• Un billet précédent, intitulé "divorce et télégraphe", nous avait permis de faire la connaissance de Jean Nicolas Labouche, agent télégraphiste au poste de Saint Martin de tertre. Le hasard, bien aidé par l'émergence de cette nouvelle technique à la période sur laquelle je travaille pour le moment, nous fait aujourd'hui découvrir le malheureux Charles Antoine Cruzel. Malheureux, car contrairement à Jean Nicolas Labouche, ce n'est pas à un mariage que Charles Antoine Cruzel doit d’apparaître sur les registres de Viarmes mais à son décès.

    un télégraphiste en enfer

      

    un télégraphiste en enfer

    Aujourd'hui vingt six frimaire

    an sept de la République française

    une et indivisible par devant moi Jean

    François Leclerc agent municipal de la 

    commune de Viarmes canton de Luzarches

    département de Seine et Oiseélu pour

    rédiger et constater les actes de naissances

    mariage et décès des citoyens suivant

    la loi du vingt septembre mil sept

    cent quatre vingt douze est comparu au

    lieu de mon domicile le citoyen Maurice

    Castelmillaire âgé de cinquante trois

    ans concierge de la maison ci devant

    seigneuriale et Jean François Devaux âgé

    de cinquante cinq ans occupé dans cette

    maison m'ont dit à moi agent municipal

    que Charles Antoine Cruzel natif de

    Versailles âgé de trente six ans

    agent térélegratif du trou d'enfer

    demeurant à Paris boulevard Germain décédé

    dans cette commune après trois mois

    de maladie aujourd'hui à dix heures du

    soir au domicile du citoyen Dargenville

    et d'après les déclarations des témoins ci-dessus

    je me suis bien assuré du décès de Charles

    Antoine Cruzel, m'étant moi même transporté

    et visité le corps après quoi j'ai rédigé

    ledit acte que les susnommés ont signé

    avec moi agent municipal les jour mois

    et an susdit suivant la loi républicaine

    signé Castelmiller, Devaux et Leclerc.

     

    Cet acte nous apprend que Charles Antoine Cruzel est âgé de trente six ans lors de son décès, le vingt six frimaire de l'an sept, qui correspond au seize décembre mil sept cent quatre vingt dix huit. Il est donc à né Versailles vers 1762. Aucun arbre publié sut internet ne donne de date de naissance plausible pour un Cruzel à Versailles dans cette période. Il y a trois paroisses à Versailles, Saint Symphorien, Notre dame et Saint Louis.  

    Il y a bien, relevé par le Cercle Généalogique de Versailles et des Yvelines et publié sur geneanet, un mariage entre Antoine Cruzel et Marie Catherine Thoret, célébré à Versailles Saint Louis le dix neuf novembre mil sept cent cinquante trois. Il y a des chances raisonnables que Charles Antoine soit un enfant de ce couple. 

    Versailles Saint Louis est une grosse paroisse, le registre des baptêmes contient 618 actes pour la seule années 1762. Mais, pour une fois, la chance me sourit et, sur la vue 46 du registre numérisé sur le site des archives départementales des Yvelines, l'acte recherché apparaît: 

     

    un télégraphiste en enfer

      

    L'an mil sept cent soixante deux le quinze juin, charles

    antoine, né aujourd'hui fils légitime d'antoine cruzel, cordonnier

    et de catherine thoré son épouse a été baptisé par nous soussigné

    prêtre de la congrégation de la mission faisant les fonctions

    curiales, le parrain a été charles alexis juelle, jardinier et

    la marraine marguerite marchand épouse d'etienne allais

    lesquels avec le père présent ont signé avec nous

    Revenons à l'acte de décès et à ce qui justifie que j'ai pris ma plume pour écrire ce billet, en l’occurrence, la profession de  Charles Antoine Cruzel, bien écorché par le rédacteur de l'acte sans doute peu familier de cette nouveauté que constituait le télégraphe puisque il le nomme agent térélégratif. Le parcours de la fin de la vie de Charles Antoine assez mystérieux : il est mort à Viarmes alors qu'il est domicilié à Paris et qu'il travaille au télégraphe du trou d'enfer qui se trouve  à Bailly, pas très loin de Versailles. Ces trois lieux ne sont certes pas très éloignés les uns des autres, mais avec les moyens de transport de l'époque on ne comprends pas vraiment comment sa vie était organisée.

    Le trou d'enfer se trouve entre les communes de Marly le Roi et Bailly sur une butte, à la côte 178. Il est mentionné sur la carte topographique IGN à proximité du fort du trou d'enfer.

    un télégraphiste en enfer

      

    Le fort à été construit à partir de 1878 et fait partie des places fortifiées destinées à la défense de Paris. Il n'existait donc pas en 1798 et Charles Antoine Cruzel ne voyait donc autour du télégraphe où il travaillait que des champs.

    un télégraphiste en enfer

      

    Ce télégraphe est la quatrième station de la ligne Paris-Brest. Le point de départ de la ligne se trouvait au ministère de la guerre, rue de Grenelle. Cette station communiquait avec celle de Passy les messages allaient ensuite au mont valérien puis à la station du trou d'enfer. La station suivante se trouvait au Clayes sous bois.

    Voici le tracé de cette partie de la ligne :

    un télégraphiste en enfer

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Voici le profil altimétrique.

     

     un télégraphiste en enfer

     

     

    Le télégraphe du trou d'enfer est particulièrement intéressant pour avoir été complètement restauré. Le mécanisme est opérationnel.  

    J'invite ceux qui souhaite en savoir plus sur ce télégraphe à visiter le blog ci-dessous, il contient une description complète et de nombreuse photos.

     http://cmafrance.canalblog.com/archives/2015/01/30/31432780.html

     

    En conclusion, je suis obligé de prévenir mes amis lecteurs bretons que l'utilisation de ce système de communication on ne peut plus écologique, puisque fonctionnant uniquement par la force des bras, pour communiquer avec la capitale est malheureusement impossible. Le télégraphe du trou d'enfer a beau être opérationnel, ses bras s'agitent en vain, les stations avec lesquelles il communiquait au mont Valérien et aux Clayes sous bois ayant été détruites.

     

     


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  • Au fil de mes recherches, il m'est arrivé de rencontrer des professions qui m'ont intrigué. Une d'entre elles est longtemps restée mystérieuse.

    Lors du baptême de Nicolas Alexandre Leclerc à Viarmes, le 21 décembre 1775, le parrain du nouveau né, Jean Nicolas Lionnet exerce la profession de marchand de blondes. Voici  l'acte de baptême en question. Comme l'écriture du vicaire Delaunay n'est pas très lisible, j'ai souligné la profession du parrain.

    Histoire de blondes

      

    Un autre marchand de blondes est apparu dans la généalogie familiale en la personne de Jean François Devaux, parfois prénommé François. Le dix sept du mois de pluviôse de l'an VI de la République (5 février 1798 du calendrier grégorien), toujours à Viarmes, il témoigne lors de la naissance de Catherine Françoise Rosalie Davanne. Pour alléger ce billet, je ne vous propose qu'un extrait de l'acte rédigé lors de la naissance, extrait dans lequel la profession du parrain est mentionnée. Md est l'abréviation de marchand.

     

    Histoire de blondes

     

     

    Pierre Jean Devaux, probablement apparenté au précédent, se déclare aussi marchand de blonde lors de la naissance de Louise Aline Devaux, fille Jean François, cité juste au dessus, le 2eme jour complémentaire de l'an VI (18 septembre 1798). L'acte a été rédigé à Viarmes, mais aussi bien Jean François Devaux que Pierre Jean vivent à Chantilly.

    Histoire de blondes

     

    Nous avons aussi Pierre Bernard Bimont, curateur de Louise Henriette Doublet lors de son mariage avec Jean Baptiste Vanesme, célébré à Viarmes le 19 mars 1808. Cet autre marchand de blonde demeure à Luzarche.

    Histoire de blondes

     

    Mais à quel commerce ces marchands de blonde ou blondes se livrent ils ?

    C'est le mariage entre Ambroise Richer et Aimable Constance Davanne, à Viarmes le sept février 1809, qui va apporter la réponse à cette question:

    Histoire de blondes

      

    Histoire de blondes

     

    aujourd'hui septième jour du mois

    de février de  l'an mil huit cent neuf

    heure de midi se sont présenté par

    devant nous adjoint par délégation spéciale de

    monsieur le maire absent, les personnes de

    Ambroise Richer tisserand âgé de vingt neuf ans

    ayant obéi aux lois du gouvernement, fils du

    légitime mariage de Louis Charles Richer

    vigneron en cette commune et de Marie Anne

    Victoire Meunier ses père et mère présents

    et Aimable Constance Davanne ouvrière en 

    dentelle blonde âgée de vingt quatre ans, fille

    du légitime mariage d'Adrien Davanne, vigneron

    et de Louise Adélaïde Lobjeois ses père et mère

    tous nés et domiciliés en cette commune de Viarmes

    les père et mère présents et consentants audit mariage

    n'y ayant aucune opposition de part ni d'autre

    est extrait de publication de mariage la date

    du vingt deux et vingt neuf de janvier dernier

    au registre de publications approuvé

    et signé des pères présents; les parties voulant 

    passer outre pour contracter le mariage le dit

    Ambroise Richer futur époux nous a présenté pour ses témoins

    son père présent les personnes de Louis Charles François

    Richer son frère aîné vigneron et Charles François

    François son parrain, tous de cette commune

    et de la part de la future Aimable Constance Davanne

    elle nous a présenté pour ses témoins les personnes de

    son père présent, Antoine Lobjeois manouvrier et Samson

    Lobjeois boulanger ses deux oncles maternels

    tous demeurant à Viarmes qui ont signé avec

    nous après que la lecture de la présente acte a

    été lue présence de l'assemblée nous avons signé

    constaté par moi adjoint faisant les fonctions

    d'officier public de l'état civil le jour mois et an

    susdit

    Au milieu du texte à la syntaxe pour le moins approximative du rédacteur de cet acte, se cache la réponse  à la question posée plus haut. La future épouse exerce la profession d'ouvrière en dentelle blonde. Le terme de "blonde" est donc une contraction de la formule "dentelle blonde".

    D'ailleurs, si vous recherchez sur internet ce terme de dentelle blonde, vous serez peut être surpris du nombre de sites qui traitent le sujet de la dentelle. Car les dentellières travaillaient dans de nombreuses régions en France et même en Europe. Chaque région avait ses spécificités.

    En passant un peu de temps dans ce monde de la dentelle tel qu'il est décrit sur internet, j'ai trouvé deux explications à ce terme de "blonde". Selon la première, le terme viendrait de la couleur du cocon du bombyx du mûrier dont le fil est la soie utilisée parfois pour ces dentelles. L'autre attribue la terme à la couleur d'un fil de soie venu de Nankin utilisé pour produire cette blonde.

    On faisait donc de la dentelle dans le Val d'Oise comme à peu près partout. Une dentelle réputée est celle de Chantilly et cette ville royale ne se trouve qu'à 10km de Viarmes. C'est donc sans doute de la dentelle de Chantilly que produisait toutes les dentellières qu'on rencontre dans la partie Val d'Oisienne de notre généalogie.

    Je ne vais pas me lancer dans une description détaillée de la technique utilisée. Sachez simplement que cette dentelle est réalisée avec des fuseaux. Des aiguilles sont plantées sur un patron suivant le dessin voulu et la dentellière croise et tord les fils attachés au fuseaux en s'appuyant sur les aiguilles. Il faut beaucoup d'agilité à l'ouvrière pour manipuler cette foret de fuseaux et faire naître de cette masse de fils le délicat ouvrage.

    En terme économique, les professions liées à la production de dentelle dans le Val d'Oise, si elles sont loin d'être citées aussi souvent que celles de l'agriculture en particulier celles de la vigne, sont loin d'être négligeables.

    Au point où j'en suis de la lecture systématique des registres de la ville de Viarmes, (donc à ce jour de 1630 à 1809), j'ai recensé 25 marchands et une marchande de dentelle, 47 ouvrières et un ouvrier en dentelle.

    Comme je l'ai déjà mentionné dans ce billet, il existe abondance de littérature, en particulier sur internet, sur la dentelle et les dentellières. Plus spécifiquement pour Chantilly, un musée consacré à cet art a été ouvert dans cette ville. La photo du dessus vient du site de ce musée.


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  • Comme cela arrive de temps en temps sur ce blog, nous allons faire aujourd'hui un peu de tourisme militaire. Notre destination est aujourd'hui l'Autriche et, plus précisément la ville de Steyr.

    C'est dans cette ville du nord de l'Autriche que Nicolas François Boursier, natif de Viarmes dans le Val d'Oise, a terminé sa vie. Voici l'acte de décès rédigé pas Jean Gilles Soret, le maire du village, dans le registre d'état civil.

    Mourir a Steyr

      

    Mourir a Steyr

    Extrait mortuaire

    Commune de Steyr

    hôpital ambulant de la deuxième division du quatrième

    corps,

    du registre des décès dudit hôpital a été

    extrait ce qui suit, le citoyen nicolas françois

    Boursier fusillier de la troisième compagnie du

    deuxième bataillon du vingt huitième régiment

    d'infanterie de ligne natif de la commune

    de Viarmes, canton de Luzarches département de Seine

    et Oise est entré au dit hôpital le cinq du mois

    févier mil huit cent six et y est décédé le onze

    du mois de février l'an mil huit cent six pour

    suite de fièvre

    je soussigné économe dudit hôpital certifie

    le présent extrait véritable et conforme au registre

    des décès dudit hôpital

    fait à Steyr le onze février mil huit 

    cent six de l'empire français Mallard

    nous commissaire des guerres chargé de la police

    de l'hôpital de la deuxième division du

    quatrième corps certifions que la signature

    est celle du citoyen Mallard

    et que foi de quoi doit y être

    ajoutée fait à Steyr le onze du mois

    de février l'an mil huit cent six

    de l'empire français

    enregistré aux actes civils de la commune 

    de Viarmes par nous maire de la dite commune

    le huit mai mil huit cent six.

    François Nicolas Boursier est né à Viarmes le 8 février 1782, fils de Claude François Boursier et Marie Anne Metayer.

    Voici son acte de naissance:

    Mourir a Steyr

     

     l'an mil sept cent quatre vingt deux le huitième jour

    du mois de février a été baptisé par moi prêtre

    curé de cette paroisse soussigné un garçon nommé

    nicolas françois né d'aujourd'hui du légitime mariage

    de claude françois boursier marchand de bois

    et de marie anne prime metayer ses père et mère

    de cette paroisse le parrain nicolas vaillant

    marchand de bois de la paroisse de noisy sur

    oise de ce diocèse la marraine anne

    catherine billard de cette paroisse le parrain

    et la marraine ont déclaré ne savoir signer

    de ce interpellés selon l'ordonnance.

    Nicolas François venait donc tout juste d'avoir vingt quatre ans le jour de sa mort.

    En ce début de l'année 1805, lorsque il rend son dernier souffle,  la campagne d'Allemagne bat son plein, la grande armée napoléonienne est opposée à une coalition formée sous l'impulsion du Royaume Uni par l'empire autrichien et l'empire russe.

    La bataille de Steyr a opposé, le 5 févier 1805, les troupes du maréchal Louis Nicolas Davout à celles du général autrichien Maximilian Friedrich, comte de Merveldt. Les français l'emportent. Moins d'un mois plus tard, Napoléon remporte à Austerlitz une victoire qui mettra fin à cette campagne.

    Peut-être vous souvenez-vous du billet intitulé mourir à Saragosse consacré à un autre Viarmois, Louis Jacques Vaude. Les registres matricules des soldats de l'armée de Napoléon étaient évoqués dans ce billet, tout comme le projet d'indexation des noms de soldat qui y apparaissent.

    J'ai bien sûr interrogé la base de donnée  de ce projet, mais Nicolas François Boursier, le héros malheureux du billet d'aujourd'hui, n'a sans doute pas encore été traité. J'espère que nous pourrons en savoir plus un jour sur le fusilier Nicolas François Boursier grâce à ce registre.

    Ce très lointain cousin disparaît, lui aussi victime de maladie pendant une campagne militaire. L'Europe qui, il y a peine plus de deux siècles se déchirait et a d'ailleurs continué à le faire pendant encore de longues années, est aujourd'hui en paix.

    J'écris ces lignes en plein confinement pour me protéger, ainsi que mes proches contre une autre fièvre, elle aussi redoutable. Que cela ne nous empêche pas d'avoir une pensée pour tous ces jeunes gens, sans doute plein d'espoir dans la vie, qui furent fauchés par la folie des hommes.

     

     

     


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  • Avant même que l'administration, après la révolution, formalise la rédaction des actes de l'état civil, la profession des personnes citées était assez souvent notée par les curés en charge de leur rédaction. Cette information nous en dit beaucoup sur le monde dans lequel vivaient nos aïeux.

    A ce jour, notre généalogie familiale comporte 22686 personnes, plus de 27000 actes ont été dépouillés. On trouve dans ces actes 4978 mentions d'une profession. 

    La plus répandue est celle de vigneron, qui apparaît 576 fois, devant les laboureurs et les manouvriers. C'est dire si la vigne et le vin ont occupé une place importante dans le quotidien de nos ancêtres.

    Une grande partie de ces vignerons a vécu sur la rive droite du Rhône sur les lieux mêmes où sont cultivés aujourd'hui les Saint Joseph et autres Condrieu. Plus étonnant, les vignerons qui peuplent notre généalogie sont nombreux aussi dans l'actuel Val d'Oise.

    Jean Pierre Beaucé, qui vécut à Asnières sur Oise entre 1739 et 1813, notre Sosa 170 était vigneron, tout comme son père Jean Beaucé entre 1707 et 1776 à Viarmes. Ou encore Noel François, notre Sosa 678, entre 1660 et 1735, à Viarmes.

    La seule région dont sont originaires nos ancêtres où je n'ai trouvé aucun vigneron est la Bretagne.

    Mais c'est bien au bord du Rhône, à Saint Pierre de Bœuf, que vivait Jean Germat dont il va être question aujourd'hui et dont je vous propose de lire l'acte de décès :

    Le vin, cet ami dangereux

     Ce aujourd'hui douzième mars mil sept cent quatre-vingt-treize

    l'an second de la république française à l'heure de dix avant

    midi par devant moi Théofrede journel Curé officier public élu le

    treize décembre mil sept cent quatre-vingt-douze pour constater les

    mariages, naissance et décès de la commune de St pierre de Bœuf chef lieu

    de canton sont comparus marie vincent âgée de quarante-cinq

    vigneronne et domiciliée dudit lieu  et autre marie vincent sa sœur

    aubergiste âgée de cinquante-cinq, assistée de d'antoine manilier dudit

    lieu âgée de trente-six lesquels m'ont déclaré que jean germat

    vigneron âgé de trente-six ans époux en légitime mariage de la dite marie

    vincent était arrivé hier onzième jour dudit mois de mars

    à neuf heures du soir pris de vin dans sa maison

    se laissa tomber se prit à vomir et lui survint un hoquet qui le

    fit périr subitement, d'après les dites déclarations et après nous être transportés

    à la maison dudit décédé j'ai dressé le présent acte en maison commune 

    et l'ai signé non les dites marie et marie vincent et bonnardel pour

    ne le savoir de ce requis et interpellés.

     

    Les faits relatés par Théofrède Journel semblent clairs et ne souffrent guère d’interprétation. Jean Germat est rentré chez lui ivre, tellement ivre que son organisme n'a pas supporté l'agression. Alors coma éthylique suivi du décès ?

    Pourtant, le profil du malheureux Jean Germat ne correspond pas vraiment à la situation.  Il est né en 1752, il a donc 40 ans et non 36 comme mentionné dans l'acte, lors de son décès en ce mois de mars 1793. Ce n'est donc pas un jeune homme qui découvre la vie et se livre à des expériences un peu risquées. Son métier de vigneron lui a par ailleurs sans doute appris que l'abus d'alcool n'est pas sans danger. Peut-être faut-il plutôt chercher une explication dans le contexte familial 

    Il a eu avec son épouse, Marie Vincent, trois filles. le couple s'est marié en 1778, un an plus tard, naissent des jumelles. La deuxième née, Marie Catherine, ne vivra que six mois. En 1783, naît Catherine qui ne vivra que deux mois. 

    Seule est donc vivante en 1793 l’aînée des jumelles, Marie Marguerite, elle a douze ans.

    Voici l'arbre généalogique descendant de Jean Germat. On voit qu'il a deux frères, Guillaume, aussi vigneron, et Blaise. Il est l'aîné des garçons. Ils vivent tous à Saint Pierre de Bœuf, tout comme leur parents Etienne Germat et Catherine Flacher.

    Le vin, cet ami dangereux

      

    Cela fait maintenant presque dix ans que le couple a eu son dernier enfant, ce qui n'est guère dans les habitudes de l'époque. Peut-être y a t-il une raison médicale à moins que le couple ai décidé de rester sans descendance masculine, ce qui n'est pas vraiment courant non plus à cette époque.

    L'ambiance dans le couple et le foyer n'est pas bonne, Jean se réfugie dans l'alcool qui lui apporte une consolation venimeuse. Cette fuite n'arrange évidemment pas la situation et conduit au dénouement fatal.

    Bien sûr, cette hypothèse ne sera vraisemblablement jamais vérifiée.

     

     

     

     

     

     

     

     

     


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  • Le Rhône, fleuve le plus impétueux du pays, occupe une place particulière dans l'histoire des villages qui le bordent, tel que Saint Pierre de Bœuf dont il a été souvent question sur ce blog puisque c'est là que se sont écoulées les premières années de ma vie avec mes parents, mes frère et sœur, cousins et autres proches.

    Le fleuve est porteur de vie puisqu'il procure du travail au pêcheurs et aux mariniers. Mais son flot peut aussi être cruel. La plupart de ceux qui le côtoient ne savent pas nager. Tel était sans doute le cas de Marie Rose Pessonneaux. Marie Rose est la petite fille de Jean et Benoite Crotte nos sosa 220 et 221.

    Elle est née le 15 août 1769 et a donc un peu plus de vingt ans en ce triste jour du 2 octobre 1789. Elle a épousé Jean Antoine Robert le 10 février de cette même année 1789.

    Lisons l'acte couché sur le registre de la commune par le vicaire Lardiere.

    Drame sur le Rhône

     

    le troisième octobre mil sept cent quatre vingt

    neuf à été inhumée dans le cimetière de St pierre

    le cadavre de marie rose pessoneau épouse de jean

    robert défuntée hier en lavant quelques

    linges dans un bateau se laissa glisser dans le fleuve

    du Rhône pour se lancer sur un bas qui lui avait

    échappé où elle a demeuré là près de trois quart d'heure

    sans qu'on l'ai aperçue d'où son beau frère

    Baudran l'a tirée morte et à qui a fait l'opération

    césarienne, le sieur Colongeon chirurgien à Boeuf a

    extrait de son sein un enfant femelle qui pouvait

    être de sept à huit mois, sans aucune marque de vie

    et ce en présence de françois Baudrant son beau frère

    de jean robert son oncle de pierre boucher son beau frère

    illettrés enquis de mathieu grenier témoin lettré et tous

    témoins de ? avec nous soussignés et de l'avis

    des messieurs de la justice de chavanay sous les yeux

    du pouvoir fiscal

    Ce texte nous apprend que Marie Rose était enceinte, que son futur enfant allait bientôt naître et que, malgré cela, elle exécutait les pénibles tâches de son ménage. Et la lessive au temps où se passent ces événements ne ressemblait pas à ce qu'on connait aujourd'hui. Pas de machine, une planche, un battoir et du savon et de l'huile de coude, en quantité.

    Voila toute la triste histoire de Marie Rose Pessonneaux et de son malheureux bébé.


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