-
Une nouvelle fois, cette histoire commence par un mariage, ou plutôt deux mariages. Le premier, célébré à Asnières sur Oise le trente avril mil sept cent quatre vingt deux, unit Jean Baptiste Beaucé à Marie Anne Patry. Le second est célébré à Viarmes le vingt six octobre mil sept cent quatre vingt neuf. Il unit Louis Auguste Langlois et Catherine Honorine Breteville.
Toutes ces personnes sont de lointains cousins de l'auteur de ces lignes.
Voici l'acte de mariage de jean baptiste Beaucé et Marie Anne Patry
L'an mil sept cent quatre vingt deux le mardi trentième jour
d'avril après la publication des bans du futur mariage faites aux
prônes de cette paroisse par trois différent dimanche savoir le
quatorze, le vingt et un et vingt huit avril présent mois et an
et en celle de Viarmes ainsi qu'il nous a paru par le certificat du Sr
curé de ladite paroisse en date du vingt neuf avril présent mois signé
lemaire curé de Viarmes sans qu'il s'y soit présenté aucune opposition
les fiançailles célébrées le jour d'hier entre Jean Baptiste Beaucé
milicien fils mineur de Jean Baptsite Beaucé voiturier et de Marie
jeanne Caho de la paroisse de Viarmes de ce diocèse d'une part et
Marie Anne Patris fille mineure de Louis Patris couvreur en tuiles
et de Marie Anne Bertin de cette paroisse d'autre part et par
la permission accordée audit Jean Beaucé milicien mar Mr l'intendant
de la généralité de Paris par laquelle il lui est permis de se marier
quand bon lui semblera expédiée à Paris le dix sept avril
présent mois et signée Bertier et demeurée en nos registres pour
sureté conformément à l'ordonnance du roi. j'ai soussigné curé d'Asnières
sur Oise après m'être assuré du consentement mutuel desdits futurs époux leur
ai donné la bénédiction nuptiale suivant les cérémonies de l'église en
présence du coté de l'époux Jean Baptiste Beaucé père Lucien Tiénard et
du coté de l'épouse Louis Patris son père et Pierre Payen son ami et autres
parents et amis
Voici l'acte de l'autre mariage entre Louis Auguste Langlois et Catherine Honorine Breteville :
L'an mil sept cent quatre vingt neuf le vingt
sixième jour du mois d'octobre après la publication
des bans du futur mariage entre Louis Langlois
soldat milicien fils de Louis Langlois dit tout patry
vigneron et de Marie Jeanne Poulet ses père et mère d'une
part et entre Marie Catherine Breteville fille
mineure de Etienne Breteville dit cardot vigneron
et de défunte Anne Françoise Davanne ses père et mère
d'autre part tous deux de cette paroisse faites
aux prônes de nos messes paroissiales par
trois jours différents et consécutifs à savoir le
huit de septembre le treize et le vingt du même mois
sans qu'il se soit trouvé aucune opposition
ou empêchement ni civil ni canonique vu la
permission du mariage accordé par Mr Bertier
audit Louis Langlois soldat milicien la date du
trente octobre mil sept cent quatre vingt huit j'ai
prêtre curé de cette paroisse soussigné reçu
après les fiançailles célébrés d'hier aujourd'hui
en cette église leur mutuel consentement et leur
ai donné la bénédiction nuptiale selon toutes
les cérémonies prescrites par notre mère la sainte
église ledit Louis langlois futur époux assisté de
Louis Langlois son père de Auguste Poulet
et Jean Poulet ses oncles maternels ladite
Marie Catherine Breteville assistée de Etienne
Breteville son père de Louis Etienne Breteville
son frère et autres L'époux, l'épouse le père
Etienne Breteville ont déclaré ne savoir signer
interpellés selon l'ordonnance les autres
ont signé avec nous
Maintenant que nos deux couples sont formés, nous allons pouvoir passer à la suite des évènements qui se déroulent presque tous dans le village de Viarmes, même si un des deux mariages a été célébré à Asnières sur Oise, village tout proche, en respect pour la tradition qui veut qu'on se marient sur le lieu d'origine de la future épouse.
Au début, tout se passe de façon classique. Dans le couple Beaucé/Patry, un enfant, nommé Jean Louis Beaucé, va naître le trois novembre mil sept cent quatre vingt douze, à peine plus de six mois après le mariage de ses parents, ce qui laisse à penser qu'il a été conçu bien avant le passage devant monsieur le curé. Les fidèle lecteurs de ce blog savent que ceci n'a rien d'exceptionnel et que la tolérance aux aventures prémaritales était bien plus grande qu'on le pense généralement. Jean Louis ne vivra qu'un an. le même prénom sera donné au garçon né en mil sept cent quatre vingt quatre. Viendront ensuite Hypolite né en mil sept cent quatre vingt sept et mort en mil sept cent quatre vingt dix et Marie François Irène, née en mil sept cent quatre vingt treize. Le couple a donc eu quatre enfants, ce qui est plutôt peu pour l'époque.
Du coté des Langlois/Breteville l'histoire vécue est pratiquement identique. Marie Catherine Langlois nait le vingt cinq janvier mil sept cent quatre vingt dix, trois mois seulement après le mariage de ses parents, ce qui confirme ce que j'ai écrit plus haut à propos de la banalité d'une telle situation. Suivront Pierre Louis né en mil sept cent quatre vingt douze qui mourra à l'âge de cinq ans, Geneviève Marine qui ne vivra guère plus d'un mois Louis Ovide, né en mil sept cent quatre vingt quinze et enfin Marie Anne Lucie née en mil sept cent quatre vingt seize.
l'évènement suivant dans la vie de nos deux couples va nous sortir de cette routine. Cela se passe le douze mars mil sept cent quatre vingt dix huit. Une dénommée Geneviève Elisabeth Beaucé, sœur de Jean Baptiste Beaucé donne naissance à une fille à qui sera donné le prénom de Louise Nicole. Voici l'acte dressé à cette occasion extrait du registre de Viarmes.
Aujourd'hui le vingt deux du mois de ventôse de l'an six
de la république française une et indivisible par devant
moi Jean Gilles Soret agent municipal de la commune de
Viarmes canton de Luzarches département de Seine
et Oise pour rédiger a constater les actes de naissance
mariage et décès des citoyens suivant la loi du vingt
septembre mil sept cent quatre vingt douze est comparu
au lieu de mon domicile les citoyens Louis Langlois
jardinier du citoyen Harmand âgé de trente sept ans
François Duru vigneron âgé de trente neuf ans et
Nicole Davanne âgée de vingt cinq ans parrain et marraine
tous trois de cette commune m'ont dit et déclaré à moi
agent municipal que Geneviève Beaucé, fille de Louis
âgée de vingt cinq ans et non marié était accouchée
aujourd'hui à huit heures d'un enfant féminin
à son domicile rue de la chaussée et m'a été présenté à
mon domicile et lui a été donné pour nom Louise Nicole
Françoise et d'après cette déclaration que Louis Langlois
s'est présenté ce disant être le père de l'enfant François Duru
le parrain et Nicole Davanne la marraine. J'ai rédigé la
présente acte que Louis Langlois a signé le parrain et la
marraine ont déclaré ne savoir écrire ni signer. Le jour mois
et an que susdit suivant la loi
Louise Nicole Françoise est donc né hors mariage. Celui qui reconnait être son père devant l'officier public qui rédige l'acte de naissance se nomme Louis Langlois. S'agit-il de époux de Catherine Honorine Breteville ? Il dit avoir trente sept ans au moment où il reconnait cette paternité, ce qui situe sa naissance vers mil sept cent soixante et un. Et le possible père adultérin est né en mil sept cent soixante quatre. Un écart de trois ans n'a rien de particulièrement étonnant à une époque où les gens n'avait qu'une vague idée de leur propre âge. Langlois est un nom très commun à Viarmes, tout comme le prénom Louis, mais aucun Louis Langlois autre que notre candidat ne remplit les conditions aussi bien.
S'il subsistait un doute, il sera levé le dix janvier mil huit cent comme le montre l'acte rédigé à Luzarches dont je vous propose la lecture :
aujourd'hui décadi vingt nivôse an huit
de la république française une et indivisible
heure de midi par devant moi Louis Claude
le Flamand agent municipal de la commune de
Luzarches département de seine et oise
opérant pour les vacances
du président de l'administration municipale
du canton dudit Luzarches et autorisé
par l'article quatre de la loi du treize fructidor
de l'an 6 à remplir les fonctions d'officier de
l'état civil quant à la célébration des mariages
accompagné du secrétaire de ladite admisistra
tion sont comparus au lieu de la réunion
décadaire pour contracter mariage d'une
part Louis Auguste Langlois âgé de trente
cinq ans jardinier domicilié à Viarmes fils
de Louis Langlois vigneron et de Marie
Jeanne Poulet son épouse et divorcé
d'avec Catherine Breteville d'autre part
Geneviève Elisabeth Beaucé âgée de
vingt huit ans fille de Jean Baptiste
Beaucé et de Marie Jeanne Cahos
domiciliée audit Viarmes
Lesquels futurs conjoints étaient
accompagné de Jean Baptiste Beaucé
père de la future Pierre Poulet
ami des futurs cultivateur âgé de quarante
et un ans Pierre Honoré Raillier vigneron
beau frère du futur âgé de trente quatre
ans Jean Baptiste Langlois frère du futur
journalier âgé de trente quatre ans et
Nicolas Brador juge de paix de ce canton
âgé de quarante et un ans les trois premiers
demeurants à Viarmes le quatrième à Luzarches
moi Louis Claude le Flamand après avoir
fait lecture en présence des parties
et des témoins 1° l'acte de naissance
de Louis Auguste Langlois en date du
deux septembre mil sept cent soixante
quatre qui constate qu'il est né à
Viarmes du mariage légitime de Louis
Langlois et de Marie Jeanne Poulet
2° de l'acte de naissance de Geneviève
Elisabeth Beaucé en date du dix sept
juin mil sept cent soixante et onze
portant qu'elle est née audit lieu de
Viarmes du mariage légitime entre
Jean Baptiste Beaucé et Marie jeanne
Cahos 3° de l'acte de divorce du
dit Louis Auguste Langlois en date du
quatorze nivôse an sept prononcé par
l'agent municipal de Viarmes dûment enregistré
à Luzarches le trois pluviôse suivant 4° de
l'acte de publication des promesses de mariage
entre les futurs conjoints dressé par ledit
agent municipal de Viarmes le quinze nivôse
présent mois et affiché
tous lesdits actes en bonne forme après
aussi que Louis Auguste Langlois et Geneviève
Elisabeth Beaucé ont eu déclaré à haute
voix se prendre mutuellement pour époux
j'ai prononcé au nom de la loi que
Louis Auguste Langlois et Geneviève Elisabeth
Beaucé sont unis en mariage et j'ai rédigé
le présent actes que les parties et les témoins
ont signé avec moi ainsi que le directeur
de ladite administration à l'exception de
l'épouse qui à déclaré ne savoir écrire
ni signer de ce interpelée fait audit lieu
de la réunion décadaire les dits jour mois et
an que de l'autre part
Tout est dorénavant clair, Louis Auguste Langlois et Geneviève Elisabeth ont eu une relation adultère et le fruit de cette relation est venu au monde à peine plus d'un an après la naissance du dernier enfant que louis Auguste Langlois a eu avec son épouse légitime, Catherine Honorine Breteville. En fait, le terme de totale clarté n'est pas tout à fait approprié.
En effet, on trouve dans les registres paroissiaux de Viarmes en date du quinze juillet mil sept cent quatre vingt douze l'acte que voici :
l'an mil sept cent quatre vingt douze le dimanche
quinzième jour du mois de juillet a été baptisée
par moi prêtre soussigné une fille nommée
Geneviève Louise née aujourd'hui fille
naturelle de Geneviève Beaucé dite rigote de cette
paroisse Le parrain François Beaucé
manouvrier la marraine Geneviève Joséphine
Cousin tous deux de cette paroisse qui
ont déclaré ne savoir signer de ce interpelés
selon l'ordonnance
Nous ne saurons jamais qui était le père de la petite Geneviève Louise, qui ne vivra que quelques jours. On ne peut cependant pas exclure qu'il s'agisse de Louis Auguste Langlois, vu les évènements qui ont suivi cette naissance. Si tel est le cas, cela situerait cet enfant illégitime entre le premier et le second enfant de sa famille légitime. Louis Auguste Langlois a-t-il eu une double vie ? dans un petit village tel que Viarmes ou il devait être bien difficile de garder une telle liaison secrète on imagine que les relations entre les familles devaient être un peu tendues.
Amis lecteurs, si vous trouvez que le titre de ce billet est trompeur pour une simple histoire d'adultère, rassurez vous, elle ne s'arrête pas là. Un second billet, à venir prochainement, devrait vous convaincre que le titre n'est pas usurpé.
5 commentaires -
Notre monument aux morts virtuel s'enrichi dans ce billet avec le malheureux Charles Alexandre Meunier, natif de Viarmes, mort en Espagne pendant la campagne menée par Napoléon Bonaparte dans la péninsule ibérique.
Charles Alexandre avait tout juste vingt ans, il laissait Jeanne Louise Poulet, sa veuve, qu'il avait épousé en juillet mil huit cent neuf, à peine plus d'un mois avant de rejoindre son corps d'affectation.
En plus de raviver le souvenir de ce jeune homme qui aura bien peu profiter de la vie, ce billet est l'occasion de mettre en évidence la fragilité des informations utilisées par les généalogiste pour leur travail.
Il faut comme presque toujours commencer par lire l'acte consigné sur le registre de la ville par le dénommé Bourcier, adjoint au maire. Cet acte est écrit en novembre mil huit cent onze, plus d'un an après le décès de Charles Alexandre Meunier.
Pour mémoire Empire Français
Ministère de la guerre
D'après l'ordre du ministre,
Le secrétaire général du ministre de la
guerre certifie qu'il résulte des registres au bureau
de l'état civil et militaire de l'armée, que
le sieur Charles Alexandre Meunier, fils de
François et de Geneviève Antheaume, né
en 1790, à Viarmes, département de Seine et Oise,
chasseur au 4e régiment d'infanterie légère, entré
au service le vingt trois août dix huit cent neuf
est mort par suite de fièvre à l'hôpital de
Lamora en Espagne le vingt trois août dix
huit cent dix.
En foi de quoi il a délivré le présent certificat
pour servir et valoir ce que de raison
fait à Paris le 28 octobre 1811
Cet acte nous apprend que Charles Alexandre Meunier est mort à l'hôpital des suites de fièvre. Nous ne connaissons pas la cause de cette fièvre, mais nous savons que les conditions sanitaires dans lesquelles vivaient les troupes était loin d'être idéales. Les maladies infectieuses faisaient des ravages et ont mourrait beaucoup pendant ces campagnes et pas toujours pendant les combats.
L'acte nous apprend aussi que le malheureux est décédé à l'hôpital de Lamora. Le seul lieu avec un nom proche que j'ai pu identifier est La Mora, situé près de Tarragone, à l'ouest de Barcelone sur la cote méditerranéenne de la péninsule espagnole. Les différents documents relatant la campagne ne montre aucune activité dans cette région à cette période.
Le travail extraordinaire effectué par David Dalin sur le 4e léger, unité à laquelle appartenait Charles Alexandre Meunier, situe une partie de ce régiment près de la frontière du Portugal, au nord. Comment notre infortuné chasseur est-il allé mourir à six cents kilomètres de là ?
Une fois n'est pas coutume, cette énigme va trouver sa solution. C'est une dans les registres de la ville de Viarmes dans les pages consacrées au mois de février mil huit cent treize que se trouve la clef, dans l'acte que vous trouverez ci-dessous.
pour mémoire de
feu Meunier Charles
Alexandre décédé
aux armées le 23 du
mois d'août 1810
Extrait mortuaire commune de Zama
arrondissement de la haute Espagne, hôpital
temporaire de Zamora
Du registre des décès dudit hôpital a été
extrait ce qui suit; Meunier Charles
Alexandre , chasseur à la troisième compagnie
quatrième bataillon du quatrième régiment
d'infanterie légère, âgé de vingt ans, natif de
Viarmes canton de Luzarches, département
de Seine et Oise, est entré audit hôpital le dix
sept du mois d'août de l'année 1810 et y est
décédé le 23 du mois d'août de l'année 1810
par suite de fièvre. Je soussigné directeur
dudit hôpital certifie le présent extrait véritable
et conforme au registre des décédés dudit hôpital.
fait à Zamora le vingt trois du mois d'août
1810 signé Feraud; nous commissaire des
guerres chargé de la police de l'hôpital de
Zamora certifions que la signature ci dessus
est celle de Mr Feraud, directeur et que foi
doit être ajoutée Fait à Zamora le 23 du mois
d'août de l'année 1810, signé de Saint Leu
avec paraphe
Pour une mystérieuse raison, l'officier d'état civil s'intéresse de nouveau au décès de Charles Alexandre Meunier. Dans la transcription du registre de l'hôpital où notre chasseur est décédé on peut lire le nom de la localité où se trouve l'hôpital en question et le Lamora du premier acte est devenu Zamora.
Et cette ville située près de la frontière nord du Portugal cadre bien mieux avec les mouvements de troupes de l'année mil huit cent dix. On la voit d'ailleurs sur une carte extraite du site évoqué plus haut.
J'ai donc pu mettre à jour la localité de décès de Charles Alexandre Meunier dans l'arbre généalogique, corrigeant l'erreur du registre de mil huit cent onze.
votre commentaire -
Si le père Goubet, propriétaire d'une ferme au Buron, sur le territoire de la commune de Cour et Buis en Isère, ferme qu'il vendra, une vingtaine d'années plus tard, à ma sœur Mireille et à son époux Guy, si donc le dit Goubet était hors de sa maison un peu avant treize heures trente en ce mardi dix mai de l'an mil neuf cent cinquante cinq, pour prendre l'air après avoir bu son café, peut-être a-t-il remarqué au dessus de sa tête le Breguet F-BASQ, volant vers le nord à une attitude anormalement basse.
Aux commandes de cet avion, le commandant Gérard Caillat est aux prises à des difficultés mécaniques qui l'obligent à chercher un lieu propice à un atterrissage d'urgence. C'est finalement dans un champ de blé, à une dizaine de kilomètres du Buron que le vol, parti de Tunis et censé aller jusqu'à Bron, dans la banlieue de Lyon, se terminera au lieu dit La Pape, sur le territoire de la commune d'Estrablin.
Vous pouvez voir sur cette carte d'époque, issue du site Géoportail, le lieu où le Breguet s'est posé.
Sur cette seconde carte, toujours issue du site Géoportail, vous pouvez voir le lieu-dit du Buron, et le lieu de l'atterrissage, matérialisé par une étoile.
Les quarante deux passagers de l'avion, tous indemnes après cet atterrissage mouvementé, peuvent remercier le pilote dont l'habileté a évité une catastrophe bien plus grave.
Je vous propose, issu du site Gallica, un extrait de la revue Aviation Magazine du quatorze juillet mil neuf cent cinquante cinq consacré à cet accident ainsi qu'au sauvetage de l'avion. Le texte est assez petit, je vous conseille de cliquer sur l'image afin de visualiser cet article en pleine page.
L'évènement eu un retentissement considérable tant au niveau local que national. Je n'avais que cinq ans et demi lorsqu'il s'est produit et je m'en souviens encore aujourd'hui. C'est d'ailleurs vraisemblablement moins à cause de l'évènement lui même que du contexte familial dans lequel nous l'avons vécu que ce souvenir est aussi vivace.
Jojo, mon regretté papa était, en mil neuf cent cinquante cinq, l'heureux possesseur, sans doute depuis peu, d'une motocyclette, premier engin motorisé dans l'univers familial. Il s'agissait d'une 125cc de marque Jonghi. Je ne me souviens pas du modèle exact mais je suis certain que la fourche avant était un système à parallélogramme avec un amortisseur à disques de friction. En confrontant mes souvenirs aux images qu'on peut trouver sur internet, voici ce que j'ai trouvé de plus ressemblant:
Et c'est sur cette moto que somme allé, en famille, voir l'oiseau de métal posé sur son champ de blé du coté d'Estrablin. Nous n'avons malheureusement pas de photo de cette expédition et vous allez donc devoir vous contenter de la description que je vais en faire.
Il y a, bien sûr, aux commandes de l'engin papa, votre serviteur se trouve assis devant lui, à califourchon sur le réservoir. Derrière, sur le siège qui se trouve au dessus de la roue arrière, maman est installée. Entre les deux parents, Mireille est coincée, maintenue à gauche comme à droite par les les bras de maman qui étreignent le buste de papa. C'est cet improbable équipage d'une moto chargée de quatre personnes, sans casques - celui-ci ne sera rendu obligatoire sur les motos qu'en mil neuf cent soixante treize- qui a pris la route au départ de Saint Pierre de bœuf, où se trouvait à cette époque le domicile familial, pour parcourir la trentaine de kilomètres qui mène à Estrablin.
Ceux des lecteurs de ce blog qui connaissent bien notre famille se demandent peut-être pourquoi Jean Paul, notre jeune frère, qui avait trois ans et demi, a été privé de cette visite. J'ignore si sa participation a été envisagé, mais il est probable que dans l'impossibilité de trouver une solution "raisonnable" pour il prenne place sur la Jonghi, il soit resté à la maison, confié aux soins de sa grand-mère.
Ce voyage ne fut pas le seul à être fait dans ces conditions. lors d'un contrôle de la gendarmerie, au cours d'une de ces expéditions, le responsable et conducteur de la moto s'en est sorti avec des explications acrobatiques mais apparemment convaincantes.
On pourrait croire que cette confrontation avec la maréchaussée, un peu risquée en cas de récidive, a mis un terme à ce mode de transport familial, mais ma sœur dont la mémoire est sur ce point plus fiable me signale qu'il n'en fut rien. Une mesure bien plus pertinente fut prise, qui consistait à faire descendre les passagers un peu avant l'endroit où la police officiait, à les faire passer à pieds devant eux pour remonter sur la moto un peu plus loin. Le fait que les gendarmes aient eu la gentillesse de s'installer toujours au même endroit, au bas de la côte au nord du village de Saint Pierre de Bœuf, au lieu dit la bascule, garantissait le succès de l'opération.
1 commentaire -
Lors de son mariage avec Marie Marguerite Poulet, le dix sept juin mil sept cent quatre vingt trois, dans l'église de Viarmes, Pierre André Bourgeois ne se doute probablement pas qu'il entame avec son épouse une aventure personnelle qui lui vaudra, plus de deux siècle plus tard, d'occuper une petite place sur ce grand théâtre que constitue Internet aujourd'hui.
Voici la liste des enfants de ce couple:
- Marguerite Françoise Anastasie, qui vient au monde le seize mars mil sept cent quatre vingt quatre, la pauvre ne vivra que quelques semaines.
- Marguerite Alexandrine qui naît deux ans plus tard, le dix huit mai mil sept cent quatre vingt quinze. Elle épousera en mil huit cent neuf Jean François Davanne, à Viarmes.
- Charlotte Justine née le premier août mil sept cent quatre vingt sept. Son prénom va devenir Marie Charlotte Justine lors de son mariage avec Charles Papelard, à Viarmes, en mil huit cent huit.
- Honorine Anastasie, née le quinze avril mil sept cent quatre vingt neuf, qui va épouser François Sylvestre Soret, toujours à Viarmes en mil huit cent dix.
- Constance Antoinette félicité, née le douze décembre mil sept cent quatre vingt dix, future épouse de Pierre Victor Floury dont le mariage sera célébré, comme celui de sa sœur Honorine Anastasie en mil huit cent dix.
- Augustine Emilie, née le cinq janvier mil sept cent quatre vingt treize qui ne vivra qu'un jour
- Marguerite Mélanie, née le dix neuf juillet mil sept cent quatre vingt quatorze qui va mourir en janvier de l'année suivante
- Aimable Alexandrine née le neuf juin mil sept cent quatre vingt seize
- Louise Julienne, née le huit janvier mil huit cent
Si vous avez compté avec moi, vous savez que le couple a eu neuf enfants, ce chiffre parait élevé aujourd'hui mais n'a rien d'exceptionnel pour l'époque. On est même loin du record établi dans l'arbre familial par Jacques Chalot et ses trente enfants.
Plus étonnant, les neuf enfants de Pierre André Bourgeois et Marie Marguerite Poulet sont des filles ! Suivant les lois de la statistique une telle situation n'avait qu'une chance sur cinq cent douze de se produire. Sachant l'importance qu'avait alors la présence d'un héritier male, on imagine la déception du couple au fil des accouchements. Devenir les héros d'un billet sur un modeste blog au vingt et unième siècle est tout de même une forme de compensation posthume.
NB: je vous ai épargné la lecture des actes de baptême, mariage et décès de toute cette famille, ils ne présentaient pas d'intérêt particulier.
votre commentaire -
Au fil de mes recherches dans le Val d'Oise, j'ai "fait la connaissance" d'Etienne Victor Etard qui est né à Belloy en France le dix novembre mil sept cent quatre vingt six. Je dois cette rencontre à son frère aîné, Jean Charles qui a épousé à Viarmes, le deux janvier mil huit cent dix, Antoinette Adélaïde Lobjeois. Ce sont les arbres déposés sur geneanet par Maud Dagneaux et A.Thirard qui m' ont fourni les informations utiles à la rédaction de ce billet.
Voici l'acte de naissance d'Etienne Victor:
l'an mil sept cent quatre vingt six le dix novembre
nous soussigné vicaire avons baptisé Etienne Victor
né le même jour du légitime mariage de Jean
Charles Etard carrier et de Geneviève Rose
Desjardins son épouse le parrain Jean Louis
Etard garçon qui a signé avec nous, la marraine
Françoise Gabriele Desjardins fille qui a déclaré
ne savoir signer de ce interpellée, tous de cette paroisse.
Avant même d'avoir vingt ans, Etienne Victor est incorporé au 44eme régiment d'infanterie de ligne, le trente et un octobre mil huit cent six.
Il porte le numéro matricule 2917 et voici la fiche qui lui est consacrée, issue des archives des armées napoléoniennes.
Le malheureux Etienne Victor Etard est donc mort des suites de fièvre à l'hôpital de la bourse, à Dantzig, pendant la guerre qui a opposé les armées napoléoniennes à la quatrième coalition des monarchies européennes. J'ai écrit Dantzig car au moment où ces faits se sont produits, cette ville appartenait au royaume de Prusse. Aujourd'hui on dirait Gdansk puisque cette ville, située sur les rives de la mer baltique, à l'embouchure de la Vistule, est polonaise.
Selon les historiens, mil huit cent sept marque l'apogée de la domination de Napoléon sur le continent européen. La ville de Dantzig est occupée par une garnison composée de 11000 hommes, prussiens et russes commandés par Friedrich Adolf von Kalckreuth. Face à eux le maréchal Lefevre dispose de 27000 hommes, dont 10000 français, des divisions polonaises et italiennes. Le siège de la ville commence le dix neuf mars et se termine par une capitulation des assiégés le vingt quatre mai.
Les pertes sont très lourde du coté des assiégés, bien moindre du coté des assaillants. Nous ignorons à quelle date Etienne Victor Etard a été admis à l'hôpital et donc si il a participé aux combats.
votre commentaire