• Le vin, cet ami dangereux

    Avant même que l'administration, après la révolution, formalise la rédaction des actes de l'état civil, la profession des personnes citées était assez souvent notée par les curés en charge de leur rédaction. Cette information nous en dit beaucoup sur le monde dans lequel vivaient nos aïeux.

    A ce jour, notre généalogie familiale comporte 22686 personnes, plus de 27000 actes ont été dépouillés. On trouve dans ces actes 4978 mentions d'une profession. 

    La plus répandue est celle de vigneron, qui apparaît 576 fois, devant les laboureurs et les manouvriers. C'est dire si la vigne et le vin ont occupé une place importante dans le quotidien de nos ancêtres.

    Une grande partie de ces vignerons a vécu sur la rive droite du Rhône sur les lieux mêmes où sont cultivés aujourd'hui les Saint Joseph et autres Condrieu. Plus étonnant, les vignerons qui peuplent notre généalogie sont nombreux aussi dans l'actuel Val d'Oise.

    Jean Pierre Beaucé, qui vécut à Asnières sur Oise entre 1739 et 1813, notre Sosa 170 était vigneron, tout comme son père Jean Beaucé entre 1707 et 1776 à Viarmes. Ou encore Noel François, notre Sosa 678, entre 1660 et 1735, à Viarmes.

    La seule région dont sont originaires nos ancêtres où je n'ai trouvé aucun vigneron est la Bretagne.

    Mais c'est bien au bord du Rhône, à Saint Pierre de Bœuf, que vivait Jean Germat dont il va être question aujourd'hui et dont je vous propose de lire l'acte de décès :

    Le vin, cet ami dangereux

     Ce aujourd'hui douzième mars mil sept cent quatre-vingt-treize

    l'an second de la république française à l'heure de dix avant

    midi par devant moi Théofrede journel Curé officier public élu le

    treize décembre mil sept cent quatre-vingt-douze pour constater les

    mariages, naissance et décès de la commune de St pierre de Bœuf chef lieu

    de canton sont comparus marie vincent âgée de quarante-cinq

    vigneronne et domiciliée dudit lieu  et autre marie vincent sa sœur

    aubergiste âgée de cinquante-cinq, assistée de d'antoine manilier dudit

    lieu âgée de trente-six lesquels m'ont déclaré que jean germat

    vigneron âgé de trente-six ans époux en légitime mariage de la dite marie

    vincent était arrivé hier onzième jour dudit mois de mars

    à neuf heures du soir pris de vin dans sa maison

    se laissa tomber se prit à vomir et lui survint un hoquet qui le

    fit périr subitement, d'après les dites déclarations et après nous être transportés

    à la maison dudit décédé j'ai dressé le présent acte en maison commune 

    et l'ai signé non les dites marie et marie vincent et bonnardel pour

    ne le savoir de ce requis et interpellés.

     

    Les faits relatés par Théofrède Journel semblent clairs et ne souffrent guère d’interprétation. Jean Germat est rentré chez lui ivre, tellement ivre que son organisme n'a pas supporté l'agression. Alors coma éthylique suivi du décès ?

    Pourtant, le profil du malheureux Jean Germat ne correspond pas vraiment à la situation.  Il est né en 1752, il a donc 40 ans et non 36 comme mentionné dans l'acte, lors de son décès en ce mois de mars 1793. Ce n'est donc pas un jeune homme qui découvre la vie et se livre à des expériences un peu risquées. Son métier de vigneron lui a par ailleurs sans doute appris que l'abus d'alcool n'est pas sans danger. Peut-être faut-il plutôt chercher une explication dans le contexte familial 

    Il a eu avec son épouse, Marie Vincent, trois filles. le couple s'est marié en 1778, un an plus tard, naissent des jumelles. La deuxième née, Marie Catherine, ne vivra que six mois. En 1783, naît Catherine qui ne vivra que deux mois. 

    Seule est donc vivante en 1793 l’aînée des jumelles, Marie Marguerite, elle a douze ans.

    Voici l'arbre généalogique descendant de Jean Germat. On voit qu'il a deux frères, Guillaume, aussi vigneron, et Blaise. Il est l'aîné des garçons. Ils vivent tous à Saint Pierre de Bœuf, tout comme leur parents Etienne Germat et Catherine Flacher.

    Le vin, cet ami dangereux

      

    Cela fait maintenant presque dix ans que le couple a eu son dernier enfant, ce qui n'est guère dans les habitudes de l'époque. Peut-être y a t-il une raison médicale à moins que le couple ai décidé de rester sans descendance masculine, ce qui n'est pas vraiment courant non plus à cette époque.

    L'ambiance dans le couple et le foyer n'est pas bonne, Jean se réfugie dans l'alcool qui lui apporte une consolation venimeuse. Cette fuite n'arrange évidemment pas la situation et conduit au dénouement fatal.

    Bien sûr, cette hypothèse ne sera vraisemblablement jamais vérifiée.

     

     

     

     

     

     

     

     

     


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