• Je mentionnais dans un billet récent consacré à Jean Langlois qu’il n’était pas rare de trouver dans les registres paroissiaux trace de malheureux réduits à la mendicité. Je ne croyais pas si bien dire puisque, à peine un an après le décès de Jean Langlois, un autre mendiant trouve la mort à Viarmes.

    Les circonstances de sa mort ne sont certes pas aussi romanesques que celles de Jean Langlois, mais Félix Quidort, dont il est question dans ce billet, mérite néanmoins qu’on évoque son triste sort.

     Mort d'un autre mendiant

    L’an mil sept cent cinquante-neuf le mercredi dix-septième

    jour de janvier, le corps de Felix Quidor vivant mendiant

    âgé de quatre-vingt-deux ans ou environ, décédé du jour d’hier

    dudit mois et an, en la maison de Nicolas Quenet, cribleur de blé

    demeurant en cette paroisse a été inhumé dans le cimetière

    de ce lieu par moi prêtre curé de cette paroisse soussigné

    en présence dudit Nicolas Quenet et de Charles Durand, clerc

    de cette église témoins qui ont signé.

    Nous ne connaissons pas l’acte de baptême de Félix Quidort. Peut-être n’est-il pas né à Viarmes. L’âge donné dans l’acte de décès permet de situer sa naissance vers 1677. Sa filiation est pratiquement certaine puisque qu’il est mentionné dans l’acte de décès de Claude Quidort, en 1698, comme frère du défunt. Il est aussi cité comme fils de défunt Félix Quidort dans un acte de baptême que nous verrons plus tard.

    Mort d'un autre mendiant

    Félix serait donc le benjamin de la famille, sa sœur ainée Jeanne est morte à 25 ans après trois ans de mariage et un an à peine après la naissance de son seul enfant, lui aussi décédé le lendemain de sa naissance. Claude, son frère, le cadet de la famille est décédé en 1698, comme nous l’avons vu plus haut. Il n’avait que 24 ans. Quant à ses parents, Félix Quidort et Jeanne Hude, ils sont morts depuis bien longtemps, en 1684 pour le père et 1694 pour la mère. Cela fait donc un demi-siècle que Félix vit à Viarmes seul survivant de cette famille. Il ne s’est apparemment pas marié. Il est pourtant bien intégré dans le village puisqu’il est cité comme parrain à trois reprises. En 1696 à la naissance de Noël François puis d’Anne Marguerite Heldebert, puis en 1705 à la naissance de François Lechoppier.

    Mort d'un autre mendiant

     

    Mort d'un autre mendiant

      

    Mort d'un autre mendiant

     

    Voici l'arbre qui situe Félix dans son cadre familialMort d'un autre mendiant

    Félix Quidort est mort au domicile de Nicolas Quenet, qui n’est autre que l’époux sa filleule, Anne Marguerite Heldebert. C’est sans doute par charité qu’il était hébergé dans ce foyer où on ne vivait sans doute pas dans l’opulence, puisque Nicolas Quenet dit exercer la profession de cribleur de blé lorsqu’il est cité comme témoin à un mariage en 1754. Ce métier qui consiste à séparer, grâce à un tamis, le grain du son après le battage ne doit pas se situer très haut dans l’échelle sociale.

    Pourtant Nicolas Quenet est lettré, il signe Nicolas Quesnel, avec une belle écriture comme vous pouvez le voir au bas de l’acte de décès de Félix Quidort. C’est cette pauvreté du monde rural en cette fin du XVIIIème siècle qui, conjuguée avec les réflexions des intellectuels du siècle des lumières, va conduire, quelques années plus tard, à la révolution.


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