• Rubrique à brac

    Vous trouverez ici tous ce qui n'est pas en lien direct avec la généalogie ou l'histoire des Bonneton/Boucher. C'est à dire à peu près n'importe quoi.

  • C'est une coutume sur ce blog que, lorsque l'acte de décès d'un soldat mort sous les drapeaux est découvert dans un registre, quelques lignes lui soient consacrés dans un billet. Ce modeste hommage remet en lumière un malheureux dont le nom n'apparait sur aucun monument, si il est mort avant la première guerre mondiale, puisque c'est à la suite de cette hécatombe que les communes de France en ont entrepris la construction. Il est probable aussi que la trace de ces morts est disparue de la mémoire familiale. Ces billets funèbres sont aussi l'occasion d'évoquer les conflits dans lesquels, au fil de l'histoire, nos soldats ont été engagés.

    C'est aujourd'hui Alexis François Lecœur que nous allons honorer. Il est né le trente septembre mil huit cent treize à Saint Martin du tertre, du couple formé par François Lecœur et Victoire Louise Maillot. Il est notre lointain cousin, arrière arrière petit fils de Charles Bert et Anne Vinet qui ont vécu dans la première moitié du dix-septième siècle et sont nos aïeux de la dixième génération.

    Voici l'acte de décès dressé dans le registre d'état civil de la commune par le maire :

    Mourir à Douera

      

    Mourir à Douera

    du deux juin mil huit cent quarante et un

    dix heure du matin en matin exécution du  code civil

    chapitre quatre, article 80 a été extrait ce qui suit :

    -------- Commune de Douera -------

    ---------- Armée d'Afrique ------------

    Du registre des décès de dudit hôpital a été extrait

    ce qui suit : le sieur Lecœur Alexis François,

    brigadier à la 5 ème batterie du 10 ème régiment

    d'artillerie né le trente septembre mil huit cent

    treize à St Martin, canton de Luzarches, departe

    ment de Seine et Oise, fils de François et de

    Maillot Victoire, est entré audit hôpital le quinze

    du mois de février de l'an 1841 et y est décédé le quatorze

    du mois d'avril de l'an 1841, à deux heures du

    soir, par suite de pneumonie chronique

    Je soussigné comptable dudit hôpital certifie le

    présent extrait véritable et conforme au registre des

    décès dudit hôpital

    Signé Salicis

    Nous adjoint sous intendant militaire

    chargé de la police de l'hôpital de Douera,

    certifions que la signature ci-dessus est celle de

    Mr Salisis, officier comptable et que foi

    doit y être ajoutée

    fait à Douera le 14 du mois d'avril 1841

    signé Richard

    certifié conforme à l'extrait par nous

    Maire de la commune de St Martin du Tertre

    soussigné

    Douera, la ville dans l'hôpital de laquelle est mort Alexis François Le cœur, se trouve en Algérie à une vingtaine de kilomètres au sud ouest d'Alger. Vous le trouverez sur cet extrait d'une carte dressée au dépôt de la guerre en 1876 issue du site Gallica.

    Mourir à Douera

     

    En mil huit cent quarante et un, date du décès de notre saint martinois, puisque c'est ainsi qu'on nomme les habitants de sa ville natale, la France est en pleine guerre de conquête de l'Algérie, Guerre voulue par Charles X  selon les historiens au moins en partie pour détourner l'attention des français des problèmes intérieurs du pays. Cette fois encore,  nous n'allons pas ici écrire l'histoire de cette guerre, d'autres bien plus compétents s'en sont chargés.

    J'ai cherché, sans succès, d'en savoir un peu plus sur de soldat. Pas de fiche matricule; d'ailleurs en existe-t-il pour cette période? Pas non plus de journal de marches et opérations qui n'avaient probablement pas été mis en place à cette date.

    La fiche Wikipédia sur l'unité à laquelle appartenait Alexis François Lecœur, le dixième régiment d'artillerie, cinquième batterie, indique qu'elle est partie pour l'Algérie le 20 septembre 1833 et qu'elle est rentrée en France le 10 septembre 1836, bien avant son décès. Je n'ai pas l'explication de sa  présence en Algérie en 1841. 

    Notons qu'Alexis François Lecœur n'est pas, comme beaucoup des malheureux que nous avons évoqué sur ce blog, mort au combat mais de maladie. Il n'avait que vingt sept ans et nul ne sait que qu'aurait été sa vie si il n'avait pas été envoyé guerroyer de l'autre coté de la méditerranée, mais sa mort est sans doute la conséquence de ce parcours.

    Amis lecteurs, ayez une pensée pour ce nouveau venu sur notre monument aux mort virtuel.


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  • Les lecteurs de ce blog qui pratiquent la généalogie, que j'imagine assez nombreux, connaissent l'importance des actes de mariage dans leurs recherches. C'est en effet grâce à la filiation des époux, telle qu'elle apparait dans le texte, sauf exception et malheureusement assez souvent pour les actes les plus anciens, qu'on peut remonter d'une génération dans la branche correspondante de l'arbre familial.

    Il arrive aussi qu'un acte de mariage recèle d'autres informations non dénuées d'intérêt. C'est le cas lorsque l'un des deux futurs époux est originaire d'une localité éloignée du lieu où est célébré le mariage. Plus on remonte dans le temps, plus cette situation est rare. Nos ancêtres ne fréquentaient en général que les autres habitants de leur paroisse ou de celles situées à proximité immédiate. Lorsque les mariages n'étaient pas tout simplement arrangés par les familles en vue de préserver les intérêts patrimoniaux, les futurs époux n'avaient que peu de chances de se rencontrer en dehors du cadre social qui leur était familier, soit pour le travail, soit à l'occasion de fêtes.

    Un mariage impliquant une personnes étrangère à ce milieu constitue donc un petit évènement. Et, parfois, surviennent questions et énigmes qui pimentent le quotidien du généalogiste.

    Tout d'abord, l'identification du lieu d'origine du futur conjoint n'est pas toujours simple. Pour la plupart des mariages célébrés sous l'ancien régime, le curé note dans l'acte la paroisse d'origine et, assez souvent, le diocèse auquel elle est rattachée. Mais toutes les paroisses ne sont pas devenues simplement des communes et les départements n'ont bien entendu pas été tracés en tenant compte de la géographie des diocèses.

    Il existe toutefois de nombreux moyens de trouver dans quelle commune actuelle on doit rechercher les registres d'une paroisse. Des listes des anciennes paroisses sont accessibles sur internet. Et si vous interrogez d'autres généalogistes sur un des forums, grâce à bonne connaissance d'une région par ceux qui les fréquentent, il est bien rare que vous n'obteniez pas assez rapidement une réponse.

    Ensuite, comme je le fais moi-même, vous serez peut-être tenté de replacer le nouveau venu dans votre arbre familial dans le contexte de sa propre famille. Il vous faudra trouver son acte de baptême puis l'acte de mariage de ses parents. Sauf exception, j'arrête là l'exploration de cette branche. Il arrive parfois que cette incursion dans un territoire nouveau dévoile des situations assez étonnantes. Pour illustrer cela je vous propose un cas découvert récemment.

    Nous sommes à Asnières sur Oise en 1775. Le vingt-six janvier, Jean Baptiste Ganiat épouse Marie Magdelaine Beaucé. Voici l'acte que le curé Dubourguier rédige dans le registre de la paroisse dont il est le ministre.

    la confiance ne règne pas

      

    la confiance ne règne pas

      

    la confiance ne règne pas

    Le jeudi vingt six janvier mil sept cent soixante quinze ont été

    solennellement mariés en ma présence et des témoins soussignés après

    la publication des bans fait en cette paroisse et en celle de Craponne

    diocèse du Puy, le premier, six et huit de janvier sans qu'il ne

    soit paru aucun empêchement civil ni canonique comme il nous

    a paru par le certificat donné par le sieur privat prieur et curé dudit Craponne,

    le six du mois et an, signé privat, et égalisé par monsieur

    de la Brosse, vicaire général le onze dudit mois et an et par monsieur

    Raynauld secrétaire de monsigneur dupuy en vellay en outre les

    bans dudit jean baptiste ganniat de fait de la paroisse d'issy furent

    publiés le vingt cinq, vingt sept et vingt huit du mois de 

    décembre en la messe paroissiale dudit issy en l'année mil sept

    cent quatre vingt quatorze auquel publication ne s'est trouvé aucun

    empêchement ni civil ni canonique comme il nous est apparu  par le

    certificat du sieur soisil vicaire dudit issy en date du six janvier

    mil sept cent quatre vingt quinze et suivant le consentement dudit sieur mathieu

    ganiat nous a donné maitre Boulangé et autres habitants du faubourg

    du marché dial de cette ville de Craponne ayant donné libre et pleine

    volonté à son fils jean baptiste ganiat de recevoir la célébration du

    mariage sous condition que pierre bachelard son beau frère assistera

    ou donnera son consentement à la célébration dudit mariage  comme

    il nous est apparu par le consentement de mathieu ganiat père, passé en l'étude

    du notaire du sieur pastel et essartin tous deux notaires audit craponne

    avec les témoins soussignés ganiat et calmard en date du quinze

    novembre mil sept cent soixante quatorze et comme le consentement

    dudit mathieu ganiat père n'était que conditionnel nous avons voulu

    que pierre bachelard tailleur d'habits des menus plaisirs du roi à

    Paris rue du faubourg montmartre paroisse saint eustache ne

    ne pouvant point assister à la célébration du mariage dudit jean baptiste

    ganiat , nous avons exigé son consentement  passé par devant main de notaire

    qui fut maitre d'Osne, notaire à Paris et à son confrère le quinze dudit

    mois de janvier mil sept cent soixante quinze devant lequel ledit pierre

    bachelard a consenti que ledit jean baptiste ganiat, son neveu, pouvait contracter

    mariage avec la personne que bon lui semblerait, pourvu qu'elle soit 

    de la religion apostolique et romaine et en conséquence a constitué

    pour procureur dudit ganiat père le porteur de la présente jean brador vigneron

    auquel il donne pouvoir à la célébration dudit mariage et donc signer

    l'acte comme il nous a paru par ledit consentement qui nous a été 

    délivré par monsieur dosne notaire à Paris et son confrère qui ont

    signé tous deux avec pierre bachelard le vingt cinq janvier mil sept

    cent soixante quinze et ?? ledit jour et an que dessus  ?? jean

    baptiste ganiat âgé de vingt quatre ans ou environ fils de mathieu

    ganiat maitre boulanger audit craponne et de marguerite bachelard

    ses père et mère , lequel assisté de jean bardor son procureur et

    son ami et de noel jean brador aussi son ami d'une part et entre 

    marie magdelaine beaucé âgée de vingt neuf ans fille de défunt 

    denis beaucé en son vivant rubanier et de défunte marie catherine

    got ses père et mère et les bans de ladite marie magdelaine beaucé

    fait en la messe paroissiale dudit lieu sans qu'il se soit trouvé aucune

    opposition ni civile ni canonique, laquelle a été assistée par jean beaucé

    son oncle et son curateur, de jean pierre beaucé, jacques philippe hervin

    ses cousins d'autre part, témoins qui ont signé avec nous suivant

    l'ordonnance.

    Du fait de la  complexité de la situation, aggravée par l'absence de ponctuation et la syntaxe quelque peu chaotique de ce texte, il n'est peut-être pas inutile d'exposer l'intrigue de cette histoire en quelques mots.

    Il s'agit donc d'un mariage, célébré à Asnières sur Oise, paroisse de l'actuel Val d'Oise. Les futurs époux sont Jean Baptiste Ganiat et Marie Magdelaine Beaucé. Nous reviendrons plus tard sur les différents  lieux mentionnés dans l'acte de mariage.

    Le futur époux a obtenu le consentement de son père, Mathieu Ganiat, à son union avec Marie Magdelaine Beaucé. Ce consentement était nécessaire car Jean Baptiste Ganiat, qui à vingt quatre ans n'avait pas atteint le majorité, fixée à vingt cinq ans sous l'ancien régime.

    Cependant, le père qui, comme nous le verrons plus tard, ne connait vraisemblablement pas l'épouse choisie par son fils a conditionné ce consentement à l'approbation de Pierre Bachelard, son beau frère (frère de Marguerite Bachelard, sa propre épouse). Mais Pierre Bachelard, qui n'a visiblement pas reçu d'instructions claires du père méfiant, à moins qu'il soit réticent à les appliquer, se contente de déclarer, devant notaire, qu'il a mieux à faire que d'assister au mariage de son neveu et que celui peut bien, de toute façon, épouser qui bon lui semble à la seule condition que l'élue soit une catholique dans la ligne de Rome. Dans une région ou la quasi totalité de la population na guère le choix d'être autre chose que catholique bon teint, la condition en question ne devrait pas poser de problème.

    Ce fut d'ailleurs apparemment le cas puisque le mariage à bel et bien été célébré.

    Le coté anecdotique de cette histoire ayant été traité, je vous propose d'examiner, du  point de vue de la démarche de généalogiste, la restitution du contexte tant familial que géographique dans lequel vivaient ses protagonistes.

    Nous commencerons par Marie Magdelaine Beaucé, la future épouse, dont le cas est le plus simple.

    L'acte de son mariage avec Jean Baptiste Ganiat nous apprend qu'elle est la fille de  Denis Beaucé et Marie Catherine Got. Beaucé est un nom de famille répandu en particulier à Viarmes et dans ses environs. Au moment où nous commençons l'étude ce cas nous avons plusieurs Denis Beaucé dans l'arbre familial, mais aucun n'est marié à une Marie Catherine Got. Par bonheur, une recherche dans la base geneanet donne le mariage que nous recherchons. Trois personnes(1) ont ont posté un arbre avec ce couple qu'elles soient ici remerciées, en particulier celle qui a été la première à mettre cette information à la disposition de la communauté. Aucune des trois généalogistes ne mentionnent toutefois Marie Magdelaine Beaucé comme fille du couple. Elle pourront, si elles le souhaitent, compléter leur arbre lorsque j'aurais mis à jour le mien. C'est un bon exemple de l'intérêt du partage sur internet. Mais ces trois sources donnent des informations différentes sur le lieu mariage des parents de Marie Magdelaine Beaucé. C'est la dernière citée qui donne les informations les plus complètes et pertinentes.

    Le mariage entre Denis Beaucé et Marie Catherine Got, les parents de Marie Magdelaine a été célébré à Paris, paroisse Saint Eustache, le sept février mil sept cent quarante six. L'acte de mariage original est partie en fumée avec, entre autres, la quasi totalité des registres d'état civil parisien lors de l'incendie de l'hôtel de ville pendant la semaine sanglante de la commune de Paris en mil huit cent soixante et onze.

    Par bonheur, le curé d'Herblay, la paroisse d'origine de la mariée a inclus dans le registre qu'il tient le texte par lequel il autorise le mariage de sa paroissienne. Il est mentionné en marge de ce texte que le mariage a été le sept février. Voici cet texte :

    la confiance ne règne pas

      

    la confiance ne règne pas

     

    L'an mil sept cent quarante six le troisième jour

    du mois de février j'ai permis à monsieur le

    curé de St eustache à Paris de fiancer et

    marier Marie Catherine Got, ma paroissienne

    de droit, et la sienne de fait, fille mineure

    de nicolas got le jeune 

    et françoise paulmier demeurant en notre

    paroisse, avec denis beaucé de la paroisse

    de viarmes diocèse de beauvais, et demeurant

    à Paris paroisse St Eustache, fils de denis

    beaucé, marchand, et de françoise morier

    après que nous avons publié par trois

    dimanches ou fêtes, savoir le dimanche

    vingt trois, le dimanche trente janvier

    et le jour de la purification de la Ste vierge

    deux du présent mois, auxquelles publication

    il ne s'est trouvé aucun empêchement

    Cet acte confirme que le Denis Beaucé présent dans notre arbre familial, fils de Denis et de Françoise Morier et le Denis Beaucé, père de Marie Magdelaine qui épouse Jean Baptiste Ganiat sont bien une seule et même personne. Le couple vivait à Paris où son mariage a été célébré en mil sept cent quarante six.

    Selon l'acte de mariage de leur fille Marie Magdelaine, celle-ci est âgée de vingt neuf ans en mil sept cent soixante quinze, ce qui situe sa naissance vers mil sept cent quarante six, peu de temps après le mariage de ses parents. Ses deux parents sont décédés lorsqu'elle se marie. Nous n'avons pas pu consulter les actes de décès des parents de Marie Magdelaine, ni son propre acte de baptême. Comme la famille vivait à Paris, ces actes ont vraisemblablement disparus dans l'incendie évoqué plus haut. L'hypothèse la plus vraisemblable est que les parents de Marie Magdelaine sont décédés alors qu'elle était encore très jeune et qu'elle a été recueillie par sa famille paternelle, dans le Val d'Oise, à Asnières sur Oise où les bans on été publiés et le mariage célébré. Son Curateur est vraisemblablement Jean Beaucé, mon Sosa 340, frère de son grand père, donc un grand oncle et non un oncle comme mentionné dans l'acte.

    Une autre information "cachée" dans l'acte de mariage de marie Magdelaine va nous permettre de retracer sa vie, ou plutôt sa mort. Plusieurs noms de lieu sont mentionnés dans cet acte. Craponne où résidait le père du futur marié, Asnières sur Oise où les bans ont été publiés et le mariage célébré et, enfin, Issy, autre ville où les bans ont été publié, lieu de résidence de Jean Baptiste Ganiat, le futur époux. Plusieurs localités porte ce nom en France : Issy l'évêque en Saône et Loire et Issy les Moulineaux dans les actuels Hauts de Seine. C'est dans cette dernière que nous allons retrouver la trace du couple récemment uni.

    Lorsqu'on examine les actes du registre paroissial d'Issy les Moulineaux pour l'année mil sept cent soixante quinze, on trouve au bas de certains d'entre eux la signature du vicaire Soisil, celui là même qui a envoyé au curé d'Asnières sur Oise le certificat autorisant le mariage de Jean Baptiste Ganiat, son paroissien.

    la confiance ne règne pas

     

    Issy les Moulineaux est donc bien le lieu où vivait Jean Baptiste Ganiat. Cette ville se trouve à une quarantaine de kilomètres d'Asnières sur Oise, ce qui n'était pas rien au XVIIIème siècle. Nous ignorons bien sûr comment les deux futurs époux se sont rencontrés, la profession de Jean Baptiste Ganiat, qui n'est mentionné dans aucun des actes où son nom apparait, l'a peut-être amené à croiser la route de sa future épouse.

    C'est dans le registre paroissial d'Issy les Moulineaux qu'on trouve un acte où apparaissent les noms des époux.

    la confiance ne règne pas (1)

     

    L'an mil sept cent soixante quinze, le deux décembre a été

    inhumée par nous prêtre du consentement de m le curé de cette paroisse le

    corps de marie magdelaine beaucé décédée d'hier âgée d'environ vingt neuf ans

    femme de jean baptiste gagnard après avoir reçu les sacrements des malades

    et ce en présence de son marie de jean baptiste beaucé de benoit 

    alard lesquels ont signé avec nous

    C'est ainsi que ce termine la courte vie de Marie Magdelaine Beaucé, moins d'un an après son mariage.

    Ce sera aussi la fin de nos recherches sur la malheureuse. Il nous reste à tenter de reconstituer l'histoire de son époux, Jean Baptiste Gagniat. Ce sera l'objet d'un second billet. 

    notes :

    1 Agnès GAULTIER de la FERRIERE, Floriane BARTHE et Elisabeth MALLÈVRE LAGRANGE

     


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  • Ce n'est peut-être que le fruit du hasard, à moins qu'il s'agisse d'un changement profond des mœurs au moment du passage entre les dix huitième et dix neuvième siècle, période troublée s'il en fut, mais c'est un fait que le blog dont vous êtes à l'instant lecteur et dont les billets récents s'appuient sur les actes dressés à cette époque devient en grande partie une chronique des infidélités et autres aventures extra maritales.

    Cela commence, en l'an mil sept cent quatre vingt dix huit, par le couple formé par Louis Langlois et Catherine Honorine Breteville. Le billet "la double inconstance à Viarmes (1)" conte les aventures du mari et "la double inconstance à Viarmes (2)" celles de l'épouse.

    Ensuite le billet "Opéra breton" est consacré à Hyacinthe Ebroussard qui abandonne en Bretagne femme et enfants pour revenir dans son pays natal, le Val d'Oise, commencer une nouvelle vie.

    Puis nous avons, dans "L'éléphant dans la pièce", l'étonnante histoire de Marie Françoise Félicité Vanesme qui attribue la paternité des enfants qu'elle met au monde à un homme qu'elle n'a pas vu depuis des années.

    C'est à Nicolas Dubois que nous allons nous intéresser aujourd'hui. Il est né à Compiègne le neuf juillet mil sept cent quarante deux. A l'âge de vingt trois ans, il épouse, le quatorze janvier mil sept cent soixante six, à Fleurines, un village de l'Oise, une veuve de cinquante deux ans, Marie Jeanne Lavoisier qui a perdu son premier époux, Antoine Frigaux, quatre ans auparavant. Je vous épargne la lecture des actes de naissance et de mariage de ce couple qui ne présentent pas d'intérêt pour cette histoire. Ils sont bien sûr accessibles en ligne sur le site des archives départementales de l'Oise. Vous trouverez toutes les informations nécessaires sur l'arbre que je tiens à jour sur le site de partage geneanet.

    Il ne sera plus question du couple dans les registres de Fleurines jusqu'au décès de Marie Jeanne Lavoisier. Voici l'acte dressé à cette occasion :

    liberté chérie

     

    liberté chérie

     

    Aujourd'hui premier jour du mois de germinal

    troisième année de la République française une et indivisible

    par devant moi Laurent Arnoult maire de cette commune

    officier public provisoire pour cause de la maladie de

    Louis Guerlin tailleur d'habits membre du conseil général

    de cette commune et officier public à l'effet de rédiger

    les actes destinés à constater la naissance, mariage

    et décès des citoyens de cette commune, conformément

    à la loi du 20 septembre mil sept cent quatre vingt

    douze (vieux style) est comparu à la chambre de

    commune Geneviève Lavoisier, journalière domiciliée

    dans cette commune âgée de cinquante cinq ans, assistée de

    Jean Louis Lavoisier, marchand de planches âgé de

    trente six ans et de pierre Nicolas Lavoisier âgé de

    trente trois ans et de Nicolas Havy manouvrier âgé

    de trente sept ans, ses neveux, tous trois domiciliés

    dans cette commune laquelle Geneviève Lavoisier fille 

    a déclaré à moi officier public provisoire que Marie

    Jeanne Lavoisier sa tante du coté paternel est décédée

    hier à six heures du soir en l'absence de Nicolas

    Dubois son mari en légitime mariage, en sa maison

    située dans cette commune, rue de la grande fontaine

    âgée de quatre vingt deux ans; d'après cette décla-

    ration; moi officier public provisoire je me suis transporté

    au lieu de ce domicile et je me suis assuré du décès de la dite

    Marie Jeanne Lavoisier et j'en ai dressé le présent acte que

    lesdits Jean Louis Lavoisier, Pierre Nicolas Lavoisier et

    Nicolas Havy, témoins, ont signé avec moi, et la dite Geneviève

    Lavoisier a délaré ne savoir signer les jours mois et an

    que dessus.

    L'acte précise que l'époux de la défunte, Nicolas Dubois, est absent. Pourtant on voit bien sa signature au bas de l'acte, même s'il n'est pas cité comme témoin dans le texte. Il faut sans doute en déduire que, prévenu du décès de son épouse, il s'est déplacé pour assister à son inhumation, qui à eu lieu deux jours après le décès. Mais il n'était clairement pas présent au domicile conjugal au moment où son épouse est morte.

    On comprend mieux la formulation de cet acte lorsque on retrouve la trace de Nicolas Dubois à Chaumontel.

    Contrairement à Fleurines, Chaumontel n'est pas dans l'Oise, mais dans la Val d'Oise même si les deux localités ne sont distantes que d'une trentaine de kilomètres. Voici l'acte où il est question de Nicolas Dubois :

    liberté chérie

    Aujourd'hui deuxième jour d'avril 1782 à été par moi

    soussigné baptisé un fils, né de ce jour ?? d'elisabeth

    pincemaille et des œuvres de nicolas dubois carrier en grès

    ledit dubois originaire de fleurines, vivant depuis environ dix huit

    mois dans cette paroisse avec ladite mère de l'enfant lequel 

    a été nommé rose augustin par mr augustin boullet

    cuisinier de mr Bouillard de Bertinval, assisté de

    rose marguerite lamar gouvernante dans la même maison

    tous de cette paroisse qui ont signé avec nous présence des

    soussignés

    Le curé n'utilise pas en rédigeant cet acte la formule habituelle, "né du légitime mariage de..." mais mentionne les "œuvres de nicolas dubois" ce qui indique clairement que si les géniteurs du nouveau né ne sont pas mariés, ils ne font pas mystère de leur relation.

    L'histoire se répète un peu plus de trois en plus tard, avec quelques variantes qui ont leur importance :

    liberté chérie

    L'an mil sept cent quatre vingt cinq le vingt cinq du mois

    de novembre est né et le vingt six  a été baptisé par moi

    curé soussigné jean henry, fils de nicolas dubois

    manouvrier à avilly et de marie elisabeth 

    pincemaille son épouse le parrain a été jean henry

    harlet qui a signé avec nous et la marraine marie marguerite

    victoire ? qui a déclaré ne savoir signer

    Le couple s'est déplacé dans l'Oise vit dorénavant à Avilly, où Avilly Saint Léonard pour donner le nom complet.

    Ce village se situe à peu près à mi-chemin entre Fleurines et Chaumontel. 

    Dans cet acte le curé cite Marie Elisabeth Pincemaille comme épouse de Nicolas Dubois. Il semble donc qu'il ignore la situation réelle du couple. Les intéressés se sont apparemment bien gardés de la lui révéler.

    A trois autre reprise, le curé Blanquet qui officie à Avilly Saint Léonard va réutiliser la même formule d'épouse pour qualifier Marie Elisabeth Pincemaille, lors du décès de Jean Henry, le douze septembre mil sept cent quatre vingt sept, le vingt six septembre mil sept cent quatre vingt sept à la naissance de Louise Adélaïde et le deux septembre mil sept cent quatre vingt neuf à la naissance de Pierre Marie. C'est seulement le premier août mil sept cent quatre vingt douze que la rédaction de l'acte de naissance de Noel laisse penser qu'il a connaissance de la situation de Nicolas Dubois :

    liberté chérie

     

    L'an mil sept cent quatre vingt douze le vpremier du mois d'août est

    né et le second  a été baptisé par moi curé soussigné noel, fils

    de nicolas dubois et naturel de marie elisabeth pincemaille

    demeurant à avilly le parrain a été noel nicolas leblond

    entrepreneur des ponts et chaussées résidant à senlis soussigné et la

    marraine a été marie louis françoise noel de senlis qui a déclaré

    ne savoir signer.

    En effet, enfant naturel est le terme consacré à cette époque pour qualifier les naissances hors mariage.

    C'est une formule tout aussi alambiquée aussi est utilisée au décès de Nicolas Dubois, le premier mai mil huit cent deux :

    liberté chérie

     

    du douze floréal l'an dix de la république

    acte de décès de Nicolas Dubois bateur de bavé demeurant

    à avilly de cette commune âgé de cinquante huit ans

    natif de St Germain les Compiègne, veuf de Marie

    Jeanne Lavoisier décédée en la commune de Fleurines de ce

    département décédé hier à huit heures du soir

    sur la déclaration à moi faite par Marie Jeanne Pincemaille

    demeurant chez lui et par François Marcq demeurant

    en cette commune qui a signé

    Constaté suivant la loi par moi Jean Louis François

    Leclerc adjoint au maire de cette commune faisant

    les fonctions d'officier public de l'état civil soussigné.

    Maintenant que Marie Jeanne Lavoisier est morte, il devient possible d'évoquer sa relation de veuf avec elle. Pour ce qui est de Marie Elisabeth Pincemaille, on "apprend" qu'elle vit chez lui. Le fait qu'elle soit la mère de ses cinq enfants, dont quatre sont vivant à ce moment est pudiquement omis.

    Il reste un acte à lire pour nous aider à comprendre dans quelle situation étaient les proches de Nicolas Dubois en conséquence de sa double vie. Il s'agit de celui dressé lors du mariage de Rose Augustin Dubois, fils ainé de Nicolas avec Marie Jacqueline Lecomte, mariage célébré à Viarmes douze septembre mil huit cent seize. Comme cet acte est soigneusement écrit et très lisible, je me suis contenté de transcrire la partie située au tout début, avec la filiation du futur époux.

    liberté chérie

     

    liberté chérie

    l'an mil huit cent seize, le douze du mois de septembre

    par devant nous maire et officier de l'état civil de la

    de la commune de viarmes canton de luzarches, deuxième

    arrondissement du département de seine et oise

    est comparu rose augustin, carrier en grès

    né à chaumontel le deux avril mil sept cent

    quatre vingt deux, demeurant à saint firmin

    canton et arrondissement de senlis, département

    de l'oise, fils naturel d'elisabeth pincemaille

    ci présente et consentante audit mariage

    demeurante audit saint firmin et suivant son

    acte de naissance, provenant des œuvres de 

    défunt nicolas dubois en son vivant aussi

    carrier en grès et demoiselle marie jacqueline leconte

    .....

    On voit, à la lecture de ce texte, que jamais le patronyme Dubois n'est accolé au prénom du futur époux. De même, Noel et Pierre Marie ses deux frères cités comme témoins, sont décrit comme étant des œuvres de Nicolas Dubois sans qu'aucun nom de famille soit accolé à leur prénom. Dans le récapitulatif en fin d'année, le nom de Dubois n'est pas non plus mentionné :

    liberté chérie

     

    Il est clair que, même après la mort de son épouse légitime, Nicolas Dubois n'a pas régularisé sa situation avec la femme qui a partagé une bonne partie de sa vie. Plus grave sans doute, ses propres enfants sont resté illégitimes et ont vraisemblablement été privés de tout droit d'héritage à  la mort de leur père. Ce point mériterait d'être vérifié, un testament a sans doute pu corriger cette injustice.

    Et si vous avez la curiosité de consulter la table décennale de cette période pour la ville de Viarmes, vous constaterez que ce mariage n'est pas dans la liste.

    Enfin, les frères et sœur de Rose Augustin ont été traités différemment lors de leur mariage respectifs. Il sont considérés comme enfants de Nicolas Dubois. Cela tient sans doute à la rédaction différente de leur acte de naissance.


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  • Dans le billet précédent intitulé mourir à Dresde, consacré à Pierre Louis Lecomte, malheureux soldat de l'armée napoléonienne mort à Dresde en mil huit cent treize, sa famille était brièvement évoquée. Voici le récit des évènements vécus par cette famille à Noisy sur Oise en l'absence du chef de famille.

    En partant pour endosser l'uniforme des fantassins de Napoléon, Pierre Louis a laissé derrière lui Marie Françoise Félicité Vanesme qu'il avait épousé le dix sept novembre mil huit cent huit, à Noisy sur Oise, et l'enfant que le couple a eu, Françoise Julienne, qui est née à Noisy sur Oise le treize octobre mil huit cent neuf.

    Cette dernière avait à peine commencé la seconde année de sa vie lorsque son père a quitté le foyer familial puisque, selon sa fiche matricule, Pierre Louis est arrivé au corps le trois mai mil huit cent onze.

    Il faut se tourner vers les registres d'état civil de Viarmes pour retrouver le nom de Marie Françoise Félicité Vanesme. C'est dans l'acte ci-dessous dont je vous propose la lecture que ce nom réapparait:

    imbroglio à Noisy sur Oise

     

    l'An mil huit cent quinze le vingt huit du mois de décembre à huit

    heures du matin, par devant nous François Perrin Maire et officier de

    l'état civil de la Commune de Viarmes Canton de Luzarches Deuxième

    arrondissement du Département de Seine et Oise, est comparu Monsieur

    Jean Baptiste Harte, chirurgien accoucheur âgé de vingt neuf ans

    demeurant en cette commune lequel nous a présenté un enfant du sexe féminin

    née le vingt sept du mois de décembre à six heures du matin du légitime

    mariage de Pierre Louis Lecomte, soldat aux armées françaises et de

    marie françoise félicité Vanesme, son épouse âgée de vingt six ans

    domiciliée en la commune de Noisy sur Oise demeurant présentement en cette

    commune de Viarmes et auquel on a donné à l'instant les prénoms de 

    Jeanne Françoise Catherine lesdites déclarations et présentations faites

    en présence des sieurs Jean Nicolas Davanne cultivateur âgé de cinquante

    cinq ans. Le second témoin Jean François Léonard, tailleur d'habits âgé de

    trente quatre ans tous deux demeurants en cette commune et ont les déclarants 

    et témoins signés avec nous le présent acte de naissance après que lecture leur en

    a été faite à l'exception de Pierre Louis Lecomte qui n'ayant pas signé vu

    son absence.

    Vous savez, au moins si vous avez lu attentivement le billet consacré à la brève carrière militaire de Pierre Louis Lecomte, que celui qui est nommé dans l'acte comme père de l'enfant nouveau né est mort depuis plus de deux ans et que son "absence" n'a donc rien de temporaire ni d'étonnant.

    Vous savez aussi que la mère de l'enfant en question ignore, au moins formellement, le décès de celui avec lequel elle s'est unie devant le maire de Noisy sur Oise. Elle est par contre particulièrement bien placée pour savoir que Pierre Louis Lecomte n'est pas le père de la petite Jeanne Françoise Catherine.

    Noisy sur Oise est tout près de Viarmes et ces deux localités sont plutôt petites. Dans ce monde assez fermé, peu de choses restent secrètes très longtemps. Le rédacteur et les témoins connaissaient ils la situation réelle de Marie Françoise Félicité Vanesme au moment où ils ont signé cet acte manifestement et grossièrement faux ?

    Je penche pour ma part plutôt pour une certaine mansuétude face à la situation d'une femme abandonnée qui n'a aucun moyen de dissoudre son union avec un époux réputé vivant mais introuvable et qui doit faire face, seule, aux aléas de la vie. Ceci est d'autant plus plausible si, hypothèse qu'on ne peut exclure, Pierre Louis Lecomte a empoché la somme rondelette que lui a rapporté son remplacement pour s'enfuir et démarrer une nouvelle vie.

    C'est de nouveau à Viarmes qu'apparaitra le nom de Marie Françoise Félicité Vanesme dans un registre :

    imbroglio à Noisy sur Oise

      

    imbroglio à Noisy sur Oise

    l'An mil huit cent dix sept le dix sept du mois

    de mars à huit heures du matin, par devant nous François Perrin

    Maire officier de l'état civil de la Commune de Viarmes Canton de Luzarches Deuxième arrondissement du Département de Seine et Oise,

    est comparu Monsieur Jean Baptiste Harte, chirurgien accoucheur âgé

    de trente ans demeurant en cette commune lequel nous a présenté un

    enfant du sexe féminin née le seize du mois de mars à

    sept heures du matin du légitime mariage de Pierre Louis

    Lecomte, soldat aux armées françaises et de marie françoise

    félicité Vanesme, son épouse âgée de vingt sept ans

    demeurante en cette commune et auquel on a donné à

    l'enfant les prénoms de Joséphine Prudence lesdites

    déclarations et présentations faites en présence de messieurs

    Joseph Xavier Latré, boucher âgé de vingt six ans, parrain

    de l'enfant demeurant en cette commune. Le second témoin

    Pierre Louis Duboscq, aussi boucher âgé de trente deux

    ans demeurant à Belloy canton dudit Luzarches, département de Seine et

    Oise époux de la marraine de l'enfant. Et ont les déclarants

    et témoins signés avec nous le présent acte de

    naissance après que lecture leur en a été faite à l'exception

    de Pierre Louis Lecomte qui n'ayant pas signé vu son absence.

    Cet acte est une copie presque mot pour mot du précèdent. Seuls changent les noms de la nouvelle née et des témoins. Chacun fait mine de trouver parfaitement normale l'absence du père désigné, bien que personne ne l'ait vu ni ait eu de nouvelle de lui depuis six ans.

    Nous allons maintenant parcourir les quelques trois kilomètres qui séparent Viarmes de Noisy sur Oise pour découvrir le prochain épisode de cette histoire.

    C'est en effet là que Joséphine Prudence va mourir, rejoignant l'inimaginable cohorte des enfants morts dans leur prime enfance.

    imbroglio à Noisy sur Oise

     

    imbroglio à Noisy sur Oise

     

    l'an mil huit cent dix huit le

    mardi vingt deux septembre a été dressé

    l'acte de décès de joséphine prudence

    lecomte dédédé de la veille âgée de

    seize mois, fille de Pierre Louis Lecomte

    soldat aux armées française et de marie

    françoise félicité vanesme domiciliée

    en cette commune de noisy sur oise

    deuxième arrondissement du département

    de seine et oise sur la déclaration

    à moi faite par nicolas germain

    gerard tisserand âgé de cinquante ans

    et par lucien vatellier instituteur

    âgé de quarante cinq ans, tous deux

    domiciliés  audit noisy sur oise

    et constaté par moi germain

    devaux maire et officier public de l'état

    civil dudit noisy soussigné avec les

    témoins après lecture faite.

    dont acte fait à la mairie le jour

    mois et an susdit

    Pas plus qu'à Viarmes on ne s'étonne de l'absence du père lors du décès de sa soi-disant fille. Mais sa situation de soldat est sans doute considérée comme une explication suffisante.

    Nous allons rester à Noisy sur Oise pour la suite des aventures de Marie Françoise Félicité. C'est en effet dans cette commune que va naitre son premier enfant male.

    imbroglio à Noisy sur Oise

      

    imbroglio à Noisy sur Oise

     

    du dix sept février mil huit cent dix neuf

    heure de dix du matin acte de naissance

    de joseph marie lecomte du sexe masculin

    né d'aujourdhui à huit heures chez

    ses père et mère  fils de pierre louis lecomte

    soldat aux armées françaises et de

    marie françoise félicité vanesme

    demeurant en cette commune son épouse

    légitime

    les témoins ont été nicolas germain

    gerard tisserand âgé de cinquante

    deux ans et lucien vatellier instituteur

    âgé de quarante six ans tous deux

    demeurants en cette commune de noisy

    sur oise

    sur la déclaration de Mr jean

    baptiste harte chirurgien accoucheur

    demeurant à Viarmes qui a signé 

    avec les témoins et nous maire après

    lecture faite

    Joseph Marie ne vivra qu'un an et c'est à Noisy sur Oise que son acte de décès sera dressé.

    imbroglio à Noisy sur Oise

     

    imbroglio à Noisy sur Oise

    du seize février mil huit cent vingt,

    heure de huit du matin, acte de décès

    de joseph marie lecomte âgé d'un an

    né en cette commune de noisy sur oise

    décédé d'avant hier à huit heure du soir

    en sa demeure fils de pierre louis lecomte

    absent depuis cinq ans, soldat aux armée

    française et de marie françoise félicité

    vanesme demeurant en cette commune

    les témoins ont été nicolas germain

    gerard tisserand âgé de cinquante trois ans

    et lucine vatelier instituteur âgé de quarante

    ans tous deux demeurant en cette

    commune lesquels ont signé ave nous

    maire après lecture faite et le décès

    constaté par nous soussignés

    A part une mention de la durée de l'absence du père de l'enfant défunt, quelque peu minorée puisque cela fait non pas cinq ans que Pierre louis Lecomte à disparu mais bien presque sept ans si on compte à partir de la date de son décès et même neuf si c'est la date de son arrivée à l'armée qui démarre le compteur. Mais chacun fait mine de ne pas voir l'éléphant dans la pièce, à savoir le père de ces enfants systématiquement nommé dans les actes et qui est toujours absent.

    Il est temps d'assister au dénouement de cette histoire. C'est en deux temps que les habitants des communes de Noisy sur Oise et de Viarmes vont sortir du déni dans lequel elles vivent depuis plusieurs année à propos de Pierre Louis Lecomte.

    D'abord il y a ce texte écrit dans le registre de Noisy sur Oise :

     L'éléphant dans la pièce

     L'éléphant dans la pièce

     

    L'éléphant dans la pièce

     

     aujourd'hui  trois février mil huit cent vingt trois

    nous maire de la commune de noisy sur oise avons

    reçu de son excellence le ministre de la guerre une

    expédition de l'acte de décès de pierre louis lecomte

    fils de françois simon lecomte et de marie

    geneviève grasaleuil né en mil sept cent quatre

    vingt huit en cette commune de noisy sur oise

    en conséquence nous avons transcrit sur les deux

    registres le contenu de ladite expédition

    demeurera annexée au registre qui

    doit être déposé au greffe du tribunal.

    Par ordre du ministre secrétaire d'état de la

    guerre 

    le secrétaire général du ministère certifie

    que du registre matricule du douzième

    régiment de ligne, déposé au bureau des lois

    et archives, section de l'état civil militaire

    a été extrait ce qui suit folio 132 n° 3787.

    pierre louis lecomte fils de françois

    simon et marie geneviève grasaleuil né le

    mil sept cent quatre vingt huit à noisy sur oise

    département de seine et oise entré au service 

    le trois mai mil sept cent onze en remplacement

    du sieur joseph hudes, conscrit de mil huit cent onze

    compris sur la lsite du canton de luzarches

    sous le n° vingt deux

    mort par suite de fièvre à l'hôpital du

    grand manège à Dresde le quatorze août

    mil huit cent treize.

    en foi de quoi il a été délivré le présent

    certificat pour servir et valoir ce que de raison

    fait à Paris le dix huit décembre mil huit cent

    vingt deux l'intendant général de l'administration

    signé Perceval

    de tout quoi nous avons dressé le présent

    acte que nous avons signé sur les deux registres

    lesdits jour mois et an.

    Les proches de Pierre louis Lecomte sont désormais au courant de sa mort, ceux qui s'en doutaient, comme les autres, s'il en restaient. 

    Vous, lecteurs, le saviez dès le début de cette narration mais vous vivez en 2021 et les registres matricules des soldats de Napoléon sont accessibles sans même sortir de chez soi. Merci tout de même au bénévole qui a indexé, sous le pseudo matricules1815, le registre dans lequel se trouve la fiche de Pierre Louis Lecomte. C'est grâce à ce travail d'indexation qu'on peut retrouver en quelques seconde la fiche d'un soldat avec seulement son nom et sa commune d'origine.

    les habitants de Noisy sur Oise ont attendu en 1823 près de dix ans pour connaitre ce que fut son destin. 

    Sur la page suivante du registre de Noisy sur Oise se trouve un acte qui va faire sortir de l'ombre un personnage dont ont pouvait présumer l'existence mais qui avait l'obligation de rester caché, au moins dans le documents officiels. 

     L'éléphant dans la pièce

     

     L'éléphant dans la pièce

     

    L'éléphant dans la pièce

      

    L'éléphant dans la pièce

     

    du douze février mil huit cent vingt trois

    heure de dix du matin, acte de mariage de jean baptiste

    honoré briot cordonnier âgé de trente deux ans

    né en cette commune y demeurant fils légitime

    de pierre toussaint briot propriétaire et de

    marguerite honorine gauthier demeurant en

    cette commune

    et marie françoise félicité vanesme âgée

    de trente trois ans , née également en cette commune 

    y demeurant, veuve de pierre louis lecomte

    et fille de défunt françois alexis vanesme

    vigneron et de marie elisabeth beaucheron

    demeurant aussi en cette commune

    nous maire de la commune de noisy sur oise

    vu les actes de naissance des futurs, l'acte de

    décès du mari de la future et celui de son père

    ainsi que les actes de publication faites les

    cinq et douze de janvier dernier sans opposition

    après avoir donné lecture aux parties

    comparantes assistées des quatre témoins

    ci après nommés, soussignés, des pièces

    susénnoncées relatives à leur état et aux

    formalités de mariage toutes les dites

    pièces en bonne forme dûment signées

    et paraphées au désirs de la loi pour être

    déposées au greffe du tribunal ainsi que

    du chapitre six du titre du mariage

    sur les droits et devoirs des époux

    Avons reçu la déclaration de jean baptiste

    honoré briot qu'il prend pour épouse marie

    françoise félicité vanesme et de la part

    de marie françoise félicité vanesme qu'elle

    prend pour époux jean baptiste honoré

    briot

    en conséquence, nous avons déclaré

    au nom de la loi que jean baptiste honoré

    briot et marie françoise félicité vanesme

    sont unis en mariage

    lesdits époux nous ont déclaré qu'il

    existe un enfant naturel de sexe féminin

    fruit de leurs œuvres que cet enfant

    loin d'avoir été reconnu lors de sa naissance

    particulièrement par jean baptiste honoré

    briot, fut présenté à l'officier public de la

    commune de viarmes le vingt huit décembre

    mil huit cent quinze comme provenant

    du légitime mariage de marie françoise félicité

    vanesme avec pierre louis lecomte soldat

    aux armées françaises attendu que la preuve légale

    du décès de celui-ci n'était pas encore acquise

    qu'il est évident que cet enfant ne pouvait

    appartenir audit lecomte puisqu'il est né deux

    ans quatre mois et treize jours après sa mort

    suivant l'acte ci-dessus énoncé , les époux susdénommés

    reconnaissent donc pour leur enfant qu'ils 

    entendent légitimer jeanne françoise catherine

    née à viarmes le vingt sept décembre mil huit

    cent quinze à dix heures du matin qu'ils nous ont

    présenté se réservant de pouvoir par la voie

    qu'indique la loi pour faire rectifier l'acte civil

    qui a été dressé à viarmes pour constater 

    la naissance de cette fille, laquelle déclaration

    nous avons reçu et inscrite sur les deux registres

    tout ce que dessus fait en présence et du consentement

    des père et mère du contactant et de la mère

    de la contractante, comme aussi en présence

    de françois petit, peintre âgé de vingt huit ans

    demeurant à paris, neveu de l'épouse, michel

    guerlin cultivateur âgé de quarante cinq ans

    beau frère de l'époux, françois anselme

    renard, boucher âgé de cinquante trois ans

    et jacques antoine chalot, maréchal ferrant

    âgé de vingt six ans, tous trois demeurant

    en cette commune qui ont signé avec le père

    du contractant et nous maire après lecture

    faite en deux mères du contractant et la

    contractante ont déclaré ne savoir signer

    de ce requis. 

    C'est donc Jean Baptiste Honoré Briot, le nouveau venu, qui reconnait comme son propre enfant Jeanne Françoise Catherine, la première née des enfants après la disparition de Pierre Louis Lecomte. Je ne sais si la question de la reconnaissance des deux autres enfants, Joséphine Prudence et Joseph Marie s'est posé. Sans doute les protagonistes ont décidé que les deux étant mots en bas âge, il convenait de laisser de coté la question de leur nom de famille. 

    Cela pose néanmoins un problème au généalogiste. Leur laisser le nom de Lecomte n'est pas raisonnable puisqu'on est certain qu'il n'est pas leur père. Il n'est pas question non plus de les nommer Briot puisque rien ne prouve qu'ils sont ses enfants et que, contrairement à Jeanne Françoise Catherine, ils ne les a pas formellement reconnus. Pour ma part, il seront nommés Vanesme dans mon arbre et seront nés de père inconnu.

    On pourrait aussi s'interroger sur le raisonnement du maire de Noisy sur Oise qui écrit que, comme Pierre Louis Lecomte était décédé depuis longtemps à la naissance des enfants en question, il ne pouvait en être le père et que tous ceux qui ont attesté la vérité des actes d'état civil qui les concerne sont absous d'un mensonge manifeste.

    Tout aussi troublant le fait que selon le maire, c'est la preuve légale du décès du premier époux de Marie Françoise félicité Vanesme qui permet de procéder au mariage de celle devenue veuve avec Jean Baptiste Honoré Briot et que le document qui apporte cette preuve est daté du trois février mil huit cent vingt trois, comment a-t-il été possible de publier en mairie les bans du nouveau mariage les cinq et douze janvier de cette même année ?

    Il y a fort à parier que ces bans sont anti datés. On est pas a un arrangement près à Noisy sur Oise.

    J'ignore si le tribunal de Pontoise, saisi pour modifier les actes d'état civil, s'est posé les mêmes questions, mais il a fini par accepter la requête des nouveaux époux et cela se traduit par la mention marginale à l'acte de mariage des nouveaux époux :

    l'enfant mentionné

    au présent acte de

    mariage a été

    légitimé en vertu

    d'un jugement rendu

    à Pontoise le jeudi

    3 avril  1823

    dont expédition

    nous a été

    communiquée

    Une mention en marge de l'acte de naissance de Jeanne Françoise Catherine officialise le changement de nom de famille de l'enfant.

    Ami lecteurs, vous me pardonnerez sans doute d'avoir caché cette mention qui aurait ôté une bonne partie de son intérêt à cette histoire si vous en aviez eu connaissance aussi tôt.

     

     

     

     


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  • Mes recherches en cours sur nos ascendants et leurs collatéraux plus ou moins proches du Val d'Oise concernent actuellement l'année 1815, qui est restée dans l'histoire du pays comme celle des cent jours et du bref retour au pouvoir de Napoléon Bonaparte.

    Avec les retards pris par l'administration de l'époque pour gérer les dossiers des très nombreux soldats morts pendant les différentes campagnes, certains actes de décès, parfois fort anciens, sont transcrits dans les registres de la commune d'origine du soldat mort en opération.

    C'est le cas de celui de Pierre Louis Lecomte qui est né à Noisy sur Oise le huit septembre mil sept cent quatre vingt huit et s'est engagé à vingt-deux ans.

    Voici sa fiche matricule:

    Mourir à Dresde

     

    Cette fiche nous donne, en plus des caractéristiques physiques, de précieux renseignements sur son passage dans les rangs de la grande armée.

    Pour commencer la fiche nous apprend que Pierre Louis Lecomte est le remplaçant de Joseph Hudde, un ressortissant de Saint Martin du Tertre, une commune voisine de Noisy sur Oise.

    Un petit rappel pour ceux qui ignoreraient ce que cela signifie, chaque année se réunissaient au chef lieu de canton tous les jeunes hommes qui avait atteint l'âge de vingt ans dans l'année, pour le conseil de révision.

    On examinait tout d'abord l'état de santé de chaque participant afin de vérifier si il était "bon pour le service". Les heureux élus était ensuite classés par un tirage au sort. Les hommes étaient ensuite appelés aux armées en fonction des besoins, dans l'ordre croissant des numéros tirés.

    Plus le numéro était petit plus grandes étaient les chances d'être appelé. Il était possible, moyennant un dédommagement négocié entre les parties, de se faire remplacer.

    Un homme issu d'une famille aisée ayant tiré un mauvais numéro pouvait ainsi envoyer aux armée un autre plus chanceux au tirage mais prêt à passer quelques années sous l'uniforme et à y risquer sa peau pour améliorer la situation financière de sa famille.

    C'est la loi Jourdan qui a instauré en mil sept cent quatre vingt douze la conscription pour tous les hommes valides qui étaient donc potentiellement des soldats. Le système de remplacement s'est mis en place au fil du temps.

    Normalement un remplaçant devait remplir certaines conditions, dont celle de ne pas être marié. Pourtant, Pierre Louis Lecomte était bien marié et même père de famille en mil huit cent onze.

    En effet son mariage avec Marie Françoise Vanesme a été célébré à Noisy sur Oise  trois ans plutôt, le dix sept novembre mil huit cent huit et Françoise Julienne est venue au monde le treize octobre mil huit cent neuf. Alors comment Pierre Louis a-t il pu remplacer Joseph Hudde ? Voila une question dont j'ignore la réponse.

    On trouve dans la dernière colonne de la fiche matricule sous la désignation "date et motifs de sortie du corps" une brève description des évènements qui ont jalonnés son passage sous les drapeaux. Probablement inscrite dans l'ordre chronologique, on trouve les mentions suivantes : 

    • perdu en russi (russie) rayé le 1er juillet 1814. Il s'agit de la désastreuse campagne de Russie qui a dévasté la grande armée. Sans doute qu'à la date mentionnée on avait perdu la trace de ce soldat, comme de beaucoup d'autres. D'ailleurs les noms qu'on trouve dans la liste avant et après celui de Pierre Louis Lecomte portent presque tous la même mention. Comme cette liste est organisée par entité militaire, ici le 12eme régiment d'infanterie de ligne, on peut en déduire que cette unité a subit d'énormes pertes. Le fait qu'on ne raye les noms de ces soldats que plusieurs années après ces évènements révèle la pagaille dans laquelle s'est déroulée la retraite de Russie avec sa traversée de la bérézina, de triste mémoire.
    • Co d'absce 6 mars 1819 Mte de la justice. Si j'interprète correctement les abréviations, une "commission d'absence" du ministère de la justice s'est penchée sur le cas de notre malheureux Pierre Louis. Je n'ai pas la moindre idée de ce que cette commission était censée faire et on ne peut pas dire que le texte noté sur la fiche soit des plus explicite.
    • mort par suite de fièvre à l'hôpital du grand manège à Dresde le 14 août 1813 (ext mort). Certifié le 18 Xbre au mtre de la justice  et au maire de Noisy pour ?? Donc, plus de neuf ans après le décès de Pierre Louis Lecomte, vraisemblablement en utilisant les mortuaires des hôpitaux où ont été soignés les soldats, ont apprend où et comment il est mort. Il a donc bien survécu à la terrible retraite de Russie et à participé à la campagne d'Allemagne pour finir terrassé par la fièvre à l'hôpital de Dresde. C'est un nouvel exemple des conséquences de l'état sanitaire déplorable des troupes à cette époque.

    Et la famille de Pierre Louis Lecomte qui est restée sans nouvelle du soldat pendant toutes ces années va découvrir quel a été son sort. Il s'est d'ailleurs passé à Noisy sur Oise, pendant que le chef de famille guerroyait en Europe, des choses qui méritent d'être contées. Ce sera le sujet d'un nouveau billet.


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