens, catégorie professionnelle particulièrement nuisible et paresseuse (comme ça je vais savoir si Eric, mon fils, lit réellement les billets de ce blog). En cas d'implexe, c'est à dire de présence d'une même personne ou d'un couple à différents endroits de l'arbre, plutôt que de les représenter une seule fois en traçant des liens vers leurs différents enfants, ils dupliquent les rubriques contenant les mêmes informations et c'est à l'utilisateur de détecter qu'il s'agit des mêmes personnes.

    Dans l'image ci-dessous, j'ai paramétré généatique pour faire apparaître en gros et en rouge le n° sosa, afin de faciliter un peu la tâche. Généanet, que vous utilisez sur internet pour naviguer dans cet arbre ne fait rien de tout ça et Nicolas n'en a que plus de mérite.

    Examinons cette image (après chaque nom, je note entre parenthèse le n° Sosa). 

     

    Double implexe dans la branche maternelle

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Louise Boucher (3) a deux parents, Claudy Boucher (6) et Catherine Chantelouve (7). Elle a aussi 4 grands grands parents, Jean Baptiste Boucher (12), Marie Rose Boucher (13), Jean Etienne Chantelouve (14) et Rosalie Boucher (15). Jusque là rien que de très normal. Notez tout de même que sur quatre grands parents, il y en a trois qui portent le nom de Boucher. Ça ne prouve pas l'implexe, mais ça commence a y ressembler assez fort.

    C'est au niveau des arrière grands parents que l'implexe nous saute à la figure. En effet Marie Rose Boucher (13) et Rosalie Boucher (15) sont sœurs et enfants du couple Jean Baptiste Boucher (26) et Jeanne Boucher (27). Le logiciel sait bien qu'il s'agit du même couple mais les représente tout de même deux fois. Rien à dire par contre pour les deux autres couples d'arrières grands parents, Blaise Boucher (24) et Marie Pierrette Sabatier (25) d'une part et Pierre Chantelouve (28) et Catherine Danel (29).

    Faisons, à la place du logiciel, le nettoyage en enlevant les doublons, avec leurs propres ascendants et en tirant un trait vertical entre les deux sœurs pour montrer qu'elles le sont. Cela donne ça :

    Double implexe dans la branche maternelle

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    On voit maintenant clairement que Louise Boucher n'a que six arrières grands parents sur les huit possibles, ce qui donne un implexe de 25% pour cette génération. Souvenez-vous, (8-6)/8 en %.

    Examinons maintenant la génération suivante pour découvrir un nouveau mariage entre cousins germains puisque Jean Baptiste Boucher (12) qui à épousé Marie Rose Boucher (13) à pour père Blaise Boucher (24) qui est le frère de Jean Baptiste Boucher (26) père de son épouse. Ces deux pères sont enfants du couple Blaise Boucher (48) et Catherine Eparvier (49). Au passage, notez l’intérêt des n° Sosa qui permettent d'identifier sans aucune ambiguïté chacun des individus. Sans ce système, la fâcheuse habitude qu'avaient nos ascendants de réutiliser à l'infini les mêmes prénoms, s’additionnant à l'omniprésence des certains noms de famille, conduirait à un inextricable écheveau.

    Une nouvelle opération de nettoyage conduit à ce schéma dans lequel j'ai noté, séparés par des virgules, les différents n° Sosa que portent les personnes :

    Double implexe dans la branche maternelle

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    On voit maintenant clairement que Louise Boucher n'avait que 10 arrières arrières grands parents sur les 16 possibles ce qui donne un implexe de 37,5%. (16-10)/16.

    Pour les descendants de Louise Boucher, le calcul de l'implexe se fait en faisant la moyenne avec l'implexe de la branche paternelle, je vous épargne la démonstration, vraiment trop facile. Considérons pour le moment, que l'implexe des Bonneton est de 0%, cela veut dire que Mireille, Jean Paul et Guy, les enfants de Fernande et Jojo, ont un implexe de 18,75%. Si Olivier, Céline, Nicolas, Cécile ou Eric souhaitent connaitre leur propre implexe, il leur faudra faire un petit travail, en l’occurrence déterminer l'implexe de la branche Cararra pour les uns et Choi pour les autres. Pour la branche Carrara, les variations de frontière entre France et Italie pendant la période étudiée semblent compliquer pas mal l'opération. Pour mes propres enfants, je crains que ce soit pire, lors des modestes tentatives faites dans ce sens lors de notre séjour en Corée, je me suis cru dans la peau d'un martien s'adressant à des Vénusiens.

    Dernier point, si vous examinez encore le schéma ci-dessus, vous constaterez que si le nettoyage a fait disparaître une bonne partie des Boucher qui l'encombrait, il en subsiste tout de même un, dissimulé au milieu d'autre patronymes moins courants dans notre généalogie. Ce Benoit Boucher vivait à Chezenas et fera l'objet d'un billet un jour prochain. Il est même possible d'en déterminer le sujet sur la base des seules informations contenues dans ce schéma. Le premier qui donnera la solution en commentaire de ce billet gagnera ma considération et une bière.

     


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  • Les mariages entre apparentés, en plus de donner des enfants pas forcément très réussis, si on remet ça trop souvent, ont aussi pour conséquence de compliquer, parfois assez lourdement, la tâche des généalogistes.

    Prenons un exemple précis de mariages entre cousins germains, donc entre individus dont un des deux parents est frère ou sœur d'un des parents de son conjoint.

    Mariages entre apparentés, implexe

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Je n'ai pas mis de nom dans cet exemple mais seulement les n° Sosa. Si vous ignorez de quoi il s'agit, il est toujours temps de lire le billet que j'ai consacré à ce système de numérotation. On suppose que les individus de la génération du haut ne sont en rien apparentés, dans leur ascendance. Dans cet exemple, deux des grands parents du n° 1 sont frère et sœur. Il n'y a rien de remarquable dans cet exemple pour les trois générations du haut qui ne sont jamais liés qu'à une ascendance classique : 2 parents, 4 grands parents et comme nous avons précisé que le niveau le plus haut n'a pas d'apparentement, chacun des n° 2 et 3 auraient bien 8 arrières grands parents. Il n'en va pas de même pour le n°1 qui, s'il a bien 4 grands parents, n'a que six arrières grands parents. En effet les parents du n° Sosa 5 portent les n° 10 pour le père 11 pour la mère mais aussi les n° 12 et 13 comme parents du n°6.

    La conclusion est que les mariages entre apparentés ont pour conséquence de diminuer le nombre d'ascendants. On appelle taux d'implexe pour une personne donnée et une génération précise le rapport entre le nombre d'ascendants réels et le nombre théorique. La formule exacte est 

    taux d'implexe = nombre d'ascendants théorique - nombre  d'ascendants réel

                                        nombre d'ascendants théorique 

    On l'exprime en %. Dans le cas ci-dessus pour l'individu n°1, l'implexe au niveau des arrières grands parents est de (8-6)/8 soit 2,5 ou 25%.

    Une des particularités de l'implexe est que, pour un individu donné, il ne peut qu'augmenter, ou rester stable lorsqu'on remonte les générations. En effet, dans notre cas, le père du n° 12/13 portera les n°20 et 24, sa mère les n° 21 et 25 de même le père du n° 11/13 portera les n° 22 et 26, sa mère les n° 23 et 27. Et il manquera 4 arrières arrières grands parents à notre n°1, ce qui fera toujours un implexe de 25% (16-4)/16.

    A l'inverse, si le n°1 ne se marie pas avec quelqu'un lié à lui par un ascendant, l'implexe de ses enfants sera de 12,5% car ce ne sont pas deux arrières grands parents qui manqueront à ce nouveau venu, mais deux arrières arrières grands parents, donc 2 sur 16 potentiels.

    J’espère que vous avez survécu à cet exposé car il vous aidera à mieux comprendre certaines situations rencontrées dans notre généalogie.

    Mais rassurez-vous, en matière de mariage consanguins, les familles royales européennes ont mis la barre à un niveau hors de notre portée, surtout maintenant que nous avons pris l'habitude d'aller chercher nos conjoints de plus en plus loin. On cite souvent l'exemple du roi d'Espagne Alphonse XIII qui, en plus d'avoir laissé son nom à une automobile d'une marque chère à notre ami Gilbert, avait la particularité de n'avoir à la onzième génération que 111 ancêtres différents sur les 1024 possibles, ce qui représente un implexe de 89% !

    Je ne résiste pas à la tentation de glisser ici une photo de l'automobile dont il est question plus haut dont vous avez tous compris qu'il s'agit d'une Hispano Suiza, qui plus est conduite, me semble-t-il, par une femme, histoire de me faire pardonner le machisme de mon billet sur Jeanne Marie Silvestre et ses possibles calculs, à propos duquel j'ai reçu une remarque qui m'a beaucoup peiné.

    Mariages entre apparentés, implexe

     


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