• trop tard

    Le billet précédent de ce blog vous contait, en deux temps (il était temps et il était temps, le dénouement), l’histoire d’Antoine Levesque et Marie Anne Prouain, ce couple qui luttait contre la montre pour que son union soit « solennisée », comme on disait parfois en ces temps, devant le prêtre avant que son fruit soit porté sur les fonts baptismaux. Cela se passait à Saint Martin du Tertre en 1722.

    L’ordre dans lequel dans lequel je décrypte les registres des paroisses où vécurent nos aïeux et le hasard, son fidèle compère, veulent que les amours de Nicolas Chalot et Marguerite Fournier et leurs péripéties soient contées ici, juste après celles d’Antoine et Marie Anne.

    Nous somme à Viarmes, à deux pas de Saint Martin du Tertre, en mil six cent quatre vingt dix sept, le seize février et voici l’acte de mariage de nos tourtereaux.

     

    Nicolas Chalot marchand de dantelles veuf de défunte Marie Gille d’une part, de cette paroisse, et Marguerite Fournier fille de défunt Jean Fournier laboureur et de défunte Nicole Davanne ses père et mère de la paroisse d’Asnière ont été mariés ce jourd’hui seizième de février par moi prêtre curé, après la publication des bans faite à l’ordinaire dans les paroisses de Viarmes et d’Asnière et les fiançailles sans aucun empêchement, ledit Chalot assisté de Pierre Bachevilliers et Henry Compagnon, ses amis, ladite Fournier assistée de Pierre halboug et Nicolas Meunier ses beaux frères qui ont signé. Signé Bisset Curé, avec paraphe.

    Rien que de très classique dans cet acte. Notons tout de même que le jeune marié n’est pas si jeune que ça puisque, de son premier mariage, avec Marie Gille, il a eu huit enfants, entre 1685 et 1693. Marie Gille est décédée le vingt quatre juillet mil six cent quatre vingt quatorze. Si on se fie l’âge de quatre vingt trois ans donné dans l’acte de décès de Nicolas Chalot, le neuf octobre mil sept cent quarante, il est né vers mil six cent cinquante sept et à donc environ quarante ans lors de son mariage avec Marguerite Fournier. Cinq des huit enfants de son premier mariage sont d’ailleurs mort en bas âge, dont les trois prénommés Nicolas !

    Examinons maintenant l’acte qui suit ce mariage dans le registre.

     trop tard

    Françoise Chalot, fille de Messire Nicolas Chalot, marchand et de Marguerite Fournier, sa femme, baptisée le seizième de février, le parrain Nicolas Meunier, fruitier, la marraine Françoise Simon, veuve d’Antoine Chalot. Le parrain a signé, la marraine a déclaré ne savoir signé. Signé Bisset Curé.

    La situation se complique donc un peu puisque, dans la foulée du mariage, on baptise une petite fille dont les parents sont tout juste unis devant dieu et les hommes. Le curé Bisset, très rigoureux dans ses rédactions précise habituellement distinctement les dates de naissance et baptême. Dans cas la date de naissance est omise.

    La petite Françoise ne vivra que bien peu, puisque l’acte qui suit celui de son baptême dans le registre est celui de son décès. Et cet acte nous éclaire sur la chronologie des événements antérieurs.

     trop tard

    Françoise Chalot, âgée de sept jours, fille dudit Chalot et de Marguerite Fournier, sa femme, décédée d’aujourd’hui vingtième de février, inhumée le même jour par moi prêtre curé en présence de Louis Corboran qui a signé. Signé Bisset Curé.

    Une simple soustraction nous permet de dater la naissance de Françoise au treize février, trois jours avant le mariage de ses parents.

    Est-ce pour préserver les apparences et une chronologie plus conforme aux mœurs de l’époque qu’on à patienté quatre jours pour baptiser la petite Françoise ? Baptisée avant le mariage, l’acte aurait mentionné le caractère illégitime de cette naissance.

    Chacun apportera à cette question la réponse de son choix. Il n’est peut-être pas inutile de préciser la position sociale des protagonistes de cet épisode. Nicolas Chalot, marchand de dentelle ou marchand était-il marchand ambulant ? En tout cas, peut-être grâce à ce travail, il avait des relations puisque le parrain de Jean Nicolas, le dernier fils qu’il a eu avec sa première épouse, Marie Gille, n’est autre que Jacques Dalichamps, fils de Jacques, mon Sosa 1346, procureur fiscal de Viarmes. Le procureur fiscal était un officier désigné par le seigneur du lieu pour veiller à l’intérêt public et à celui du seigneur. Il avait en charge, entre autre, la collecte de l’impôt. Un des fils de Nicolas, Louis sera quant à lui procureur du roi en la gabelle de Creil.


  • Commentaires

    1
    Mireille
    Samedi 25 Juillet 2015 à 19:12

    Curieux, tout de même, ces mariages à la dernière minute....Comme si il fallait être sûr d'avoir un enfant à légitimer pour s'unir officiellement.

    2
    Céline Quagliata
    Dimanche 26 Juillet 2015 à 08:49

     Merci Guy, j'adore avoir des nouvelles de nos aïeux;

    Voici mes hypothèses:

    - Nicolas Charot était sur la route au moment de la naissance.

    - Marguerite Fournier, n'ayant plus de parents avait peut être moins la "pression" pour légitimer cette union.

    - Ils étaient peut être beaucoup plus moderne que ce que l'on pense.

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    3
    Nico
    Lundi 27 Juillet 2015 à 11:04

    Beaucoup de Nicolas dans cette histoire... J'espère ne pas avoir une vie aussi complexe que celles de nos aïeux ;) Les séries modernes du type "Les Feux de l'Amour" n'ont rien inventé : il suffit de se plonger dans l'histoire de nos familles pour voir s'écrire un roman aux multiples rebondissements. Merci en tous cas pour ces tranches de vie qui traduisent bien l'aspect moral et religieux de l'époque, que nos ancêtres ont quand même assez souvent contournés...


     

    4
    Lundi 27 Juillet 2015 à 12:38

    pour Céline :

    Même s'il était sur la route lorsque le ventre de sa compagne s'est arrondi, il devait bien se douter de quelque chose. C'est sûr que la pression n'était pas suffisamment forte pour qu'ils aillent voir le curé plus tôt. Vous verrez dans un billet que je prépare que le contexte était particulièrement difficile, cela explique peut-être qu'ils n'étaient pas très chaud pour faire la noce, au propre comme au figuré.

    pour Nico :

    c'est vrai que le prénom que t'ont donné tes parents était très populaire aux XVII et XVIII ème siècles. Par exemple sur la paroisse de Viarmes et la période que je dépouille en ce moment (1677-1710) sur 2632 actes le prénom Nicolas apparaît 129 fois, soit près de 5%.

    le prénom est ensuite un peu tombé en disgrâce puis redevenu à la mode dans la deuxième moitié du XX ème siècle avec un pic en 1980 (comme c'est bizarre) ou, sur les 800400 nouveau nés recensés par l'Insee, 21803 se prénommait Nicolas, soit 2,7%.

    pour tous :

    Nicolas Chalot n'est pas vraiment un de nos parent, ou alors vraiment très lointain. Au stade où j'en suis de mes recherches, tout ce que je peux dire (attention, accrochez vous), c'est que Marie Fournier, la sœur de Marguerite, deuxième épouse de Nicolas Chalot a épousé Nicolas (si, si) Meunier dont le frère Denis a épousé Marie Davanne. Et cette Marie Davanne a un frère qui, pour changer ne s'appelle pas Nicolas mais Louis et Louis a épousé Marguerite Dalichamps, sœur de Cécile mon aïeule de la dixième génération (11 pour toi) qui est mon Sosa 673. Il n'est pas impossible qu'un lien plus proche apparaisse un jour, car Viarmes n'est pas une très grosse paroisse et les familles ne sont pas si nombreuses.

    Donner au premier enfant mâle le prénom du père est une tradition qui empoisonne la vie des généalogistes (deux générations cohabitent, parfois trois) car il est parfois impossible de déterminer qui est vraiment une personne cité sur un acte comme témoin ou parrain.

    Pour Nicolas Chalot, ça semble même être une malédiction qui pèse sur le premier né mâle, puisque, après trois essais avec sa première épouse, il va remettre ça avec la deuxième épouse et Nicolas, son fils est né le 20/4/1697. J'en suis là et j'attends avec angoisse ... 

    j'édite la fin de mon commentaire car tous ces Nicolas me donnent le tournis et je me suis un peu emmêlé les pinceaux. Il y a bien un Nicolas qui est né le 20/4/1697, mais c'est le fils de Nicolas Meunier et Marie Fournier (qui est la sœur de Marguerite, citée ci-dessus). Au point où j'en suis, Nicolas Chalot à eu un autre enfant, après l'infortunée Françoise née un peu trop tôt et décédée de même, avec sa deuxième épouse (Marguerite Fournier) il est né le 8/6/1698. C'est un garçon et, devinez quoi, on lui à donné Nicolas comme prénom. Et il est décédé le 14/7/1698, à l'âge de 5 semaines !

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