• C'est une coutume sur ce blog que, lorsque l'acte de décès d'un soldat mort sous les drapeaux est découvert dans un registre, quelques lignes lui soient consacrés dans un billet. Ce modeste hommage remet en lumière un malheureux dont le nom n'apparait sur aucun monument, si il est mort avant la première guerre mondiale, puisque c'est à la suite de cette hécatombe que les communes de France en ont entrepris la construction. Il est probable aussi que la trace de ces morts est disparue de la mémoire familiale. Ces billets funèbres sont aussi l'occasion d'évoquer les conflits dans lesquels, au fil de l'histoire, nos soldats ont été engagés.

    C'est aujourd'hui Alexis François Lecœur que nous allons honorer. Il est né le trente septembre mil huit cent treize à Saint Martin du tertre, du couple formé par François Lecœur et Victoire Louise Maillot. Il est notre lointain cousin, arrière arrière petit fils de Charles Bert et Anne Vinet qui ont vécu dans la première moitié du dix-septième siècle et sont nos aïeux de la dixième génération.

    Voici l'acte de décès dressé dans le registre d'état civil de la commune par le maire :

    Mourir à Douera

      

    Mourir à Douera

    du deux juin mil huit cent quarante et un

    dix heure du matin en matin exécution du  code civil

    chapitre quatre, article 80 a été extrait ce qui suit :

    -------- Commune de Douera -------

    ---------- Armée d'Afrique ------------

    Du registre des décès de dudit hôpital a été extrait

    ce qui suit : le sieur Lecœur Alexis François,

    brigadier à la 5 ème batterie du 10 ème régiment

    d'artillerie né le trente septembre mil huit cent

    treize à St Martin, canton de Luzarches, departe

    ment de Seine et Oise, fils de François et de

    Maillot Victoire, est entré audit hôpital le quinze

    du mois de février de l'an 1841 et y est décédé le quatorze

    du mois d'avril de l'an 1841, à deux heures du

    soir, par suite de pneumonie chronique

    Je soussigné comptable dudit hôpital certifie le

    présent extrait véritable et conforme au registre des

    décès dudit hôpital

    Signé Salicis

    Nous adjoint sous intendant militaire

    chargé de la police de l'hôpital de Douera,

    certifions que la signature ci-dessus est celle de

    Mr Salisis, officier comptable et que foi

    doit y être ajoutée

    fait à Douera le 14 du mois d'avril 1841

    signé Richard

    certifié conforme à l'extrait par nous

    Maire de la commune de St Martin du Tertre

    soussigné

    Douera, la ville dans l'hôpital de laquelle est mort Alexis François Le cœur, se trouve en Algérie à une vingtaine de kilomètres au sud ouest d'Alger. Vous le trouverez sur cet extrait d'une carte dressée au dépôt de la guerre en 1876 issue du site Gallica.

    Mourir à Douera

     

    En mil huit cent quarante et un, date du décès de notre saint martinois, puisque c'est ainsi qu'on nomme les habitants de sa ville natale, la France est en pleine guerre de conquête de l'Algérie, Guerre voulue par Charles X  selon les historiens au moins en partie pour détourner l'attention des français des problèmes intérieurs du pays. Cette fois encore,  nous n'allons pas ici écrire l'histoire de cette guerre, d'autres bien plus compétents s'en sont chargés.

    J'ai cherché, sans succès, d'en savoir un peu plus sur de soldat. Pas de fiche matricule; d'ailleurs en existe-t-il pour cette période? Pas non plus de journal de marches et opérations qui n'avaient probablement pas été mis en place à cette date.

    La fiche Wikipédia sur l'unité à laquelle appartenait Alexis François Lecœur, le dixième régiment d'artillerie, cinquième batterie, indique qu'elle est partie pour l'Algérie le 20 septembre 1833 et qu'elle est rentrée en France le 10 septembre 1836, bien avant son décès. Je n'ai pas l'explication de sa  présence en Algérie en 1841. 

    Notons qu'Alexis François Lecœur n'est pas, comme beaucoup des malheureux que nous avons évoqué sur ce blog, mort au combat mais de maladie. Il n'avait que vingt sept ans et nul ne sait que qu'aurait été sa vie si il n'avait pas été envoyé guerroyer de l'autre coté de la méditerranée, mais sa mort est sans doute la conséquence de ce parcours.

    Amis lecteurs, ayez une pensée pour ce nouveau venu sur notre monument aux mort virtuel.


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  • Comme nous l'annoncions dans le billet précédent, dans le cadre de nos recherches sur Claude Pioton, nous avons pu glaner quelques nouvelles informations sur Jacques Pioton, son possible frère et assurément notre aïeul portant le n° Sosa 1594.

    Un bref rappel de ce que nous savions sur lui et sa famille avant de commencer nos recherches sur Claude n'est peut-être pas inutile. Mais bien entendu les détails de cette histoire sont à lire dans les billets précédents de cette saga.

    Jacques Pioton est né vers 1610 nous lui connaissons deux mariages. Le premier avec Marguerite Policard avec laquelle il a eu neuf enfants et le second aved Jeanne David qui lui a donné trois enfants. Nous n'avons pas pu trouver les actes de ces mariages. Il est mort à le Fouillouse en 1718.

    Nous suspectons qu'avant Marguerite Policard, il a eu au moins une autre épouse. En effet le premier enfant que nous lui connaissons et né en 1660, alors qu'il avait environ cinquante ans et son épouse n'avait que vingt et un ans à la naissance de cet enfant. Un mariage aussi tardif est pour le moins étonnant, particulièrement au XVIIème siècle.

    D'autre part, lorsque l'arrière petite fille de Jacques Pioton, Marie Marguerite Jacquemet, a voulu épouser Pierre Rioton, le futur couple a du obtenir une dispense d'empêchement pour affinité du troisième au quatrième degré. L'acte qui évoque cette dispense ne précise malheureusement pas quelle est cette affinité, mais l'hypothèse la plus vraisemblable est que Jacques Pioton, arrière grand père de Marie Marguerite Jacquemet serait aussi le grand père de Pierre Rioton. Restait à vérifier cette hypothèse, ce que nous n'avions pas réussi à faire dans les épisode précédents. Vous trouverez ci-dessous le schéma extrait du troisième billet qui montre l'hypothèse que nous cherchons à valider.

    Un patriarche bien caché (3)

    Nous espérions que les recherches autour de Claude Pioton nous amènerait des éléments dans ce sens mais comme vous avez pu le voir dans le quatrième billet, nous n'avons rien trouvé de tel. Voici maintenant ce que nous avons pu trouver.

    Un acte de baptême dressé à Saint Etienne, paroisse Saint Etienne le quatorze novembre mil six cent cinquante sept :

    Un patriarche bien caché (5)

     

    Ce jourd'huy quatorzième novembre ??

    par moi vicaire soussigné a été baptisé jeanne fille à

    jacques pioton maitre chirurgien ?? et à jeanne

    policard a été parrain sr claude pioton marchand à st

    galmier et marraine dame jeanne paret en

    la présence des soussignés

     

    Cet acte plutôt bref contient néanmoins de précieuses informations.

    La probabilité que le père de la nouvelle née, Jacques Pioton, maitre chirurgien soit celui que nous connaissions jusqu'à présent comme l' époux de Marguerite Policard est très grande. En tout cas c'est une hypothèse que nous validons. Le patronyme, la profession et le lieu, La Fouillouse se trouve à proximité de Saint Etienne, ainsi que la date, plus de deux ans avant la naissance du premier enfant que nous lui connaissons avec Marguerite Policard tous ces éléments sont compatibles, à condition que Jeanne Policard soit morte peu de temps après la naissance de l'enfant, ce qui était malheureusement bien trop fréquent à cette époque.

    Et ces deux épouses portent le même patronyme, Policard. Sont elles sœurs ? La marraine de la nouvelle née est Jeanne Paret et nous savons que c'est le nom que portait la mère de Marguerite Policard. Il n'est pas rare qu'on choisisse la grand mère d'un nouveau née comme marraine, en particulier s'il s'agit d'un premier enfant. Nous attendrons toutefois des éléments plus probant pour valider cette hypothèse.

    Arrêtons nous un instant sur la parrain, Claude Pioton. Lorsque la marraine est la grand mère maternelle de la nouvelle née, il est fréquent que le grand père paternel soit choisi comme parrain. Et si le parrain est le grand père paternel de la nouvelle née, cela signifie qu'il est le père de Jacques Pioton. Pour couronner le tout le parrain signe Pioton père, si nous lisons correctement l'acte. C'est ce que font les signataires pour distinguer deux homonymes présents. Il y aurait donc un autre Claude Pioton dans l'assistance, qui n'a d'ailleurs pas signé.

    Et ce Claude Pioton pourrait être celui que nous recherchons désespérément  à relier à Jacques et à sa famille. Reste à espérer que cette audacieuse construction soit vérifiée par un acte dans un avenir pas trop lointain et ne s'effondre pas tel un château de cartes édifié sur une table de jardin un jour de tramontane. En attendant, nous nous garderons bien de graver dans le marbre de notre arbre familial ce qui est exposé au dessus.

    Du coté des Pioton ou Rioton qui ont vécu sur la rive gauche du Rhône des progrès mineurs ont été fait dans nos recherches. Nous n'avons pas trouvé l'acte du mariage entre Marguerite Decalignon et Antoine Rioton et la filiation des époux est toujours incertaine. mais nous en savons un peu plus sur Marguerite Decalignon grâce à son acte de décès :

    Un patriarche bien caché (5)

     

    Le sixième septembre 1728 j'ai enterré dans

    le cimetière de l'hôpital général demoiselle

    marguerite calignon veuve du lieu de voiron

    âgée d'environ soixante trois décédée le jour

    précédent après avoir reçu les sacrements

    Elle est décédée à l'hôpital de Grenoble mais vivait selon cet acte à Voiron. L'acte nous apprend qu'elle est veuve mais le nom de son défunt époux n'est malheureusement pas mentionné.

    Bien sûr nous ne savons pas répondre à la question posée par notre lectrice : Claude et Jacques Pioton sont ils frères ? Et nous n'avons pas non plus trouvé l'affinité qui a obligé Pierre Rioton et Marie Marguerite Jacquemet à obtenir du Vatican une dispense pour convoler en justes noces, mais quelques pièces ont été ajoutés au puzzle de notre généalogie. Et même si celles qui nous manquent pour apparaissent par miracle, il y en aura toujours de nouvelles à chercher.


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  • Les lignes que vous parcourez en ce moment prolongent les trois billets consacrés à Jacques Pioton, notre aïeul portant le numéro Sosa 1594, et à sa nombreuse famille. C'est un commentaire laissé par une lectrice de ce blog qui nous a amené à nous replonger dans cette histoire plutôt complexe. Cette lectrice a elle même, parmi ses ascendants, un dénommé Claude Pioton La Rive et elle nous demande si ce Claude pourrait être le frère de Jacques.

    Nous avions bien, dans nos recherches précédente "rencontré" ce Claude Pioton, époux de Françoise Joanin. Certains des arbres publiés sur geneanet faisaient de ce couple les parents de Jacques Pioton. Cette filiation ne reposant sur aucune source, nous ne l'avions pas retenue et comme rien ne reliait ces nouveaux venus aux personnages déjà connus, ils n'apparaissaient pas dans notre arbre.

    Le fait que Claude Pioton soit peut-être le frère de Jacques nous a amenés à nous intéresser de plus près à ce couple, dans l'espoir de voir apparaitre dans un acte la citation, comme témoin par exemple, d'une personne déjà présente dans notre arbre. Bien sûr, comme pour les épisodes précédents de cette aventure généalogique, une bonne partie du travail a été fait par ma sœur Mireille que je remercie ici.

    Et le travail ne manquait pas. En effet les protagonistes principaux de cette histoire, à savoir Jacques Pioton et son possible frère, sont nés au tout début du XVIIème siècle une période où on est loin de disposer de registre pour toutes les localités. Et lorsque on trouve un acte intéressant, il est, en plus d'être en général malaisé à déchiffrer, assez avare en informations. Pour compliquer encore, ils sont assez mobiles pour l'époque et on trouve leurs traces dans plusieurs localités des  départements de la Loire, de la Drome, de l'Isère Il est probable que certains soient passés par la ville de Lyon, même si, à ce jour, nos efforts pour pour les retrouver dans les volumineux registres de cette ville sont restés vains.

    Nous n'avons pas trouvé l'acte de baptême de Claude Pioton, ni l'acte de mariage avec Françoise Joanin. Nous sommes cependant sûrs que ce couple a bien existé, grâce aux actes de mariage de quatre enfants du couple, tous filiatifs. Examinons ces actes pour voir ce qu'ils nous apprennent sur Claude Pioton. Nous procèderons dans l'ordre chronologique des dates de célébration car nous ignorons les dates de naissance des enfants du couple, nos recherches des actes de baptême ayant été infructueuses.

    Commençons par de Pierre Pioton La rive avec Louise Chercot, célébré le vingt et un janvier mil six cent quatre vingt douze, à Chambéon, dans la Loire.

    Un patriarche bien caché (4)

     

    Ce jourd'hui vingt un janvier mil six cent nonante deux

    ensuite de la vérification de mr de la foret sacristain

    de sainte marie  de ??? la dispense des deux bans

    de monsieur morange vicaire général ety ensuite

    des proclamations pour une fois ?? 

    j'ai conjoint par mariage mr pierre pioton la rive avocat au parlement  fils légitime

    de sieur claude pioton la rive bourgeois de la ville de lyon et 

    de dame françoise joanin d'une part avec demoiselle louise chercot fille

    légitime de feu noble michel chercot conseiller du roi lieutenant provincial

    de la maréchaussée ?? et demoiselle renée françois en présence

    des témoins soussignés

    Les professions mentionnées dans cet acte, bourgeois, avocats au parlement, conseiller du roi nous apprennent que les futurs époux appartiennent a des familles plutôt situées dans les couches supérieures de la société de leur époque. Chambéon, lieu d'origine de la famille de la future épouse, se trouve à une soixantaine de kilomètres à l'ouest de Lyon.

    Claude Pioton, quant à lui est est cité comme bourgeois de Lyon, ce qui indique que c'est dans cette ville qu'il réside à la date de ce mariage. Autre fait intéressant, parmi les signatures au bas de l'acte on trouve deux Larive, vraisemblablement celle du futur époux et de son père qui tous deux omettent le nom Pioton, pourtant mentionné dans l'acte.

    Le second mariage unit Marie, fille de Claude Pioton, à Jean Jamier. Il est célébré le vingt cinq aout mil six cent quatre vingt quatorze à Saint Galmier, localité de la Loire elle aussi.

    Un patriarche bien caché (4)

     

     ?? je curé soussigné ai donné la bénédiction

    nuptiale à sieur jean jamier marchand de la ville de montbrison

    fils à feu jean, jamier et de demoiselle catherine mey d'une part et 

    demoiselle marie pioton larive fille de sieur claude larive et demoiselle

    françoise joanin en présence de sieur vincent genet de montbrison

    et de sieur jacques montillet bourgeois de bellegarde témoins requis qui ont

    signés avec les parties huy vingt cinquième aout  an que dessus (1694)

    Cet acte ne nous apprend pas grand chose. On ne voit pas la signature du père de la future épouse. Elle même à signé Marie de la rive, une nouvelle variante du nom de cette famille. Saint Galmier se trouve, tout comme Chambéon et pas très loin de cette localité, à l'ouest de Lyon.

    Le mariage suivant est celui d'André Pioton qui épouse à Saint Galmier le trente mai mil sept cent quatre vingt dix sept  Anne Villardon.

    Un patriarche bien caché (4)

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    ??? je curé soussigné ai donné la

    bénédiction nuptiale à sieur André larive

    fils de feu sieur Claude le rive bourgeois

    et de vivante Françoise Joanin ses père et

    mère d'une part et à dame Anne Villardon

    veuve de à feu Michel Pichois marchand de cette

    ville en présence de maitre gabriel Machique et ??

    Bernard Dumollard prêtre secrétaire de cette

    église témoins requis qui ont signés avec les parties

    ?? trentième mai mil six cent nonante

    sept

    Pour notre "enquête", l'information la plus importante que contient cet acte est la citation du père du futur époux, "feu Claude Larive". Claude est donc décédé avant le trente mai mil six cent quatre vint dix sept. Cela situe la date de son décès entre le mariage de sa fille Marie, le vingt cinq aout mil six cent quatre vingt quatorze, et le mariage de son fils André en mil six cent quatre vingt dix sept.

    Le dernier mariage que nous allons examiner est celui de Catherine La rive, fille de Claude , avec Claude Dupuy, célébré à Montbrison le dix neuf juin mil six cent quatre vingt dix huit.

    Un patriarche bien caché (4)

    Ce jourd'hui dix neuf juin 1698  après la publication

    de deux bans faites dans notre église paroissiale de saint

    André de Montbrison et dument contrôlé par le sieur

    moulan commis au contrôle de la publication des bans de

    mariage en date du 5 juin de la présente année et avec

    la dispense des deux dernières publications accordée par 

    mr demarlopt prêtre chanoine et sacristain de l'église

    collégiale de St Nizier de Lyon et vicaire général substitué

    au spirituel et temporel de la ?? de Lyon datée

    du 12 du présent mois et signé par ledit demarlopt et 

    plus bas le ?? secrétaire et aussi avec la remise

    sr ?? curé de Saint Galmier aussi dument contrôlé et

    daté du dix-neuvième juin nul empêchement cannonique

    nous ayant paru Mr Calude Dupuy avocat au parlement

    et baillage et sénéchaussée du forez fils légitime de

    jean dupuy notaire royal dudit montbrison juge et chatelain de

    la baronnie d'Ecotay et de défunte demoiselle catherine

    favier autorisé dans son contrat de mariage ??

    ?? le 4e juin de la présente année ?? ??

    ??  ?? légitime mariage en face de notre mère

    sainte église demoiselle Catherine pioton larive fille légitime

    de défunt claude pioton larive bourgeois de Lyon et 

    de défunte demoiselle françoise joanin aussi autorisée et

    mineure de la ville de st Galmier par devant moi vicaire

    soussigné dudit st André qui après avoir reçu leur mutuel consentement

    leur ai donné la bénédiction nuptiale dans ladite église en

    présence de mr pierre andré prêtre bénéficiaire de l'église ??

    notre dame de cette ville , mr pierre pioton

    larive avocat au parlement résident en la ville de st galmier

    et de sr jean jamier marchand de la présente ville et de

    pierre couaunoux marchande potier dudit montbrison témoins

    qui ont signé avec les parties et moi vicaire

    Cet acte nous apprend que Françoise Joanin qui était citée vivante lors du mariage de son fils André le trente mai mil sept cent quatre vingt dix sept est décédée un an plus tard.

    Il faut ajouter à ces quatre actes de mariage, deux actes de baptême, ceux des enfants du couple constitué par Pierre Pioton Larive et Louis Chercot.

    Le vingt cinq décembre mil six cent quatre vingt quinze, Jean Baptiste Pioton Larive est baptisé à St Galmier :

    Un patriarche bien caché (4)

     

     Jean Baptiste, né le vingt cinq décembre mil

    six cent nonante cinq fils à sieur Pierre Pioton

    La rive avocat et à demoiselle Louise Chercot son

    épouse a été baptisé par moi soussigné le parrain

    noble Jean Baptiste Michel conseiller du roi receveur

    des consignation au pays de forest la marraine

    dame Catherine Larive huy troisième janvier mil six cent

    nonante six

    La marraine du nouveau né est sa tante Catherine Larive. Notons que le père de l'enfant, pierre était témoin au mariage de sa sœur Catherine

    Le second enfant du couple, prénommé Claude, est né lui aussi à St Galmier le sept octobre mil six cent quatre vingt dix sept :

    Un patriarche bien caché (4)

     

    Claude, né le sept du courant (octobre 1697) fils légitime à maitre Pierre

    La rive avocat en ?? et à dame Jeanne Louise

    Chercot  sa femme été baptisé par moi prêtre soussigné

    le parrain noble maitre Claude Joanin conseiller au baillage

     et sénéchaussée de forest  la marraine Marie Baume de

    la paroisse de Chambéon huy neuf octobre mil six cent

    nonante sept

    Peu de chose à tirer de cet acte, le parrain Claude Joanin, appartient à la famille de la grand mère de l'enfant, Françoise Joanin, mais le lien de parenté qui les unis ne peut être déterminé. Le but de toutes ces recherches étant de relier Claude Pioton (ou Larive) à Jacques Pioton, en savoir plus sur Claude Joanin ne présente aucun intérêt.

    Pour clore, pour le moment, ces recherches sur Claude Pioton et sa famille, nous avons consulté les registres des différents lieux possibles et pour la période évoquée plus haut dans l'espoir d'y trouver les actes de décès de Claude Pioton et de son épouse Françoise Joanin entre 1694 et 1698.

    Nous n'avons pas trouvé trace du décès de cette dernière ni à Saint Galmier, ni à Chambéon ou à Montbrison St André ou semblent s'être installés ses enfants. Nous avons été plus chanceux avec Claude Pioton ou plutôt Claude Larive, puisque cet ainsi qu'il est nommé dans l'acte rédigé le seize mai mil six cent quatrevingt quinze par le curé de Saint Galmier :

    Un patriarche bien caché (4)

     

    Claude Larive bourgeois âgé d'environ quatre vingt

    ans après avoir reçu les sacrements est décédé et a été enterré

    au cimetière huy seizième mai an que dessus (1695)

    Ce n'est pas cet acte, particulièrement succinct, qui va répondre à la question de la fratrie Jacques et Claude Pioton. Par contre nous allons pouvoir tordre le cou à la légende qu'on trouve dans plusieurs arbres postés sur geneanet, légende selon laquelle Claude serait le père de Jacques. En effet Claude décédé en 1695 à l'âge de 80 ans est donc né vers 1615. Jacques est quant à lui mort en 1718 à l'âge de 108 ans. Il est donc né vers 1610, cinq ans avant Claude.

    Pendant ces recherches sur Claude nous avons enrichi la branche de Jacques. Nous exposerons tout cela dans un billet à venir.


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  • Les lecteurs de ce blog qui pratiquent la généalogie, que j'imagine assez nombreux, connaissent l'importance des actes de mariage dans leurs recherches. C'est en effet grâce à la filiation des époux, telle qu'elle apparait dans le texte, sauf exception et malheureusement assez souvent pour les actes les plus anciens, qu'on peut remonter d'une génération dans la branche correspondante de l'arbre familial.

    Il arrive aussi qu'un acte de mariage recèle d'autres informations non dénuées d'intérêt. C'est le cas lorsque l'un des deux futurs époux est originaire d'une localité éloignée du lieu où est célébré le mariage. Plus on remonte dans le temps, plus cette situation est rare. Nos ancêtres ne fréquentaient en général que les autres habitants de leur paroisse ou de celles situées à proximité immédiate. Lorsque les mariages n'étaient pas tout simplement arrangés par les familles en vue de préserver les intérêts patrimoniaux, les futurs époux n'avaient que peu de chances de se rencontrer en dehors du cadre social qui leur était familier, soit pour le travail, soit à l'occasion de fêtes.

    Un mariage impliquant une personnes étrangère à ce milieu constitue donc un petit évènement. Et, parfois, surviennent questions et énigmes qui pimentent le quotidien du généalogiste.

    Tout d'abord, l'identification du lieu d'origine du futur conjoint n'est pas toujours simple. Pour la plupart des mariages célébrés sous l'ancien régime, le curé note dans l'acte la paroisse d'origine et, assez souvent, le diocèse auquel elle est rattachée. Mais toutes les paroisses ne sont pas devenues simplement des communes et les départements n'ont bien entendu pas été tracés en tenant compte de la géographie des diocèses.

    Il existe toutefois de nombreux moyens de trouver dans quelle commune actuelle on doit rechercher les registres d'une paroisse. Des listes des anciennes paroisses sont accessibles sur internet. Et si vous interrogez d'autres généalogistes sur un des forums, grâce à bonne connaissance d'une région par ceux qui les fréquentent, il est bien rare que vous n'obteniez pas assez rapidement une réponse.

    Ensuite, comme je le fais moi-même, vous serez peut-être tenté de replacer le nouveau venu dans votre arbre familial dans le contexte de sa propre famille. Il vous faudra trouver son acte de baptême puis l'acte de mariage de ses parents. Sauf exception, j'arrête là l'exploration de cette branche. Il arrive parfois que cette incursion dans un territoire nouveau dévoile des situations assez étonnantes. Pour illustrer cela je vous propose un cas découvert récemment.

    Nous sommes à Asnières sur Oise en 1775. Le vingt-six janvier, Jean Baptiste Ganiat épouse Marie Magdelaine Beaucé. Voici l'acte que le curé Dubourguier rédige dans le registre de la paroisse dont il est le ministre.

    la confiance ne règne pas

      

    la confiance ne règne pas

      

    la confiance ne règne pas

    Le jeudi vingt six janvier mil sept cent soixante quinze ont été

    solennellement mariés en ma présence et des témoins soussignés après

    la publication des bans fait en cette paroisse et en celle de Craponne

    diocèse du Puy, le premier, six et huit de janvier sans qu'il ne

    soit paru aucun empêchement civil ni canonique comme il nous

    a paru par le certificat donné par le sieur privat prieur et curé dudit Craponne,

    le six du mois et an, signé privat, et égalisé par monsieur

    de la Brosse, vicaire général le onze dudit mois et an et par monsieur

    Raynauld secrétaire de monsigneur dupuy en vellay en outre les

    bans dudit jean baptiste ganniat de fait de la paroisse d'issy furent

    publiés le vingt cinq, vingt sept et vingt huit du mois de 

    décembre en la messe paroissiale dudit issy en l'année mil sept

    cent quatre vingt quatorze auquel publication ne s'est trouvé aucun

    empêchement ni civil ni canonique comme il nous est apparu  par le

    certificat du sieur soisil vicaire dudit issy en date du six janvier

    mil sept cent quatre vingt quinze et suivant le consentement dudit sieur mathieu

    ganiat nous a donné maitre Boulangé et autres habitants du faubourg

    du marché dial de cette ville de Craponne ayant donné libre et pleine

    volonté à son fils jean baptiste ganiat de recevoir la célébration du

    mariage sous condition que pierre bachelard son beau frère assistera

    ou donnera son consentement à la célébration dudit mariage  comme

    il nous est apparu par le consentement de mathieu ganiat père, passé en l'étude

    du notaire du sieur pastel et essartin tous deux notaires audit craponne

    avec les témoins soussignés ganiat et calmard en date du quinze

    novembre mil sept cent soixante quatorze et comme le consentement

    dudit mathieu ganiat père n'était que conditionnel nous avons voulu

    que pierre bachelard tailleur d'habits des menus plaisirs du roi à

    Paris rue du faubourg montmartre paroisse saint eustache ne

    ne pouvant point assister à la célébration du mariage dudit jean baptiste

    ganiat , nous avons exigé son consentement  passé par devant main de notaire

    qui fut maitre d'Osne, notaire à Paris et à son confrère le quinze dudit

    mois de janvier mil sept cent soixante quinze devant lequel ledit pierre

    bachelard a consenti que ledit jean baptiste ganiat, son neveu, pouvait contracter

    mariage avec la personne que bon lui semblerait, pourvu qu'elle soit 

    de la religion apostolique et romaine et en conséquence a constitué

    pour procureur dudit ganiat père le porteur de la présente jean brador vigneron

    auquel il donne pouvoir à la célébration dudit mariage et donc signer

    l'acte comme il nous a paru par ledit consentement qui nous a été 

    délivré par monsieur dosne notaire à Paris et son confrère qui ont

    signé tous deux avec pierre bachelard le vingt cinq janvier mil sept

    cent soixante quinze et ?? ledit jour et an que dessus  ?? jean

    baptiste ganiat âgé de vingt quatre ans ou environ fils de mathieu

    ganiat maitre boulanger audit craponne et de marguerite bachelard

    ses père et mère , lequel assisté de jean bardor son procureur et

    son ami et de noel jean brador aussi son ami d'une part et entre 

    marie magdelaine beaucé âgée de vingt neuf ans fille de défunt 

    denis beaucé en son vivant rubanier et de défunte marie catherine

    got ses père et mère et les bans de ladite marie magdelaine beaucé

    fait en la messe paroissiale dudit lieu sans qu'il se soit trouvé aucune

    opposition ni civile ni canonique, laquelle a été assistée par jean beaucé

    son oncle et son curateur, de jean pierre beaucé, jacques philippe hervin

    ses cousins d'autre part, témoins qui ont signé avec nous suivant

    l'ordonnance.

    Du fait de la  complexité de la situation, aggravée par l'absence de ponctuation et la syntaxe quelque peu chaotique de ce texte, il n'est peut-être pas inutile d'exposer l'intrigue de cette histoire en quelques mots.

    Il s'agit donc d'un mariage, célébré à Asnières sur Oise, paroisse de l'actuel Val d'Oise. Les futurs époux sont Jean Baptiste Ganiat et Marie Magdelaine Beaucé. Nous reviendrons plus tard sur les différents  lieux mentionnés dans l'acte de mariage.

    Le futur époux a obtenu le consentement de son père, Mathieu Ganiat, à son union avec Marie Magdelaine Beaucé. Ce consentement était nécessaire car Jean Baptiste Ganiat, qui à vingt quatre ans n'avait pas atteint le majorité, fixée à vingt cinq ans sous l'ancien régime.

    Cependant, le père qui, comme nous le verrons plus tard, ne connait vraisemblablement pas l'épouse choisie par son fils a conditionné ce consentement à l'approbation de Pierre Bachelard, son beau frère (frère de Marguerite Bachelard, sa propre épouse). Mais Pierre Bachelard, qui n'a visiblement pas reçu d'instructions claires du père méfiant, à moins qu'il soit réticent à les appliquer, se contente de déclarer, devant notaire, qu'il a mieux à faire que d'assister au mariage de son neveu et que celui peut bien, de toute façon, épouser qui bon lui semble à la seule condition que l'élue soit une catholique dans la ligne de Rome. Dans une région ou la quasi totalité de la population na guère le choix d'être autre chose que catholique bon teint, la condition en question ne devrait pas poser de problème.

    Ce fut d'ailleurs apparemment le cas puisque le mariage à bel et bien été célébré.

    Le coté anecdotique de cette histoire ayant été traité, je vous propose d'examiner, du  point de vue de la démarche de généalogiste, la restitution du contexte tant familial que géographique dans lequel vivaient ses protagonistes.

    Nous commencerons par Marie Magdelaine Beaucé, la future épouse, dont le cas est le plus simple.

    L'acte de son mariage avec Jean Baptiste Ganiat nous apprend qu'elle est la fille de  Denis Beaucé et Marie Catherine Got. Beaucé est un nom de famille répandu en particulier à Viarmes et dans ses environs. Au moment où nous commençons l'étude ce cas nous avons plusieurs Denis Beaucé dans l'arbre familial, mais aucun n'est marié à une Marie Catherine Got. Par bonheur, une recherche dans la base geneanet donne le mariage que nous recherchons. Trois personnes(1) ont ont posté un arbre avec ce couple qu'elles soient ici remerciées, en particulier celle qui a été la première à mettre cette information à la disposition de la communauté. Aucune des trois généalogistes ne mentionnent toutefois Marie Magdelaine Beaucé comme fille du couple. Elle pourront, si elles le souhaitent, compléter leur arbre lorsque j'aurais mis à jour le mien. C'est un bon exemple de l'intérêt du partage sur internet. Mais ces trois sources donnent des informations différentes sur le lieu mariage des parents de Marie Magdelaine Beaucé. C'est la dernière citée qui donne les informations les plus complètes et pertinentes.

    Le mariage entre Denis Beaucé et Marie Catherine Got, les parents de Marie Magdelaine a été célébré à Paris, paroisse Saint Eustache, le sept février mil sept cent quarante six. L'acte de mariage original est partie en fumée avec, entre autres, la quasi totalité des registres d'état civil parisien lors de l'incendie de l'hôtel de ville pendant la semaine sanglante de la commune de Paris en mil huit cent soixante et onze.

    Par bonheur, le curé d'Herblay, la paroisse d'origine de la mariée a inclus dans le registre qu'il tient le texte par lequel il autorise le mariage de sa paroissienne. Il est mentionné en marge de ce texte que le mariage a été le sept février. Voici cet texte :

    la confiance ne règne pas

      

    la confiance ne règne pas

     

    L'an mil sept cent quarante six le troisième jour

    du mois de février j'ai permis à monsieur le

    curé de St eustache à Paris de fiancer et

    marier Marie Catherine Got, ma paroissienne

    de droit, et la sienne de fait, fille mineure

    de nicolas got le jeune 

    et françoise paulmier demeurant en notre

    paroisse, avec denis beaucé de la paroisse

    de viarmes diocèse de beauvais, et demeurant

    à Paris paroisse St Eustache, fils de denis

    beaucé, marchand, et de françoise morier

    après que nous avons publié par trois

    dimanches ou fêtes, savoir le dimanche

    vingt trois, le dimanche trente janvier

    et le jour de la purification de la Ste vierge

    deux du présent mois, auxquelles publication

    il ne s'est trouvé aucun empêchement

    Cet acte confirme que le Denis Beaucé présent dans notre arbre familial, fils de Denis et de Françoise Morier et le Denis Beaucé, père de Marie Magdelaine qui épouse Jean Baptiste Ganiat sont bien une seule et même personne. Le couple vivait à Paris où son mariage a été célébré en mil sept cent quarante six.

    Selon l'acte de mariage de leur fille Marie Magdelaine, celle-ci est âgée de vingt neuf ans en mil sept cent soixante quinze, ce qui situe sa naissance vers mil sept cent quarante six, peu de temps après le mariage de ses parents. Ses deux parents sont décédés lorsqu'elle se marie. Nous n'avons pas pu consulter les actes de décès des parents de Marie Magdelaine, ni son propre acte de baptême. Comme la famille vivait à Paris, ces actes ont vraisemblablement disparus dans l'incendie évoqué plus haut. L'hypothèse la plus vraisemblable est que les parents de Marie Magdelaine sont décédés alors qu'elle était encore très jeune et qu'elle a été recueillie par sa famille paternelle, dans le Val d'Oise, à Asnières sur Oise où les bans on été publiés et le mariage célébré. Son Curateur est vraisemblablement Jean Beaucé, mon Sosa 340, frère de son grand père, donc un grand oncle et non un oncle comme mentionné dans l'acte.

    Une autre information "cachée" dans l'acte de mariage de marie Magdelaine va nous permettre de retracer sa vie, ou plutôt sa mort. Plusieurs noms de lieu sont mentionnés dans cet acte. Craponne où résidait le père du futur marié, Asnières sur Oise où les bans ont été publiés et le mariage célébré et, enfin, Issy, autre ville où les bans ont été publié, lieu de résidence de Jean Baptiste Ganiat, le futur époux. Plusieurs localités porte ce nom en France : Issy l'évêque en Saône et Loire et Issy les Moulineaux dans les actuels Hauts de Seine. C'est dans cette dernière que nous allons retrouver la trace du couple récemment uni.

    Lorsqu'on examine les actes du registre paroissial d'Issy les Moulineaux pour l'année mil sept cent soixante quinze, on trouve au bas de certains d'entre eux la signature du vicaire Soisil, celui là même qui a envoyé au curé d'Asnières sur Oise le certificat autorisant le mariage de Jean Baptiste Ganiat, son paroissien.

    la confiance ne règne pas

     

    Issy les Moulineaux est donc bien le lieu où vivait Jean Baptiste Ganiat. Cette ville se trouve à une quarantaine de kilomètres d'Asnières sur Oise, ce qui n'était pas rien au XVIIIème siècle. Nous ignorons bien sûr comment les deux futurs époux se sont rencontrés, la profession de Jean Baptiste Ganiat, qui n'est mentionné dans aucun des actes où son nom apparait, l'a peut-être amené à croiser la route de sa future épouse.

    C'est dans le registre paroissial d'Issy les Moulineaux qu'on trouve un acte où apparaissent les noms des époux.

    la confiance ne règne pas (1)

     

    L'an mil sept cent soixante quinze, le deux décembre a été

    inhumée par nous prêtre du consentement de m le curé de cette paroisse le

    corps de marie magdelaine beaucé décédée d'hier âgée d'environ vingt neuf ans

    femme de jean baptiste gagnard après avoir reçu les sacrements des malades

    et ce en présence de son marie de jean baptiste beaucé de benoit 

    alard lesquels ont signé avec nous

    C'est ainsi que ce termine la courte vie de Marie Magdelaine Beaucé, moins d'un an après son mariage.

    Ce sera aussi la fin de nos recherches sur la malheureuse. Il nous reste à tenter de reconstituer l'histoire de son époux, Jean Baptiste Gagniat. Ce sera l'objet d'un second billet. 

    notes :

    1 Agnès GAULTIER de la FERRIERE, Floriane BARTHE et Elisabeth MALLÈVRE LAGRANGE

     


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  • Ce n'est peut-être que le fruit du hasard, à moins qu'il s'agisse d'un changement profond des mœurs au moment du passage entre les dix huitième et dix neuvième siècle, période troublée s'il en fut, mais c'est un fait que le blog dont vous êtes à l'instant lecteur et dont les billets récents s'appuient sur les actes dressés à cette époque devient en grande partie une chronique des infidélités et autres aventures extra maritales.

    Cela commence, en l'an mil sept cent quatre vingt dix huit, par le couple formé par Louis Langlois et Catherine Honorine Breteville. Le billet "la double inconstance à Viarmes (1)" conte les aventures du mari et "la double inconstance à Viarmes (2)" celles de l'épouse.

    Ensuite le billet "Opéra breton" est consacré à Hyacinthe Ebroussard qui abandonne en Bretagne femme et enfants pour revenir dans son pays natal, le Val d'Oise, commencer une nouvelle vie.

    Puis nous avons, dans "L'éléphant dans la pièce", l'étonnante histoire de Marie Françoise Félicité Vanesme qui attribue la paternité des enfants qu'elle met au monde à un homme qu'elle n'a pas vu depuis des années.

    C'est à Nicolas Dubois que nous allons nous intéresser aujourd'hui. Il est né à Compiègne le neuf juillet mil sept cent quarante deux. A l'âge de vingt trois ans, il épouse, le quatorze janvier mil sept cent soixante six, à Fleurines, un village de l'Oise, une veuve de cinquante deux ans, Marie Jeanne Lavoisier qui a perdu son premier époux, Antoine Frigaux, quatre ans auparavant. Je vous épargne la lecture des actes de naissance et de mariage de ce couple qui ne présentent pas d'intérêt pour cette histoire. Ils sont bien sûr accessibles en ligne sur le site des archives départementales de l'Oise. Vous trouverez toutes les informations nécessaires sur l'arbre que je tiens à jour sur le site de partage geneanet.

    Il ne sera plus question du couple dans les registres de Fleurines jusqu'au décès de Marie Jeanne Lavoisier. Voici l'acte dressé à cette occasion :

    liberté chérie

     

    liberté chérie

     

    Aujourd'hui premier jour du mois de germinal

    troisième année de la République française une et indivisible

    par devant moi Laurent Arnoult maire de cette commune

    officier public provisoire pour cause de la maladie de

    Louis Guerlin tailleur d'habits membre du conseil général

    de cette commune et officier public à l'effet de rédiger

    les actes destinés à constater la naissance, mariage

    et décès des citoyens de cette commune, conformément

    à la loi du 20 septembre mil sept cent quatre vingt

    douze (vieux style) est comparu à la chambre de

    commune Geneviève Lavoisier, journalière domiciliée

    dans cette commune âgée de cinquante cinq ans, assistée de

    Jean Louis Lavoisier, marchand de planches âgé de

    trente six ans et de pierre Nicolas Lavoisier âgé de

    trente trois ans et de Nicolas Havy manouvrier âgé

    de trente sept ans, ses neveux, tous trois domiciliés

    dans cette commune laquelle Geneviève Lavoisier fille 

    a déclaré à moi officier public provisoire que Marie

    Jeanne Lavoisier sa tante du coté paternel est décédée

    hier à six heures du soir en l'absence de Nicolas

    Dubois son mari en légitime mariage, en sa maison

    située dans cette commune, rue de la grande fontaine

    âgée de quatre vingt deux ans; d'après cette décla-

    ration; moi officier public provisoire je me suis transporté

    au lieu de ce domicile et je me suis assuré du décès de la dite

    Marie Jeanne Lavoisier et j'en ai dressé le présent acte que

    lesdits Jean Louis Lavoisier, Pierre Nicolas Lavoisier et

    Nicolas Havy, témoins, ont signé avec moi, et la dite Geneviève

    Lavoisier a délaré ne savoir signer les jours mois et an

    que dessus.

    L'acte précise que l'époux de la défunte, Nicolas Dubois, est absent. Pourtant on voit bien sa signature au bas de l'acte, même s'il n'est pas cité comme témoin dans le texte. Il faut sans doute en déduire que, prévenu du décès de son épouse, il s'est déplacé pour assister à son inhumation, qui à eu lieu deux jours après le décès. Mais il n'était clairement pas présent au domicile conjugal au moment où son épouse est morte.

    On comprend mieux la formulation de cet acte lorsque on retrouve la trace de Nicolas Dubois à Chaumontel.

    Contrairement à Fleurines, Chaumontel n'est pas dans l'Oise, mais dans la Val d'Oise même si les deux localités ne sont distantes que d'une trentaine de kilomètres. Voici l'acte où il est question de Nicolas Dubois :

    liberté chérie

    Aujourd'hui deuxième jour d'avril 1782 à été par moi

    soussigné baptisé un fils, né de ce jour ?? d'elisabeth

    pincemaille et des œuvres de nicolas dubois carrier en grès

    ledit dubois originaire de fleurines, vivant depuis environ dix huit

    mois dans cette paroisse avec ladite mère de l'enfant lequel 

    a été nommé rose augustin par mr augustin boullet

    cuisinier de mr Bouillard de Bertinval, assisté de

    rose marguerite lamar gouvernante dans la même maison

    tous de cette paroisse qui ont signé avec nous présence des

    soussignés

    Le curé n'utilise pas en rédigeant cet acte la formule habituelle, "né du légitime mariage de..." mais mentionne les "œuvres de nicolas dubois" ce qui indique clairement que si les géniteurs du nouveau né ne sont pas mariés, ils ne font pas mystère de leur relation.

    L'histoire se répète un peu plus de trois en plus tard, avec quelques variantes qui ont leur importance :

    liberté chérie

    L'an mil sept cent quatre vingt cinq le vingt cinq du mois

    de novembre est né et le vingt six  a été baptisé par moi

    curé soussigné jean henry, fils de nicolas dubois

    manouvrier à avilly et de marie elisabeth 

    pincemaille son épouse le parrain a été jean henry

    harlet qui a signé avec nous et la marraine marie marguerite

    victoire ? qui a déclaré ne savoir signer

    Le couple s'est déplacé dans l'Oise vit dorénavant à Avilly, où Avilly Saint Léonard pour donner le nom complet.

    Ce village se situe à peu près à mi-chemin entre Fleurines et Chaumontel. 

    Dans cet acte le curé cite Marie Elisabeth Pincemaille comme épouse de Nicolas Dubois. Il semble donc qu'il ignore la situation réelle du couple. Les intéressés se sont apparemment bien gardés de la lui révéler.

    A trois autre reprise, le curé Blanquet qui officie à Avilly Saint Léonard va réutiliser la même formule d'épouse pour qualifier Marie Elisabeth Pincemaille, lors du décès de Jean Henry, le douze septembre mil sept cent quatre vingt sept, le vingt six septembre mil sept cent quatre vingt sept à la naissance de Louise Adélaïde et le deux septembre mil sept cent quatre vingt neuf à la naissance de Pierre Marie. C'est seulement le premier août mil sept cent quatre vingt douze que la rédaction de l'acte de naissance de Noel laisse penser qu'il a connaissance de la situation de Nicolas Dubois :

    liberté chérie

     

    L'an mil sept cent quatre vingt douze le vpremier du mois d'août est

    né et le second  a été baptisé par moi curé soussigné noel, fils

    de nicolas dubois et naturel de marie elisabeth pincemaille

    demeurant à avilly le parrain a été noel nicolas leblond

    entrepreneur des ponts et chaussées résidant à senlis soussigné et la

    marraine a été marie louis françoise noel de senlis qui a déclaré

    ne savoir signer.

    En effet, enfant naturel est le terme consacré à cette époque pour qualifier les naissances hors mariage.

    C'est une formule tout aussi alambiquée aussi est utilisée au décès de Nicolas Dubois, le premier mai mil huit cent deux :

    liberté chérie

     

    du douze floréal l'an dix de la république

    acte de décès de Nicolas Dubois bateur de bavé demeurant

    à avilly de cette commune âgé de cinquante huit ans

    natif de St Germain les Compiègne, veuf de Marie

    Jeanne Lavoisier décédée en la commune de Fleurines de ce

    département décédé hier à huit heures du soir

    sur la déclaration à moi faite par Marie Jeanne Pincemaille

    demeurant chez lui et par François Marcq demeurant

    en cette commune qui a signé

    Constaté suivant la loi par moi Jean Louis François

    Leclerc adjoint au maire de cette commune faisant

    les fonctions d'officier public de l'état civil soussigné.

    Maintenant que Marie Jeanne Lavoisier est morte, il devient possible d'évoquer sa relation de veuf avec elle. Pour ce qui est de Marie Elisabeth Pincemaille, on "apprend" qu'elle vit chez lui. Le fait qu'elle soit la mère de ses cinq enfants, dont quatre sont vivant à ce moment est pudiquement omis.

    Il reste un acte à lire pour nous aider à comprendre dans quelle situation étaient les proches de Nicolas Dubois en conséquence de sa double vie. Il s'agit de celui dressé lors du mariage de Rose Augustin Dubois, fils ainé de Nicolas avec Marie Jacqueline Lecomte, mariage célébré à Viarmes douze septembre mil huit cent seize. Comme cet acte est soigneusement écrit et très lisible, je me suis contenté de transcrire la partie située au tout début, avec la filiation du futur époux.

    liberté chérie

     

    liberté chérie

    l'an mil huit cent seize, le douze du mois de septembre

    par devant nous maire et officier de l'état civil de la

    de la commune de viarmes canton de luzarches, deuxième

    arrondissement du département de seine et oise

    est comparu rose augustin, carrier en grès

    né à chaumontel le deux avril mil sept cent

    quatre vingt deux, demeurant à saint firmin

    canton et arrondissement de senlis, département

    de l'oise, fils naturel d'elisabeth pincemaille

    ci présente et consentante audit mariage

    demeurante audit saint firmin et suivant son

    acte de naissance, provenant des œuvres de 

    défunt nicolas dubois en son vivant aussi

    carrier en grès et demoiselle marie jacqueline leconte

    .....

    On voit, à la lecture de ce texte, que jamais le patronyme Dubois n'est accolé au prénom du futur époux. De même, Noel et Pierre Marie ses deux frères cités comme témoins, sont décrit comme étant des œuvres de Nicolas Dubois sans qu'aucun nom de famille soit accolé à leur prénom. Dans le récapitulatif en fin d'année, le nom de Dubois n'est pas non plus mentionné :

    liberté chérie

     

    Il est clair que, même après la mort de son épouse légitime, Nicolas Dubois n'a pas régularisé sa situation avec la femme qui a partagé une bonne partie de sa vie. Plus grave sans doute, ses propres enfants sont resté illégitimes et ont vraisemblablement été privés de tout droit d'héritage à  la mort de leur père. Ce point mériterait d'être vérifié, un testament a sans doute pu corriger cette injustice.

    Et si vous avez la curiosité de consulter la table décennale de cette période pour la ville de Viarmes, vous constaterez que ce mariage n'est pas dans la liste.

    Enfin, les frères et sœur de Rose Augustin ont été traités différemment lors de leur mariage respectifs. Il sont considérés comme enfants de Nicolas Dubois. Cela tient sans doute à la rédaction différente de leur acte de naissance.


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