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Un implexe Val d'Oisien et quelques trompettistes (II)
Le billet précédent consacré à ce mariage entre cousin et cousine nous avait laissé avec deux couples.
Dans la branche des descendants de Philippe Toquiny, il s’agissait de Pierre Antheaume et Marie Jeanne Dépied. Dans l'autre branche, celle des descendants de François Toquiny, c'était Hugues André et Magdelaine Jeanne Dinary.
Avançons un peu dans le temps pour traiter les deux branches à la génération VIII.
Du coté de la branche de Philippe Toquiny, c'est jean le fils de Pierre Antheaume et Marie Jeanne dépied, enfant unique du couple qui nous intéresse. Notons toutefois que Jean aura plusieurs demi-frères et demi-sœur, issus du second mariage de son père avec Marguerite Hersan.
L'acte est lisible, manque seulement l'année, 1737.
Jean épouse en 1764 Marie Jeanne Davanne
L’an mil sept cent soixante quatre le lundi neuvième
jour du mois de juillet après la publication des bans entre Jean
Antheaume majeur fils de défunt Pierre Antheaume et de
défunte Marie Jeanne Depied de cette paroisse demeurant
depuis plusieurs années d’anguien (Enghien ?) diocèse de Paris
d’une part et Marie Jeanne Davanne mineure fille de Louis
Davanne tonnelier et de défunte Anne François de cette paroisse
d’autre part faite au prône de la messe paroissiale en cette
paroisse et en celle dudit Anguien les dimanches treize
vingt et vingt sept mai de la présente année sans
qu’il se soit trouvé aucun empêchement ni civil ni
canonique vue le certificat du Sr curé d’Anguien en date
du vingt huit juin dernier, je soussigné prêtre vicaire
de cette paroisse ai reçu après les fiançailles célébrées le
jour d’hier ce jour d’hui en cette église leur mutuel
consentement et leur ai donné la
bénédiction nuptiale avec les cérémonies pressenties par la ste
église. Le dit Jean Antheaume assisté de Nicolas Antheaume,
jardinier et de Jean Voisin vigneron ses oncles la dite
Marie Jeanne Davane assistée du dit Louis Davane
son père et de Charles Polet tisserand son
beau frère tous de cette paroisse témoins
soussigné avec nous le dit époux la dite épouse a
déclaré ne savoir signer de ce interpellé suivant
l’ordonnance
La situation dans la branche issue de François Toquiny est étrangement similaire à celle de l'autre branche, Marie Prime est fille unique du couple Hugues André et Magdelaine Jeanne Dinary. Nous lui connaissons une demi-sœur issue du remariage de son père avec Anne Petit. Voici l'acte de naissance de Marie Prime, née en 1740 :
Marie Prime épouse en 1764 Jean Pierre Beaucé
La septième génération, celle du dénouement de cette histoire voit la naissance de Nicolas Victor Antheaume, fils de Jean et Marie Jeanne Davanne et descendant de Philippe Toquiny et Marie Bimont, ses trisaïeuls.
L’an mil sept cent soixante seize le dimanche vingt
et unième jour du mois de juillet a été baptisé par moi
prêtre vicaire de cette paroisse soussigné un garçon
nommé Nicolas Victor né hier du légitime mariage
de Jean Antheaume vigneron et de Marie Jeanne
Davanne sa femme ses père et mère de cette paroisse.
Le parrain Jean Nicolas Davanne fils de Jean Davanne
laboureur. La marraine Françoise Bretteville
fille d’Etienne Bretteville vigneron tous de cette
paroisse le parrain a soussigné la marraine a déclaré
ne savoir signer de ce interpellée selon l’ordonnance
Un peu plus d'un an plus tard, naît Marie Anne Julie Beaucé, fille de de Jean Pierre et Marie Prime André et descendante de François Toquiny et Nicole Douceur, ses trisaïeuls.
L'an mil sept cent soixante dix sept le huit décembre a été
baptisée par moi curé soussigné une fille née aujourd'hui du
légitime mariage de Jean Pierre Beaucé et de Marie
Prime André nommée Marie Anne Julie par Jean Baptiste Hervin
parrain et Marie Anne Lebel marraine qui ont déclaré ne savoir
signer.
Et, probablement en ignorant leur lointain cousinage et à coup sûr sans savoir que leur décision alimenterait ce long pensum sur un truc que même Nostradamus n'avait pas imaginé et que nous nommons Internet, Nicolas Victor Antheaume et Marie Anne Julie Beaucé convolent en juste noces .
Aujourd'hui vingt pluviose an
sept de la République françoise une et indivisible
heure de midi par devant moi Louis Claude Le Flamand
agent municipal de la commune de Luzarches
département de Seine et Oise autorisé par
l'article quatre de la loi du treize fructidor
dernier à remplir les fonctions d'officier de l'état
civil en l'absence du président de l'administration
municipale du canton de Luzarches quant à la
célébration des mariages accompagné du secrétaire
de la dite administration sont comparus au lieu
de la réunion décadaire pour contracter mariage
d'une part nicolas victor antheaume âgé de
vingt deux ans domicilié à Viarmes de
canton fils de Jean Antheaume vigneron et de
marie jeanne davanne son épousetous domiciliés
au dit lieu de viarmes d'autre part marie anne
julie beaucé âgée de vingt un ans domiciliée
à asnières autre commune de ce canton
fille de jean pierre beaucé menuisier et de
défunte marie prime andré les quels futurs
conjoints étaient accompagnés de jean
antheaume père du futur jean pierre beaucé
père de la future jean nicolas davanne
cultivateur ami du futur âgé de trente cinq
ans jean louis antheaume frère du futur âgé
de trente trois ans tous deux demeurant à viarmes
jacques nicolas guibert âgé de vingt un ans
accomplis cousin de la future demeurant à
asnières
Moi louis claude le flamand après avoir
fait lecture en présence des parties et des
témoins 1° de l'acte de naissance du
dit nicolas victor antheaume en date du
vingt un juillet mil sept cent soixante
douze qui constate qu'il est né au dit lieu
de viarmes le vingt dudit mois du dit mariage
légitime entre jean antheaume et marie
jeanne davanne 2° de l'acte de naissance
de marie anne julie baucé en date du
huit décembre mil sept cent soixante dix
sept portant qu'elle est est née à asnière
du légitime mariage de jean pierre
beaucé et de marie prime andré 3°
de l'acte de publication de promesse de
mariage entre les futurs
conjoints dressé par le citoyen charles
prevost agent municipal de la commune
d'asnières le dix spet pluviose
présent mois afiché le même jour
à la parte exterieure de son domicile 4°
de l'acte de publication de promesse de
mariage entre les dits futurs conjoints dressé
par le citoyen jean françois leclerc agent
municipal de la commune de viarmes
le dix huit du présent mois affiché le même
jour à la porte principale de la maison
d'hospice au dit viarmes les dits actes dûment
certifiés par lesdits agents susnommés et qu'il
n'est survenu aucune opposition après aussi
que nicolas victor antheaume et marie
anne julie baucé ont eu déclaré à
haute voix se prendre mutuellement pour
époux j'ai prononcé au nom de la loi
que nicolas victor antheaume et marie
anne julie baucé sont unis en mariage
et j'ai rédigé le présent acte que les
témoins susnommés ainsi que le secrétaire de
la dite administration ont signé avec moi agent
municipal susnommé.
Nous sommes en 1799, bien des choses ont changées, beaucoup de têtes sont tombées, dont certaines couronnées. Le curé, qui pendant près de deux siècles a tenu les registres paroissiaux à laissé sa place à un représentant de l'état. Les actes ont perdu en concision mais sont rédigés plus rigoureusement, ont fait référence, par exemple, aux actes de naissance pour les mariages. L’orthographe des noms de famille va enfin se stabiliser ! Le calendrier est devenu républicain, chaque mois comprend trois décades.
La France est en guerre contre une coalition européenne. Pour permettre aux jeunes hommes d'échapper à le conscription, qui ne concerne que les célibataires, de faux mariages sont célébrés, parfois avec une future épouse âgée de 80 ans, éventuellement grand-mère du futur époux ou avec un homme déguisé. Des registres d'état civil sont forgés. Pour éviter cela, l'état décide en l'an VI que les mariages seront désormais célébrés au chef lieu de canton, où l'officier d'état civil est supposé plus apte à résister à la tentation de rendre service à ses concitoyens pour éviter l'armée. Mais rien n'y fait les habitudes sont trop fortes, les français continuent de vire au rythme de la semaine de sept jours. les mariages seront de nouveau célébrés dans les communes dès l'an VIII et le calendrier républicain sera abandonné en 1806.
Les époux habitent respectivement Asnières et Viarmes mais le mariage est donc célébré à Luzarches, chef lieu du canton. De toute façon le mariage entre Nicolas Victor et Marie Anne Julie n'avait rien de fictif, ils eurent une descendance, ce qui est plutôt une bonne chose, au moins pour celui qui écrit ces lignes et bien d'autres...
Même lointain, le cousinage entre les époux affecte leur taux d'implexe ainsi que celui de tous leurs descendants. Ceux qui ignore ce qu'est exactement ce taux d'implexe peuvent lire le billet que j'ai écrit il y a quelques années. Ils peuvent aussi demander de l'aide à google, mais cette tentative risque d'augmenter la confusion. En effet l'étymologie du mot semble n'avoir que peu de rapport avec la généalogie. Le mot décrit une intrigue très complexe, en particulier dans une œuvre littéraire. A défaut d'un terme plus approprié, les généalogistes auraient donc utilisé celui, mais c'est comme ça que vivent les langues.
La littérature, c'est bien mais les mathématiques ont aussi leur charme.
Le doublon dans l'ascendance des jeune mariés de 1799 se trouve à la génération 12 de la généalogie alors qu'eux sont de la 7. Donc au lieu des 32 aïeux attendus à la génération 12, ils n'en ont que 30, ce qui fait un taux de 6,25%. Comme ce taux est divisé par deux pour chaque nouvelle génération, l'auteur de ces lignes voit son propre taux d'implexe augmenter de 0,0489%. Bien sûr, il faut ajouter à ce taux ceux "apportés" par les autres branches de l'ascendance pour obtenir le taux global.
Je vous propose une mise à jour du diagramme que j'avais inséré à la fin de la première partie de ce billet.
Il est temps de mettre un point final à ce billet. Mais au fait, il y a cette histoire de trompettistes dans le titre que j'ai failli oublier. Heureusement que les lectrices et lecteurs de ce blog sont plus sérieux que moi.
Il va néanmoins falloir attendre un peu pour qu'ils entrent en scène avec leur instrument. Une semaine environ, ça va dépendre de mon courage. Et je vous suggère de participer pendant la semaine en question à un jeu richement primé, comme toujours sur ce blog.
Il faudra répondre à la question suivante "qu'est ce que c'est que cette histoire de trompettistes?". La question est sans doute un peu ouverte mais, croyez moi, il ne faut jamais reculer devant les difficultés. Vous trouverez des indices dans l'arbre généalogique publiés par mes soins sur Geneanet
Bonne chance aux joueurs !
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