-
Dans ce troisième et dernier volet de ce billet au titre énigmatique, nous allons nous intéresser à Nicole Toquiny, fille de Charles Auguste et Nicole Deslogis et petite fille de François et Nicole Douceur. Nicole est la nièce de Marie Magdelaine Toquiny que vous connaissez pour être la représentante de la branche de François Toquiny à la dixième génération du cas que nous avons examiné dans les deux premiers volets de ce billet.
Nicole épouse François Cochinat le 26 novembre 1734
Examinons l’acte dressé à cette occasion.
François Cochinat trompette dans les gardes du roy
fils de défunt françois hiérôme Cochinat vivant ecuyer trompette
des gardes de S.A.R Monseigneur le duc d’Orléans et d’Anne
Jacqueline Hubert demeurant à paris rue jean saint denis
paroisse saint germain l’auxerrois ses père et mère d’une part
et Nicole Toquiny fille de maitre Charles Toquiny procureur
fiscal de la terre et signeurie de Viarmes et Nicole Deslogis
ses père et mère tous de cette paroisse d’autre part. Après les
publications de trois bans fait aux prônes de nos messes
paroissiales par trois jours de dimanches consécutifs dont le
premier a été fait le dimanche troisième novembre et les deux autres
les deux dimanches ensuivant sans qu’il s’y soit trouvé
aucun opposition ni empêchement les fiançailles célébrées le
jour précédent ont été mariés le lendemain vingt sixième jour
du mois de novembre mil sept cent trente sept par moi prêtre
curé soussigné. Après qu’il nous est apparu la copie du
certificat de mort dudit défunt François Hiérôme Cochinat délivré
par monsieur de saint germain commandant les gardes du corps
de S.A.R monseigneur le duc d’Orléans en date du quatre
octobre mil sept cent six portant que ledit Cochinat est mort
en l’hôpital des officiers de Cazal les vingt six septembre
audit an et suivant l’acte de dépôt dudit certificat déposé par ladite
Anne Jacqueline Hubert en main de Durand et Delembert notaires
….
… comme aussi il nous
est apparu l’acte de consentement de ladite Jacqueline Hubert
par lequel elle déclare et consent que ledit François Cochinat
son fils épouse ladite Nicole Toquiny sans que sa présence
soit nécessaire, ledit acte passé par devant les notaires
dessus nommés en date dudit jour treize novembre audit
an mil sept cent trente sept et ont signés ainsi Anne Jacqueline
Hubert ? Hunel et Bontemps et à coté est écrit scellé ledit
jour et an. Ledit François Cochinat assisté de Hiérôme
Cochinat son frère ?? commandant des ordres de saint jean
de latran et de François Vernaud garçon des appartements du roi à vincennes
ladite Nicole Toquiny assistée dudit maître Charles Toquiny
son père et de Charles Toquiny son frère greffier du baillage
de Viarmes et autres parents qui ont signés.
Voici donc l’arrivée, parmi les vignerons et autres laboureurs qui peuplent l’arbre généalogique familial, des premiers musiciens de l’ancien régime qui viennent se joindre à ceux qui lisent ces lignes. Un clin d’œil à mes contemporains dont l’une a joué du même instrument que les Cochinat avec la musique des sapeurs-pompiers de l’Essonne ainsi qu’aux autres, plus portés sur le grattage des cordes.
Mais revenons à notre famille de trompettistes de l’ancien régime, les Cochinat. Avant François dont nous connaissons le mariage à Viarmes, c’est sans doute à Paris, proche de la cour, qu’il faudrait chercher leurs traces. Et ce n’est jamais une très bonne nouvelle pour un généalogiste que d’avoir à passer par la capitale.
En effet, pendant la commune de Paris, en mai 1971, les registres paroissiaux ont été détruits dans les incendies de l’hôtel de ville où se trouvait le premier exemplaire et du palais de justice où se trouvait le second. Ces incendies volontaires ont fait disparaître en quelques heures des siècles d’histoire. C’est le côté sombre de la commune de Paris qui a vu, au moment où les poètes tentaient de construire un nouvel ordre social, des fanatiques effacer toute trace de ce qui les avait précédés, comme d’autre ont cherché à le faire plus récemment à Palmyre.
D’autres sources nous apportent toutefois un certain éclairage sur nos trompettistes et certaines ont été numérisés sous forme de texte, ce qui facilite grandement les recherches, merci à Google. Commençons notre visite.
Cet épais volume liste les personnes affectées à la maison royale avec leur fonction et leurs gages. Il date de 1727, comme l'indique l'inscription en chiffres romains au bas de la page de couverture. Le système de numération romain, tombé dans l'oubli ou presque, se lit de gauche à droite. Chaque lettre à une valeur et on additionne le tout, M vaut 1000, D vaut 500, C vaut 100, X vaut 10, V vaut 5 et I vaut 1. M.DCC.XXVII vaut donc bien 1727. Voici ce qu'on trouve à la page 400 de ce document :
Didier Jerôme Cochinat, le frère de François, qui est cité comme commandeur de l'ordre de Saint Jean de Latran au mariage évoqué au début de ce volet était donc, lui aussi, trompettiste. Nous savons grâce à ce texte et à l'acte de mariage de François Didier Jerôme, qu'il était, comme son père François Hiérome, au service du duc d'Orléans. Peut-être d'ailleurs jouaient-ils de leur instrument devant des personnes différentes puisque le titre de duc d'Orléans a été porté successivement par de nombreux Bourbons, frères cadets du roi en place. Mais le but ici n'est pas de s'occuper de la généalogie de la famille royale, ce que d'autres ont fait bien mieux que je le saurais. Didier Jerôme est donc resté au service de la maison Orléans après le décès du duc et ses gages sont de 100 livres. Ceux des lecteurs qui seraient tentés par l'intégralité des 730 pages que contient le document dont j'ai extrait les pages ci-dessus n'ont qu'à suivre ce lien :l'état de la France tome II
Avançons un peu jusqu'en l'an 1749 avec même document sur l’état de la France
C'est l'occasion de compléter notre cours sur la numération romaine, la première partie est sans mystère, "M" valant mille + "D" valant 500 et deux "C" valant chacun 100 font bien 1700. Ensuite nous avons un "X" valant 10 qui précède un "L" valant 50, cette inversion dans l'ordre des poids signifie que les plus faible doit être retranché du plus fort, ce qui donne 40. Même chose, pour les unités, "I" doit être retranché à "X" ce qui donne 9, le total fait bien 1749. Passons à la page 223 du document.
En 1749, les deux frères Cochinat sont attachés à la maison du roi, Didier Hiérome à donc abandonné le duc d'Orléans pour rejoindre son frère François.
Notez aussi que les gages des trompettistes qui étaient de 100 livres en 1737 sont dorénavant de 180 livres.Que valent ces 180 livres ? il est bien difficile de dire quel pouvoir d’achat elles représentent. Tout au plus peut on dire qu'en 1739 une livre valait 0,31 gramme d'or, à l'heure où j'écris ces lignes un gramme d'or vaut 3,4€. les gages d'un trompettiste représentent donc 180 x 0,31 x 3,4, soit environ 190€.
Projetons nous maintenant en 1773
ce volume datant de 1773 donne la liste des personnes au service du roi pour ce qui concerne les spectacles.
ce sont les pages 41 et 42 de ce document qui nous intéressent.
Ces lignes nous apprennent que Didier Hierome a disparu - au moins de la liste des musiciens attachés à la maison du roi- et que François Cochinat est dorénavant un des quatre Trompettes ordinaires de la chambre du roi et qu'il accompagnait donc celui-ci dans ses déplacements. Peut-être connaîtrons nous un jour quel âge il avait à ce moment. Il faudrait pour cela que nous trouvions soit son acte de naissance, ce qui est peu probable, soit son acte de décès avec mention de son âge, acte qui se trouve peut-être dans les milliers de pages de registres de Viarmes qui restent à dépouiller. Il ne devait pas être tout jeune puisque son mariage avec Nicole Toquiny a été célébré 36 ans avant l'impression du document sur l'état de la musique du roi.
Contrairement aux documents sur l'état de la France, riches des seuls noms qu'il contiennent, celui commence par un passionnant historique des musiciens sous l'ancien régime. Si ce sujet vous intéresse, suivez ce lien : état actuel de la musique du roi .
Voila donc expliquée, grâce aux traces qu'ont laissés nos souffleurs, l'énigme du titre de ce billet. Il n'est pas du tout impossible qux'ils réapparaissent un jour dans ce blog, car les recherches continuent.
Donc à bientôt, peut-être
1 commentaire -
Le billet précédent consacré à ce mariage entre cousin et cousine nous avait laissé avec deux couples.
Dans la branche des descendants de Philippe Toquiny, il s’agissait de Pierre Antheaume et Marie Jeanne Dépied. Dans l'autre branche, celle des descendants de François Toquiny, c'était Hugues André et Magdelaine Jeanne Dinary.
Avançons un peu dans le temps pour traiter les deux branches à la génération VIII.
Du coté de la branche de Philippe Toquiny, c'est jean le fils de Pierre Antheaume et Marie Jeanne dépied, enfant unique du couple qui nous intéresse. Notons toutefois que Jean aura plusieurs demi-frères et demi-sœur, issus du second mariage de son père avec Marguerite Hersan.
L'acte est lisible, manque seulement l'année, 1737.
Jean épouse en 1764 Marie Jeanne Davanne
L’an mil sept cent soixante quatre le lundi neuvième
jour du mois de juillet après la publication des bans entre Jean
Antheaume majeur fils de défunt Pierre Antheaume et de
défunte Marie Jeanne Depied de cette paroisse demeurant
depuis plusieurs années d’anguien (Enghien ?) diocèse de Paris
d’une part et Marie Jeanne Davanne mineure fille de Louis
Davanne tonnelier et de défunte Anne François de cette paroisse
d’autre part faite au prône de la messe paroissiale en cette
paroisse et en celle dudit Anguien les dimanches treize
vingt et vingt sept mai de la présente année sans
qu’il se soit trouvé aucun empêchement ni civil ni
canonique vue le certificat du Sr curé d’Anguien en date
du vingt huit juin dernier, je soussigné prêtre vicaire
de cette paroisse ai reçu après les fiançailles célébrées le
jour d’hier ce jour d’hui en cette église leur mutuel
consentement et leur ai donné la
bénédiction nuptiale avec les cérémonies pressenties par la ste
église. Le dit Jean Antheaume assisté de Nicolas Antheaume,
jardinier et de Jean Voisin vigneron ses oncles la dite
Marie Jeanne Davane assistée du dit Louis Davane
son père et de Charles Polet tisserand son
beau frère tous de cette paroisse témoins
soussigné avec nous le dit époux la dite épouse a
déclaré ne savoir signer de ce interpellé suivant
l’ordonnance
La situation dans la branche issue de François Toquiny est étrangement similaire à celle de l'autre branche, Marie Prime est fille unique du couple Hugues André et Magdelaine Jeanne Dinary. Nous lui connaissons une demi-sœur issue du remariage de son père avec Anne Petit. Voici l'acte de naissance de Marie Prime, née en 1740 :
Marie Prime épouse en 1764 Jean Pierre Beaucé
La septième génération, celle du dénouement de cette histoire voit la naissance de Nicolas Victor Antheaume, fils de Jean et Marie Jeanne Davanne et descendant de Philippe Toquiny et Marie Bimont, ses trisaïeuls.
L’an mil sept cent soixante seize le dimanche vingt
et unième jour du mois de juillet a été baptisé par moi
prêtre vicaire de cette paroisse soussigné un garçon
nommé Nicolas Victor né hier du légitime mariage
de Jean Antheaume vigneron et de Marie Jeanne
Davanne sa femme ses père et mère de cette paroisse.
Le parrain Jean Nicolas Davanne fils de Jean Davanne
laboureur. La marraine Françoise Bretteville
fille d’Etienne Bretteville vigneron tous de cette
paroisse le parrain a soussigné la marraine a déclaré
ne savoir signer de ce interpellée selon l’ordonnance
Un peu plus d'un an plus tard, naît Marie Anne Julie Beaucé, fille de de Jean Pierre et Marie Prime André et descendante de François Toquiny et Nicole Douceur, ses trisaïeuls.
L'an mil sept cent soixante dix sept le huit décembre a été
baptisée par moi curé soussigné une fille née aujourd'hui du
légitime mariage de Jean Pierre Beaucé et de Marie
Prime André nommée Marie Anne Julie par Jean Baptiste Hervin
parrain et Marie Anne Lebel marraine qui ont déclaré ne savoir
signer.
Et, probablement en ignorant leur lointain cousinage et à coup sûr sans savoir que leur décision alimenterait ce long pensum sur un truc que même Nostradamus n'avait pas imaginé et que nous nommons Internet, Nicolas Victor Antheaume et Marie Anne Julie Beaucé convolent en juste noces .
Aujourd'hui vingt pluviose an
sept de la République françoise une et indivisible
heure de midi par devant moi Louis Claude Le Flamand
agent municipal de la commune de Luzarches
département de Seine et Oise autorisé par
l'article quatre de la loi du treize fructidor
dernier à remplir les fonctions d'officier de l'état
civil en l'absence du président de l'administration
municipale du canton de Luzarches quant à la
célébration des mariages accompagné du secrétaire
de la dite administration sont comparus au lieu
de la réunion décadaire pour contracter mariage
d'une part nicolas victor antheaume âgé de
vingt deux ans domicilié à Viarmes de
canton fils de Jean Antheaume vigneron et de
marie jeanne davanne son épousetous domiciliés
au dit lieu de viarmes d'autre part marie anne
julie beaucé âgée de vingt un ans domiciliée
à asnières autre commune de ce canton
fille de jean pierre beaucé menuisier et de
défunte marie prime andré les quels futurs
conjoints étaient accompagnés de jean
antheaume père du futur jean pierre beaucé
père de la future jean nicolas davanne
cultivateur ami du futur âgé de trente cinq
ans jean louis antheaume frère du futur âgé
de trente trois ans tous deux demeurant à viarmes
jacques nicolas guibert âgé de vingt un ans
accomplis cousin de la future demeurant à
asnières
Moi louis claude le flamand après avoir
fait lecture en présence des parties et des
témoins 1° de l'acte de naissance du
dit nicolas victor antheaume en date du
vingt un juillet mil sept cent soixante
douze qui constate qu'il est né au dit lieu
de viarmes le vingt dudit mois du dit mariage
légitime entre jean antheaume et marie
jeanne davanne 2° de l'acte de naissance
de marie anne julie baucé en date du
huit décembre mil sept cent soixante dix
sept portant qu'elle est est née à asnière
du légitime mariage de jean pierre
beaucé et de marie prime andré 3°
de l'acte de publication de promesse de
mariage entre les futurs
conjoints dressé par le citoyen charles
prevost agent municipal de la commune
d'asnières le dix spet pluviose
présent mois afiché le même jour
à la parte exterieure de son domicile 4°
de l'acte de publication de promesse de
mariage entre les dits futurs conjoints dressé
par le citoyen jean françois leclerc agent
municipal de la commune de viarmes
le dix huit du présent mois affiché le même
jour à la porte principale de la maison
d'hospice au dit viarmes les dits actes dûment
certifiés par lesdits agents susnommés et qu'il
n'est survenu aucune opposition après aussi
que nicolas victor antheaume et marie
anne julie baucé ont eu déclaré à
haute voix se prendre mutuellement pour
époux j'ai prononcé au nom de la loi
que nicolas victor antheaume et marie
anne julie baucé sont unis en mariage
et j'ai rédigé le présent acte que les
témoins susnommés ainsi que le secrétaire de
la dite administration ont signé avec moi agent
municipal susnommé.
Nous sommes en 1799, bien des choses ont changées, beaucoup de têtes sont tombées, dont certaines couronnées. Le curé, qui pendant près de deux siècles a tenu les registres paroissiaux à laissé sa place à un représentant de l'état. Les actes ont perdu en concision mais sont rédigés plus rigoureusement, ont fait référence, par exemple, aux actes de naissance pour les mariages. L’orthographe des noms de famille va enfin se stabiliser ! Le calendrier est devenu républicain, chaque mois comprend trois décades.
La France est en guerre contre une coalition européenne. Pour permettre aux jeunes hommes d'échapper à le conscription, qui ne concerne que les célibataires, de faux mariages sont célébrés, parfois avec une future épouse âgée de 80 ans, éventuellement grand-mère du futur époux ou avec un homme déguisé. Des registres d'état civil sont forgés. Pour éviter cela, l'état décide en l'an VI que les mariages seront désormais célébrés au chef lieu de canton, où l'officier d'état civil est supposé plus apte à résister à la tentation de rendre service à ses concitoyens pour éviter l'armée. Mais rien n'y fait les habitudes sont trop fortes, les français continuent de vire au rythme de la semaine de sept jours. les mariages seront de nouveau célébrés dans les communes dès l'an VIII et le calendrier républicain sera abandonné en 1806.
Les époux habitent respectivement Asnières et Viarmes mais le mariage est donc célébré à Luzarches, chef lieu du canton. De toute façon le mariage entre Nicolas Victor et Marie Anne Julie n'avait rien de fictif, ils eurent une descendance, ce qui est plutôt une bonne chose, au moins pour celui qui écrit ces lignes et bien d'autres...
Même lointain, le cousinage entre les époux affecte leur taux d'implexe ainsi que celui de tous leurs descendants. Ceux qui ignore ce qu'est exactement ce taux d'implexe peuvent lire le billet que j'ai écrit il y a quelques années. Ils peuvent aussi demander de l'aide à google, mais cette tentative risque d'augmenter la confusion. En effet l'étymologie du mot semble n'avoir que peu de rapport avec la généalogie. Le mot décrit une intrigue très complexe, en particulier dans une œuvre littéraire. A défaut d'un terme plus approprié, les généalogistes auraient donc utilisé celui, mais c'est comme ça que vivent les langues.
La littérature, c'est bien mais les mathématiques ont aussi leur charme.
Le doublon dans l'ascendance des jeune mariés de 1799 se trouve à la génération 12 de la généalogie alors qu'eux sont de la 7. Donc au lieu des 32 aïeux attendus à la génération 12, ils n'en ont que 30, ce qui fait un taux de 6,25%. Comme ce taux est divisé par deux pour chaque nouvelle génération, l'auteur de ces lignes voit son propre taux d'implexe augmenter de 0,0489%. Bien sûr, il faut ajouter à ce taux ceux "apportés" par les autres branches de l'ascendance pour obtenir le taux global.
Je vous propose une mise à jour du diagramme que j'avais inséré à la fin de la première partie de ce billet.
Il est temps de mettre un point final à ce billet. Mais au fait, il y a cette histoire de trompettistes dans le titre que j'ai failli oublier. Heureusement que les lectrices et lecteurs de ce blog sont plus sérieux que moi.
Il va néanmoins falloir attendre un peu pour qu'ils entrent en scène avec leur instrument. Une semaine environ, ça va dépendre de mon courage. Et je vous suggère de participer pendant la semaine en question à un jeu richement primé, comme toujours sur ce blog.
Il faudra répondre à la question suivante "qu'est ce que c'est que cette histoire de trompettistes?". La question est sans doute un peu ouverte mais, croyez moi, il ne faut jamais reculer devant les difficultés. Vous trouverez des indices dans l'arbre généalogique publiés par mes soins sur Geneanet
Bonne chance aux joueurs !
votre commentaire -
Il y a bien longtemps que je n’ai pas sollicité dans ce blog vos méninges sur un de ces cas dont raffolent les généalogistes. Même si vous n’avez pas prêté attention au titre de ce billet, vous avez sans doute déjà compris qu’il va être question d’implexe. Alors cramponnez-vous, ça va tanguer un peu…
C’est au tout début du XVIIème siècle que cette histoire commence. Nous n’avons pas de trace de la naissance des époux Philippe Toquiny et Magdelaine Departon. Ce couple appartient à la douzième génération, l’auteur de ces lignes étant membre de la première. Nous n’avons d’eux comme trace que les actes dressés à leur décès.
Voici celui de Philippe :
le dix-septième audit an françois toquiny âgé
de soixante et douze ans environ décédé le seizième
dudit de mars et inhumé le lendemain dans le cimetière
dudit lieu par moi prêtre curé soussigné avec service
complet la tour en présence de philippe et françois
toquiny enfants dudit défunt et jacques davanne pierre
toquiny jacques compagnon henry riet tous parents
et amis et du vicaire de seugy et balise floquet
clerc soussigné les marques de ce ?
christophe toquiny jacques davanne jacques
compagnon henry riet blaise floquet clerc
jouenne vicaire signé bisset curé avec paraphe
et celui de Magdelaine Departon
magdelaine parton veuve de françois toquiny
décédée du jour d’hier sixième jour de mai étant âgée
de quatre-vingt quatre ans ou environ et fut inhumée
le lendemain dudit jour par moi curé de viarmes
assisté de monsieur le vicaire et de pierre bachevillier
clerc en présence de mmr françois philippe sébastien et
chistophe toquiny ses enfants qui ont signé
toquiny christophe toquiny henry riet
avec paraphe
bisset curé avec paraphe
François Toquiny a 72 ans à son décès en 1677, il est donc né vers 1605. Magdelaine Parton, ou Departon est née vers 1603 puisqu’elle à 84 ans lors de son décès en 1687. Ces dates de naissance sont à prendre avec prudence car les âges notés sur les actes de décès sont souvent fantaisistes. Les registres paroissiaux ne permettront de toute façon pas de confirmer ou d’infirmer ces dates puisqu’ils sont très rarement remplis au début du siècle. Par exemple, à Viarmes, où semble avoir vécu le couple, les premiers datent de 1613.
Un autre détail ne vous aura sans doute pas échappé, l’année n’est mentionnée dans aucun des actes de décès. C’est très fréquent dans les registres paroissiaux, le curé mettait à la suite les actes d’une année sans la répéter dans chaque acte, ce qui oblige le chercheur à remonter, parfois plusieurs pages en arrière, pour connaitre l’année de l’évènement. Plus gênant encore, la copie conservée d’un acte isolé ne contient pas une information de la plus haute importance. Celui qui utilise les informations trouvées dans un arbre construit par un tiers et qui souhaite en vérifier la source n’a pas d’autre solution que de revenir au registre et de refaire la recherche en amont. Les curés d’antan ne se doutaient sans doute pas que leur paresse allait, pour l’éternité, empoisonner la vie d’une foule de gens ! N’oublions pas toutefois que ce travail de scribe leur était imposé depuis peu par les autorités royale et religieuse, que n’en voyant pas forcément l’intérêt, il le faisait sans doute de plus ou moins bonne grâce.
Revenons à la famille Toquiny, plus précisément à la génération XI. Nous savons que le couple a eu au moins quatre fils, ceux-là même qui sont présent à l’inhumation de leur mère. Nous allons nous intéresser plus particulièrement à deux d’entre eux, Philippe et François.
Il semble que philippe soit l’ainé des deux, mais un doute subsiste puisque son acte de naissance est introuvable, tout comme celui de François d’ailleurs.
L’acte le plus ancien dans lequel apparait Philippe est celui de son mariage avec Marie Bimon.
le mardi 26eme jour du mois de mars
1669 a été solennisé le mariage
d’entre philippe toquiny et marie
bimon tous deux de cette paroisse en
présence de leur parents et amis lesquels
ont signé
Nous disposons aussi de l’acte de Décès de Philippe Toquiny
philippe toquiny âgé de soixante et quinze
ans ou environ mort d’hier quatorzième
de juin a été inhumé le lendemain dudit jour
dans le cimetière de céans par moi prêtre
curé soussigné en présence de sébastien toquiny
son frère de françois toquiny son fils de charles
magnan ami qui ont signé.
L’acte a été dressé le 14 juin 1710 et c’est grâce à l’âge déclaré du défunt, 75 ans, que nous avons estimé sa naissance en 1635.
Passons maintenant à l’autre fils, François. Et là, c’est encore pire puisque nous n’avons ni acte de naissance ni acte de mariage !
Nous devrons donc nous contenter de son acte de décès.
françois toquiny marchand de vin âgé de cinquante-cinq ans, décédé
du jour d’hier quatrième de décembre, inhumé le lendemain par moi prêtre
curé en présence de philippe christophe et sébastien toquiny les
frères de henry riet riet et de denis douceur ?? qui ont signés
signé bisset curé avec paraphe
Malgré l’absence d’acte de mariage, nous sommes certains que François a bien épouse Nicole Douceur. Les nombreux enfants qu’a eu le couple sont là pour le prouver.
François est décédé en 1693 à l’âge de 55 ans, son année de naissance estimée est donc 1638.
Une question devrait normalement venir à l’esprit du lecteur. Philippe et François Toquiny sont-ils bien les enfants de Philippe et Magdelaine Departon ? Après tout il y a d’autre porteur du patronyme Toquiny dans la région et aucun acte ne relie directement la génération des frères aux supposés parents.
En fait il n’y a pas de certitude mais de très sérieuse présomptions. Celles-ci sont basées sur les personnes citées dans les actes. Quatre enfants témoignent au décès de Magdelaine Departon, deux d’entre eux sont aussi témoins au décès de François Toquiny, le père, et un troisième signe, même s’il n’est pas mentionné dans l’acte comme enfant du défunt. On en retrouve encore deux au décès de Philippe, le fils. Et aussi deux au décès de François, le fils. Nous avons donc bien à faire à une fratrie. Pour que ces frères ne soient pas les enfants de Philippe et Magdelaine Departon, il faudrait qu’une fratrie similaire ai vécu à Viarmes dans la même période, avec d’autres parents. Les registres de Viarmes, complètement décryptés pour toute cette période ne montrent rien de tel.
Mais la démarche du généalogiste doit rester scientifique, ce qui signifie qu’à tout moment l’apparition d’une preuve plus forte doit remettre en cause ce qui était considéré comme acquis. Peut-être qu’un jour vous lirez sur ce blog que ce qui est décrit ici est une simple illusion et qu’il n’y a absolument aucun implexe. Mais j’anticipe, car il nous reste trois générations à étudier avant d’arriver à la conclusion. Avant d’avancer, ce conseil à ceux qui lisent ces lignes et seraient tentés par le voyage dans le temps que constitue la généalogie : exploitez toutes les informations contenues dans les actes, en particulier les personnes citées, leur âge et leur lien de parenté lorsqu’ils sont précisés, les professions, etc. Notez tout cela dans votre arbre, tous les logiciels le permettent ainsi que le format Gedcom. A coup sûr, ces informations vous permettront un jour de progresser.
Il est temps de revenir à notre cas, voici où nous en sommes pour la génération X.
Le couple Philippe Toquiny et Marie Bimont a eu sept enfants. C’est Marie, la quatrième née qui nous intéresse aujourd’hui. Voici son acte de naissance, le 28/4/1678
Marie née ce jourd’hui vingt huitième jour du mois d’avril
fille de philippe toquiny et marie bimond sa femme
a été baptisée le deuxième du mois de may par moi prêtre
vicaire soussigné le parrain henry compagnon fils de jacques
et de marie duchaussois sa femme la marraine louis davanne
fille de jacques et marie poulet sa femme le père absent
le parrain a signé la marraine a déclaré ne savoir signer
de ce requis.
En 1709, marie épouse Jean Dépied
jean dépied veuf de défunte marguerite briet
d’une part et marie toquiny fille de philippe toquiny
et de défunte marie bimont ses père et mère tous deux
de cette paroisse d’autre part ont été mariés ce jourd’hui
vingt troisième de juillet par moi prêtre curé de viarmes
après les publications des trois bans fait à l’ordinaire
dans ladite paroisse sans aucun empêchement ledit
dépied assisté de jean langlois son beau-frère et de
pierre bachevillier amis, ladite toquiny assistée
de son dit père et de jean adam son beau-frère qui ont déclaré
ne savoir signer
Il n’est pas inutile de s’attarder un peu sur Jean Dépied. Marie Toquiny est sa troisième épouse. Après le décès de celle-ci, en 1712, quelques mois après la naissance de son second enfant, il contractera un quatrième mariage. Dix-sept enfants naîtront de ces quatre unions. Il me semble bien que c’est un record pour notre famille, mais dans la région la performance de Nicolas Chalot, avec ses 23 enfants, évoqué dans le billet titré « quand on aime, on ne compte pas les mariages », reste inaccessible.
Examinons maintenant la descendance de l’autre fils, François. Il a eu avec son épouse, Nicole Douceur, treize enfants. Cette génération marque une incontestable ascension sociale, au moins pour un de ses enfants. Charles Auguste, l’aîné, est devenu, entre autres, procureur fiscal, ce qui signifie qu’il représentait le ministère public dans la justice seigneuriale. Un autre, Louis est aubergiste. Mais c’est à Marie Magdelaine, née neuvième que nous allons nous intéresser.
marie magdeleine née de vendredi dernier dixième
de septembre fille de françois Toquiny marchand et
de nicole douceur sa femme a été baptisée le dimanche
suivant douzième dudit mois, le parrain louis corboran
fils de françois corboran menuisier, la marraine
magdeleine boullet fille de défunt maitre jean
boullet vivant receveur. Le père absent, le parrain
et la marraine ont signé avec moi bisset curé.
Marie magdelaine épouse François Dinary en 1715.
françois dinary fils de défunt jacques
d’hinary et de défunte Elisabeth
barbier ses père et mère d’une part
de la paroisse de mareil et marie magdelaine
toquiny d’autre part fille de défunt
françois toquiny de cette paroisse après la publication
des bans faits en cette paroisse et en celle
de mareil en France en nos messes
paroissiales tant en l’église de mareil
qu’en cette paroisse vu le certificat du
sieur curé dudit mareil daté du vingt
quatre février mil sept cent quinze signé
cousin le premier le treizième février
et les deux autres les dimanches suivant
sans qu’il ne se soit trouvé aucun opposition
ni empêchement les fiançailles célébrées
le jour précédent ont été mariés par nous
prêtre curé soussigné le lundi vingt
cinquième février mil sept cent quinze
en présence des témoins qui ont signé
Cet acte nous apprend que François Dinary, l’époux de Marie Magdelaine Toquiny est originaire de Mareil en France, un village situé lui aussi dans le Val d’Oise, pas très loin de Viarmes où le mariage a été célébré.
Pour la génération suivante, la neuvième, nous savons déjà que Marie Toquiny, la troisième épouse de Jean Dépied, est morte jeune. Mariée en 1709, elle a eu deux enfants. Le second, jean, est décédé avant son premier anniversaire peu de temps avant sa mère. C’est donc grâce à l’aînée, Marie Jeanne, que notre histoire va pouvoir continuer.
marie jeanne né le jour d’hier treizième d’avril
fille de jean depied et de marie toquiny
sa femme a été baptisée le lendemain du
dit jour par moi prêtre curé soussigné le
parrain jean toquiny fils de défunt
françois toquiny marchand qui a signé
la marraine marie françois fille de
léon françois qui a déclaré ne savoir
signer de ce interpellée.
En 1736, marie Jeanne Dépied va épouser Pierre Antheaume.
L’écriture de l’acte dressé à l’occasion de ce mariage est particulièrement soignée et vous laisse donc le lire en m’épargnant la peine de le transcrire.
Du coté des descendants de François, c’est Magdelaine Jeanne, la fille aînée du couple François Dinary et Marie Magdelaine Toquiny, qui va écrire un nouveau chapitre de cette saga. son acte de naissance est plutôt embrouillé, donc je le transcris.
magdelaine jeanne née du treizième décembre fille
de françois dinary et de marie magdelaine
toquiny sa femme a été baptisée le quinze
dudit mois par moi prêtre curé soussigné
le parrain maitre jean defforge receveur de
la terre et seigneurie de viarmes la
marraine dame magdelaine boullemer femme
du sieur guenin capitaine des chasses
de royaumont qui ont signé
en 1739, Magdelaine Jeanne épouse Hugues André, que vous connaissez bien. En effet, l’histoire de ce menuisier venu de haute Saône vous a été contée dans billet intitulé « le long voyage d’Hugues André dit comtois ». L’acte de mariage, lui aussi très lisible s’y trouve, si vous souhaitez vous rafraichir la mémoire.
Ce billet était toutefois principalement consacré au parcours de Hugues André. La vie se son épouse Magdelaine Jeanne, fut malheureusement bien courte puisqu’elle est décédée à 25 ans.
Chers lecteurs et lectrices, cette expédition généalogique se révèle plus longue que je l'avais imaginé. Je vais donc vous laisser digérer cette prose et vous donne rendez-vous très bientôt pour la suite de ce billet.
Peut-être aussi que ce petit croquis vous aidera à suivre...
3 commentaires
Suivre le flux RSS des articles
Suivre le flux RSS des commentaires