• Claudy, canonnier, 1914-1919

    Claudy, canonnier, 1914-1919

     

    Après avoir tracé le parcours de Paul Bonneton, pendant la guerre de 14-18, voici celui de mon grand père maternel, Claudy Boucher.

    Claudy est né à Chavanay, en 1878. La « grande guerre » sera sa 2ème incorporation à l'armée. La première a eu lieu le 16 novembre 1899, et il a participé à 3 campagnes : en Cochinchine en paix, en extrême orient en guerre et au Tonkin en guerre. Il a été libéré le 19 aout 1902.

     

    Claudy, canonnier, 1914-1919

     

    En 1904, il a épousé Catherine Emilie Chantelouve, dont le prénom usuel est Amélie. Ils ont eu un premier fils, en 1906, prénommé Claudy, comme son père ainsi qu'il était d'usage à l' époque. Puis, Johannès nait en 1910, mais il mourra accidentellement en 1912. Un autre garçon voit le jour le 22 mars 1913, prénommé également Johannès. Cette période tranquille à Gencenas est interrompue par la mobilisation générale d' aout 1914.

    Nous avons retrouvé, dans les vieilles photos de famille, quelques cartes envoyées par Claudy à Amélie et Claudy fils. Elles serviront de fil conducteur à la recherche du parcours.

     

    Le livret militaire de Claudy signale sa présence dans 7 régiments successifs:

    353reg. artillerie, 36RAC( Régiment d'Artillerie de Campagne), 16RAL(Régiment d'Artillerie Lourde), 113RAL, 3 ème reg. artillerie à pied, 1er reg. artillerie à pied, 71RAL.

    Le 353RAC a été converti en 36 RAC.

    Le 12 aout 1914, Claudy est incorporé au 36 RAC (Régiment d'Artillerie de Campagne), comme canonnier dans le groupe territorial, groupe formé par les réservistes. Son livret militaire précise qu'il était « à l'intérieur » du 12 aout 1914 au 30 aout 1915. Il semble qu'il soit resté quelque temps au casernement du 36RAC, en Auvergne. En effet, le 19 janvier 1915, Claudy envoie à sa famille une carte postale de Riom.

     

    Claudy, canonnier, 1914-1919

    Claudy, canonnier, 1914-1919

    Le quartier général de la 13ème armée est basé à Clermont Ferrand et Riom fait partie des subdivisions de région. Toutefois, le texte de la carte, succinct, ne donne aucune précision.

     

     

    La carte suivante, datée du 3 juillet 1915, a été envoyée de Nantes et le tampon porte les mentions secours aux blessés, gare, et une croix rouge. Le message  « Bonjour de Nantes en passant. Le voyage va bien » n'est pas très explicite.

     

    Claudy, canonnier, 1914-1919

    Claudy, canonnier, 1914-1919

     

    Que fait Claudy à Nantes ? Une autre carte, plus tard, sera aussi tamponnée « secours aux blessés. »

    La stratégie de l' offensive à outrance de cette guerre cause un nombre exorbitant de morts, mais aussi de blessés qu'il est impossible de soigner sur place. Les hôpitaux militaires ou civils sont rapidement saturés, aussi des solutions d'urgence sont mises en place avec la création d' hôpitaux temporaires dans les écoles, les couvents, les usines...Les blessés transportables sont acheminés par train dans ces hôpitaux de fortune. Ainsi, la Municipalité de Nantes a mis à disposition environ 5000 lits répartis dans ses 18 hôpitaux et a porté secours à plus de 130 000 personnes pendant la durée de la guerre.

    Claudy accompagnait peut être des blessés...

     

    Le 22 aout 1915, Claudy est incorporé au 16RAL, qui combat avec le 36RAC dans l'Oise, vers Lassigny. Coïncidence, Paul Bonneton, mon grand père paternel, était aussi incorporé au 36RAC et était dans cette région. Le livret de Claudy indique « dans l'armée » à partir du 30 aout. L' hypothèse la plus probable, est que Claudy, comme les autres réservistes, est envoyé au front pour remplacer les appelés de l'active qui ont subi des pertes terribles au début de la guerre.

    Du côté de Lassigny, le front s' est organisé : les armées françaises et allemandes s’enterrent dans des tranchées boueuses et des sites difficiles à préserver sous un climat humide et dans une terre argileuse. Quotidiennement, les troupes occupent leur temps à la « continuation des travaux en cours » et notamment à la remise en état des tranchées et boyaux endommagés par les bombardements et la pluie. Le secteur se révèle relativement calme, quelques attaques sont déclenchées sans atteindre de véritable ampleur. L’artillerie est peu active et effectue des tirs de réglage. 

    Le 1er octobre 1915, Claudy est affecté au 113 RAL ( Régiment d'Artillerie Lourde), qui vient de se constituer, dans la région. La 1ère page du JMO commence par : «Le 113 RAL a été constitué par note N°... en date du 15 octobre 1914. Sa constitution est complexe ». Effectivement ! Les batteries qui le constituent proviennent de plusieurs régiments, les numéros changent... Après bien des recherches, je pense que Claudy appartient au 2ème groupe du 1er groupement (batteries 21B,22B, 23B).

    Le 23 février 1916, le 2ème groupe se dirige vers Verdun, et prend position au Bois Bourru.

    L'offensive allemande avait débuté deux jours plus tôt. Dans son livre, « Ma grande guerre », Gaston Lavy raconte la guerre d'un homme de rang, en l' illustrant de croquis, d' aquarelles. Il raconte la vie misérable dans les tranchées, la faim, la saleté, le froid, la boue... Il raconte les bombardements, l'angoisse , les blessés, les morts, l' incompétence des chefs... Il raconte Verdun « Crever, crever une bonne fois et que ça soit fini de ce cauchemar, de cette galère ». 2 400 000 hommes se sont affrontés, 400 000 ont été blessés, 300 000 tués. Par rotation, 70% des soldats ont participé aux combats de Verdun.

    Une carte non écrite de Verdun a été retrouvée dans les archives familiales, ainsi qu' une carte de Chambéry, datée du 23 mars1916.

     

     

    Claudy, canonnier, 1914-1919

     

     

    Claudy, canonnier, 1914-1919

    Claudy, canonnier, 1914-1919

     

    Cette carte est tamponnée « blessés », comme celle de Nantes, et la question reste posée : que faisait Claudy à Chambery, en pleine bataille de Verdun ? Comme Nantes, Chambéry avait créé des hôpitaux militaires, et, comme visiblement Claudy n' est pas blessé, il est probable qu' il accompagnait des blessés.

     

    Le 25 avril, son régiment est rappelé dans l'Oise. Peu de temps après, le 3 mai, Claudy incorpore le 3ème régiment à pied, pour 4 mois seulement. Le 27 juillet 1916, il poste une carte de Chalons sur Marne.

     

    Claudy, canonnier, 1914-1919

    Claudy, canonnier, 1914-1919

     

    La prose de Claudy manque cruellement de précisions. Les régiments se réorganisent, et il devient extrêmement difficile de suivre le parcours d'un soldat. Un peu perdue dans les méandres de l' organisation militaire, je vais abandonner (provisoirement?) la trace de Claudy, et ne transcrire que son livret militaire. Le 16 septembre 1916, il passe au 1er régiment d' artillerie à pied, puis le 10 juillet 1917 au 71 RAL en cours de création.

     

    Claudy, canonnier, 1914-1919

    Claudy, canonnier, 1914-1919

    Le 28 novembre 1918, Claudy poste une lettre de Nancy où il écrit « je ne sais toujours pas de quel côté nous passerons ». Si même lui ne sait pas, j'ai moins de scrupules à renoncer à le suivre.

    Toujours de Nancy, une carte non datée:

    Claudy, canonnier, 1914-1919

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    Il va être libéré le 28 janvier 1919.

     

    De retour à Gencenas, il va retrouver Amélie, son épouse, Claudy son fils ainé,13 ans, Johannès, 6 ans, et la petite Hélène, 2 ans . 2 filles viendront compléter la famille : Marie Rose, en1921 et Fernande, ma mère, en 1923.

    Claudy ne profitera pas longtemps de sa vie familiale, il meurt en 1925.

     

     

     


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