• Si le père Goubet, propriétaire d'une ferme au Buron, sur le territoire de la commune de Cour et Buis en Isère, ferme qu'il vendra, une vingtaine d'années plus tard, à ma sœur Mireille et à son époux Guy, si donc le dit Goubet était hors de sa maison un peu avant treize heures trente en ce mardi dix mai de l'an mil neuf cent cinquante cinq, pour prendre l'air après avoir bu son café, peut-être a-t-il remarqué au dessus de sa tête le Breguet F-BASQ, volant vers le nord à une attitude anormalement basse.

    Aux commandes de cet avion, le commandant Gérard Caillat est aux prises à des difficultés mécaniques qui l'obligent à chercher un lieu propice à un atterrissage d'urgence. C'est finalement dans un champ de blé, à une dizaine de kilomètres du Buron que le vol, parti de Tunis et censé aller jusqu'à Bron, dans la banlieue de Lyon, se terminera au lieu dit La Pape, sur le territoire de la commune d'Estrablin.

    Vous pouvez voir sur cette carte d'époque, issue du site Géoportail, le lieu où le Breguet s'est posé.

    Une sortie dominicale

      

    Sur cette seconde carte, toujours issue du site Géoportail, vous pouvez voir le lieu-dit du Buron, et le lieu de l'atterrissage, matérialisé par une étoile.

    Une sortie dominicale

    Les quarante deux passagers de l'avion, tous indemnes après cet atterrissage mouvementé, peuvent remercier le pilote dont l'habileté a évité une catastrophe bien plus grave.

    Je vous propose, issu du site Gallica, un extrait de la revue Aviation Magazine du quatorze juillet mil neuf cent cinquante cinq consacré à cet accident ainsi qu'au sauvetage de l'avion. Le texte est assez petit, je vous conseille de cliquer sur l'image afin de visualiser cet article en pleine page.

    Une sortie dominicaleL'évènement eu un retentissement considérable tant au niveau local que national. Je n'avais que cinq ans et demi lorsqu'il s'est produit et je m'en souviens encore aujourd'hui. C'est d'ailleurs vraisemblablement moins à cause de l'évènement lui même que du contexte familial dans lequel nous l'avons vécu que ce souvenir est aussi vivace.

    Jojo, mon regretté papa était, en mil neuf cent cinquante cinq, l'heureux possesseur, sans doute depuis peu, d'une motocyclette, premier engin motorisé dans l'univers familial. Il s'agissait d'une 125cc de marque Jonghi. Je ne me souviens pas du modèle exact mais je suis certain que la fourche avant était un système à parallélogramme avec un amortisseur à disques de friction. En confrontant mes souvenirs aux images qu'on peut trouver sur internet, voici ce que j'ai trouvé de plus ressemblant:

     Breguet et Jonghi

    Et c'est sur cette moto que somme allé, en famille, voir l'oiseau de métal posé sur son champ de blé du coté d'Estrablin. Nous n'avons malheureusement pas de photo de cette expédition et vous allez donc devoir vous contenter de la description que je vais en faire.

    Il y a, bien sûr, aux commandes de l'engin papa, votre serviteur se trouve assis devant lui, à califourchon sur le réservoir. Derrière, sur le siège qui se trouve au dessus de la roue arrière, maman est installée. Entre les deux parents, Mireille est coincée, maintenue à gauche comme à droite par les les bras de maman qui étreignent le buste de papa. C'est cet improbable équipage d'une moto chargée de quatre personnes, sans casques - celui-ci ne sera rendu obligatoire sur les motos qu'en mil neuf cent soixante treize- qui a pris la route au départ de Saint Pierre de bœuf, où se trouvait à cette époque le domicile familial, pour parcourir la trentaine de kilomètres qui mène à Estrablin.

    Ceux des lecteurs de ce blog qui connaissent bien notre famille se demandent peut-être pourquoi Jean Paul, notre jeune frère, qui avait trois ans et demi, a été privé de cette visite. J'ignore si sa participation a été envisagé, mais il est probable que dans l'impossibilité de trouver une solution "raisonnable" pour il prenne place sur la Jonghi, il soit resté à la maison, confié aux soins de sa grand-mère.

    Ce voyage ne fut pas le seul à être fait dans ces conditions. lors d'un contrôle de la gendarmerie, au cours d'une de ces expéditions, le responsable et conducteur de la moto s'en est sorti avec des explications acrobatiques mais apparemment convaincantes. 

    On pourrait croire que cette confrontation avec la maréchaussée, un peu risquée en cas de récidive, a mis un terme à ce mode de transport familial, mais ma sœur dont la mémoire est sur ce point plus fiable me signale qu'il n'en fut rien. Une mesure bien plus pertinente fut prise, qui consistait à faire descendre les passagers un peu avant l'endroit où la police officiait, à les faire passer à pieds devant eux pour remonter sur la moto un peu plus loin. Le fait que les gendarmes aient eu la gentillesse de s'installer toujours au même endroit, au bas de la côte au nord du village de Saint Pierre de Bœuf, au lieu dit la bascule, garantissait le succès de l'opération.


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  • Lors de son mariage avec Marie Marguerite Poulet, le dix sept juin mil sept cent quatre vingt trois, dans l'église de Viarmes, Pierre André Bourgeois ne se doute probablement pas qu'il entame avec son épouse une aventure personnelle qui lui vaudra, plus de deux siècle plus tard, d'occuper une petite place sur ce grand théâtre que constitue Internet aujourd'hui.

    Voici la liste des enfants de ce couple:

    • Marguerite Françoise Anastasie, qui vient au monde le seize mars mil sept cent quatre vingt quatre, la pauvre ne vivra que quelques semaines.
    • Marguerite Alexandrine qui naît deux ans plus tard, le dix huit mai mil sept cent quatre vingt quinze. Elle épousera en mil huit cent neuf Jean François Davanne, à Viarmes.
    • Charlotte Justine née le premier août mil sept cent quatre vingt sept. Son prénom va devenir Marie Charlotte Justine lors de son mariage avec Charles Papelard, à Viarmes, en mil huit cent huit.
    • Honorine Anastasie, née le quinze avril mil sept cent quatre vingt neuf, qui va épouser François Sylvestre Soret, toujours à Viarmes en mil huit cent dix.
    • Constance Antoinette félicité, née le douze décembre mil sept cent quatre vingt dix, future épouse de Pierre Victor Floury dont le mariage sera célébré, comme celui de sa sœur Honorine Anastasie en mil huit cent dix.
    • Augustine Emilie, née le cinq janvier mil sept cent quatre vingt treize qui ne vivra qu'un jour
    • Marguerite Mélanie, née le dix neuf juillet mil sept cent quatre vingt quatorze qui va mourir en janvier de l'année suivante
    • Aimable Alexandrine née le neuf juin mil sept cent quatre vingt seize
    • Louise Julienne, née le huit janvier mil huit cent

    Si vous avez compté avec moi, vous savez que le couple a eu neuf enfants, ce chiffre parait élevé aujourd'hui mais n'a rien d'exceptionnel pour l'époque. On est même loin du record établi dans l'arbre familial par Jacques Chalot et ses trente enfants.

    Plus étonnant, les neuf enfants de Pierre André Bourgeois et Marie Marguerite Poulet sont des filles ! Suivant les lois de la statistique une telle situation n'avait qu'une chance sur cinq cent douze de se produire. Sachant l'importance qu'avait alors la présence d'un héritier male, on imagine la déception du couple au fil des accouchements. Devenir les héros d'un billet sur un modeste blog au vingt et unième siècle est tout de même une forme de compensation posthume.

    NB: je vous ai épargné la lecture des actes de baptême, mariage et décès de toute cette famille, ils ne présentaient pas d'intérêt particulier.

     

     


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  • Au fil de mes recherches dans le Val d'Oise, j'ai "fait la connaissance" d'Etienne Victor Etard qui est né à Belloy en France le dix novembre mil sept cent quatre vingt six. Je dois cette rencontre à son frère aîné, Jean Charles qui a épousé à Viarmes, le deux janvier mil huit cent dix, Antoinette Adélaïde Lobjeois. Ce sont les arbres déposés sur geneanet par Maud Dagneaux et A.Thirard qui m' ont fourni les informations utiles à la rédaction de ce billet.

    Voici l'acte de naissance d'Etienne Victor:

    Mourir à Dantzigl'an mil sept cent quatre vingt six le dix novembre

    nous soussigné vicaire avons baptisé Etienne Victor

    né le même jour du légitime mariage de Jean

    Charles Etard carrier et de Geneviève Rose

    Desjardins son épouse le parrain Jean Louis

    Etard garçon qui a signé avec nous, la marraine

    Françoise Gabriele Desjardins fille qui a déclaré

    ne savoir signer de ce interpellée, tous de cette paroisse. 

    Avant même d'avoir vingt ans, Etienne Victor est incorporé au 44eme régiment d'infanterie de ligne, le trente et un octobre mil huit cent six.

    Il porte le numéro matricule 2917 et voici la fiche qui lui est consacrée, issue des archives des armées napoléoniennes.

    Mourir à Dantzig

     

    Le malheureux Etienne Victor Etard est donc mort des suites de fièvre à l'hôpital de la bourse, à Dantzig, pendant la guerre qui a opposé les armées napoléoniennes à la quatrième coalition des monarchies européennes. J'ai écrit Dantzig car au moment où ces faits se sont produits, cette ville appartenait au royaume de Prusse. Aujourd'hui on dirait Gdansk puisque cette ville, située sur les rives de la mer baltique, à l'embouchure de la Vistule, est polonaise.

    Selon les historiens, mil huit cent sept marque l'apogée de la domination de Napoléon sur le continent européen. La ville de Dantzig est occupée par une garnison composée de 11000 hommes,  prussiens et russes commandés par Friedrich Adolf von Kalckreuth. Face à eux le maréchal Lefevre dispose de 27000 hommes, dont 10000 français, des divisions polonaises et italiennes. Le siège de la ville commence le dix neuf mars et se termine par une capitulation des assiégés le vingt quatre mai.

    Les pertes sont très lourde du coté des assiégés, bien moindre du coté des assaillants. Nous ignorons à quelle date Etienne Victor Etard a été admis à l'hôpital et donc si il a participé aux combats.


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  • Ma sœur Mireille, à qui j'ai refilé le virus de la généalogie, contre lequel aucun laboratoire ne cherche de vaccin,  s'use la vue sur les registres des Alpes Maritimes. Elle me passe le texte que vous pouvez lire ci-dessous:

     

    Chien enragé

     

    En 1626, à Bar-sur-Loup (Alpes Maritimes), la liste des décès du registre paroissial s' allonge. Une épidémie de peste frappe cruellement le sud de la France.

     Chien enragé

      

    Alors que le curé note brièvement chaque décès , il s'attarde sur deux tristes faits divers .

     Chien enragé

    Damien Castelin dit Sauvage fut mordu du meme

    chien enragé quelques semaines après il mourut enragé

    laquelle rage lui dura 24 heures , et le 29 novembre, il mourut.

     

    Le lendemain mourut une petite fille de messire

    anglès déclare qu'elle fut mordue du meme chien

    a meme heure et meurt aussi enragé.

    Ce chien a mordu au moins trois personnes. Je n' ai pas trouvé trace de la première morsure, mais le registre BMS de 1618 à 1665 est assez chaotique.

    Deux siècles et demi plus tard, un vaccin mettra un terme à cette terrible maladie. Espérons que le vaccin nous débarrasse de notre virus actuel la (ou le) COVID... et des mutants à venir.

      

    Source :

    Archives départementales des Alpes maritimes Bar sur Loup BMS de 1618 à 1665, vues 111 et 112

    Centre Généalogique Lorrain d' Ile de France : épidémies et famines en France au XVII ème siècle


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  • Notre macabre tour d'Europe fait aujourd'hui étape dans la capitale espagnole, Madrid.

    Voici ce que l'officier d'état civil en charge du registre d'état civil de la commune de Viarmes porte sur celui-ci en août 1810:

    Mourir à Madrid

     

    Pour mémoire du

    décès de Dieuleveux louis

    françois sergent major

    au 75e régiment

    d'infanterie de ligne

    2e bataillon compagnie

    de grenadiers

    extrait de mortuaire commune de Madrid

    hôpital militaire de Ste Elisabeth 

     

    du registre des décès dudit hôpital a été extrait

    ce qui suit de Sr Dieuleveux Louis François sergent

    major au soixante quinzième régiment d'infanterie de

    ligne, deuxième bataillon, compagnie de

    grenadiers; natif de viarmes département de Seine

    & Oise est entré audit hôpital le premier du mois

    d'août l'an 1809, et y est décédé le trois du mois

    de mars l'an 1810, par suite de blessures

    Je soussigné directeur dudit hôpital certifie le présent

    extrait véritable et conforme au registres des décès

    dudit hôpital. fait à Madrid le quatre du mois de mars

    l'an mil huit cent dix Ginois

    Nous commissaire des guerres chargé de la police

    de l'hôpital de Ste Elisabeth certifions que la signature

    ci-dessus est celle de mr Ginois, directeur et que foi 

    doit y être ajoutée. fait à Madrid le 4 du mois de mars 

    de l'an 1810 R.Monfort

    Le héros malheureux de ce billet est donc Louis François Stanislas Dieuleveux. Voici, son acte de naissance à Viarmes le 10 juillet 1781

    Mourir à Madrid

     

    l'an mil sept cent quatre vingt un le dixième jour du mois

    de juillet a été baptisé par moi prêtre vicaire de cette paroisse

    soussigné un garçon nommé françois louis stanislas né

    d'auhourd'hui du légitime mariage de pierre nicolas dieuleveux 

    jardinier et de marie françoise renaudin ses père et mère du

    hameau de baillon de cette paroisse le parrain françois

    guyard fils de françois guyard concierge de mr lenormand

    seigneur de baillon la marraine geneviève letellier

    fille de pierre adam letellier de baillon tous deux de cette

    paroisse la marraine a déclaré ne savoir signer le parrain

    a signé avec nous.

    Comme l'extrait du registre mortuaire de l'hôpital St Elisabeth de Madrid précise à quelle unité appartenait Louis François Stanislas Dieuleveux, il a été possible de retrouver sa fiche matricule sur le site mémoire des hommes .

    Mourir à Madrid

      

    Mourir à Madrid

     

    Cette fiche matricule nous permet d'en savoir un peu plus sur Louis François Stanislas Dieuleveux. Il mesure 1m76, ce qui est plutôt grand pour l'époque. Son visage est ovale et son front rond, ses yeux sont bruns son nez est gros, sa bouche petite, son menton est allongé et ses cheveux sont châtain tout comme ses sourcils.

    Il a commencé sa carrière militaire le 4 prairial de l'an II, soit 24 mai 1803, il avait alors un peu plus de vingt et un ans. Il devient caporal en novembre de la même année, puis sergent le 23 décembre toujours en 1803. Il deviendra sergent major le 1er avril 1807.

    Les circonstances dans lesquelles il a été blessé ne sont pas données dans cette fiche.

    Mais, comme les guerres napoléoniennes sont abondamment documentées, nous savons que le 27 juillet 1809, quelques jours avant l'entrée de notre malheureux soldat à l'hôpital St Elisabeth de Madrid, se déroula la sanglante bataille de Talavera. Elle opposait les troupes de Joseph Bonaparte, le frère aîné de Napoléon que celui-ci avait placé à la tête du pays, à une coalition des forces régulières espagnoles et du corps expéditionnaire anglais, venu du Portugal. Bien que le site soit à un peu plus de cent kilomètres de Madrid c'est peut-être là que Louis François Stanislas Dieuleveux à été blessé.

    Voici un nouveau candidat pour un futur monument aux morts virtuel.

     


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