• De mauvais esprits pourraient penser que le rythme de parution des billets sur ce blog dépend du courage des rédacteurs. Rien n’est bien sûr plus inexact. Le silence de Mireille a une explication des plus simples, l’accomplissement du projet d’une vie avec son époux Guy, le grand voyage initiatique vers Saint Jacques de Compostelle. Au moment où j’écris ces lignes, ils sont arrivés après deux mois de marche. Comme le retour vers le logis isérois va se faire en utilisant un moyen de locomotion nettement plus rapide, peut-être va-t-elle nous conter bientôt quelques aventures meunières.

    Et mon silence a une explication encore plus simple : je n’ai pas trouvé grand-chose dans mes recherches récentes qui puisse vous intéresser. Pourtant le pur travail de généalogie a bien progressé et l’arbre généalogique que je  construis compte aujourd’hui près de sept mille personnes.  Sont comptés, toutes les personnes apparaissant,  soit comme apparentés, à tous les degrés, soit comme cités dans un acte. Comme le Val d’Oise vient de mettre, enfin, ses archives en lignes, il va être possible d’explorer plus facilement ce territoire.

    Le théâtre du billet d’aujourd’hui est la Bretagne, plus précisément le village de Saint-Carreuc que vous connaissez déjà. Cela se passe au foyer de Pierre Pincemin et Marguerite Richecœur, aïeux de la dixième génération. Le dix huit février de l’an mil sept cent dix huit, la famille qui compte déjà à cette date huit enfants, va s’agrandir. Voici l’acte rédigé par le curé de la Noë à cette occasion.

     Triplette armoricaine

    Le même jour que cy-dessus mathurin pincemin,

    janne pincemin, marguerite pincemin tous trois

    enfans gemaux de pierre pincemin et marguerite

    richecœur son épouse sont nez le 18eme jour du même

    mois et baptisés le même par le soussigné dans

    notre église, a été parrain dudit mathurin

    claude cotillart marraine toussainte pincemin

    parrain de ladite janne jan poulain marraine

    marie robert, parrain de ladite marguerite laurens

    pincemin, marraine peronelle tinguy en présence

    florance vitraux pierre cotillart

    Il s’agit donc de la naissance de triplés, même si le curé, en rédigeant l’acte, utilise la formule « tous trois enfans gemeaux ». Si on croit l’article que wikipedia consacre aux naissances multiples, c’est d’ailleurs à bon escient que le curé utilise ce terme de gemaux, puisque celui-ci s’applique à tous les naissances multiples, quelque soit le nombre de nouveaux nés. Aujourd’hui un tel événement n’aurait rien de bien extraordinaire, mais au XVIII eme siècle, ces naissances multiples étaient bien plus rares. Toujours selon wikipedia, avant le traitement médical de la fertilité, le taux de naissances multiples n’était que de une pour huit mille. Si, en lisant des milliers d’actes de naissance, j’ai trouvé de nombreux cas de jumeaux (deux enfants), le cas des enfants Pincemin est le seul cas de triplé que j’ai rencontré.

    Peut-être encore plus étonnant, alors que le taux de décès des jumeaux qui, forcément plus vulnérable que des enfants nés seul, est très élevé et qu'ils décèdent fréquemment dans les jours qui suivent leur naissance, nos trois petits bretons semblent avoir vécu. Il n’y a pas de trace de leur décès dans les registres de saint-Carreuc dans l’année qui suit leur naissance. Ils ne sont répertoriés dans aucun des arbres publiés sur généanet. Peut-être trouverons-nous plus tard trace d’eux plus tard.

    En octobre et novembre mil sept cent dix neuf, soit moins de deux ans après la naissance des triplés, le foyer fut frappé par trois décès : François âgé de dix ans, Jacques âgé de treize ans et Pierre âgé de quinze décédèrent en à peine plus d’un mois.

    Voila donc comment vivaient  nos ancêtres sous Louis XV, confrontés à la mort d’une façon qu’on a du mal a imaginer aujourd’hui, au moins en Europe.

    Je vous rappelle que vous pouvez visualiser l'arbre généalogique sur le site geneanet.org


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